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Le conflit entre importateur et producteur n’est pas près de se résorbe

C’est ce 26 mai que les parties opposées dans le cadre du dumping supposé concernant le papier de format A4 devaient faire parvenir leurs arguments aux enquêteurs du ministère du Commerce. On sait d’emblée que chacun campe sur ses positions. Med Paper continue d’accuser les importateurs, ainsi que l’un de leurs principaux partenaires, le portugais Portucel Soporcel, de dumping. Ce dernier réfute totalement tous ces arguments.

Il y a des dossiers litigieux dans lesquels chaque partie donne l’impression d’avoir raison. Et plus on écoute les arguments d’une partie, plus on est convaincu qu’elle a raison. Mais souvent, on se perd. Le dossier concernant l’importation de papier de format A4 en est un parfait exemple. Depuis la plainte déposée par Med Paper, le ministère du Commerce mène son enquête qui a déjà duré plus d’une année. Et en avril dernier, des mesures antidumping ont été instaurées provisoirement, consistant au paiement d’un droit additionnel provisoire de 10,6% sur les importations en provenance de Portugal. Puisque c’est bien ce pays qui est indexé. Sur 19.380 tonnes de papier A4 importées par le Maroc en 2012 plus de 14.000 provenaient du Portugal. Et Pire encore, les importations de papier de format A4 n’étaient que de 11.800 tonnes en 2009. C’est dire qu’en quatre ans seulement, elles ont augmenté de plus de 64%. Ce qui a fortement affecté l’activité de Med Paper qui est l’unique représentant du secteur au Maroc.

Car, peu importe qu’il y ait dumping ou pas, les chiffres montrent une dégradation de l’activité et des indicateurs financiers du producteur marocain de papier. Dans son bilan 2013, les pertes cumulées ces dernières années se montent à quelque 393 millions de dirhams, dont 27 millions au titre de l’année 2013 et 13 millions en 2012. C’est dire que rien ne s’arrange pour Med Paper. L’entreprise ne réalise plus qu’un chiffre d’affaires de 162 millions de dirhams en 2013, contre 224 en 2012. Et chaque exercice, Med Paper frôle la faillite. Il faut dire que Med Paper ne vit plus que grâce aux crédits de trésorerie. A fin 2013, la société devait quelque 154 millions de dirhams à ses banquiers, sous formes de crédit d’escompte pour 36 millions de dirhams, de crédit de trésorerie pour 52 millions et découvert bancaire pour 57 millions de dirhams. Et il est clair qu’avec une telle situation financière, les autorités marocaines se doivent d’être sensibles aux plaintes de Med Paper. Mais, les importateurs également ont des intérêts à défendre et surtout des droits. Et tant que la situation de dumping n’est pas avérée, ils doivent être autorisés à acheter le papier portugais et à le distribuer sur le marché national sans surtaxe, bien entendu. Ces importateurs insistent sur le fait que les coûts de production du papier portugais ne sont pas inférieurs à leur prix de vente. Car, faut-il le rappeler, le dumping consiste souvent à imputer les charges de structures à la partie de la production écoulée localement, de sorte que les exportations ne sont réalisées que sur la base d’une marge variable de production. Le prix peut être anormalement bas, sans que l’entreprise portugaise ne perde de l’argent. Afin d’étayer ses propos, le producteur portugais promet de fournir les données 2004-2009 d’Eurostat sur les volumes réels d’exportation. Car, ces volumes sont déterminants pour s’approcher de la comptabilité analytique de Portucel Soporcel et de savoir s’il y a ou non dumping. Et les représentants de la commission européenne sont là pour s’assurer que toute la procédure se déroule dans les règles de l’art et qu’aucune partie n’est lésée. 

 
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