Immobilier

Le groupe espagnol Marina d’Or réclame plus de 400 millions d’euros au Maroc

Marina d’Or, qui détenait dans le Royaume  un portefeuille d’actifs des plus diversifiés en immobilier résidentiel ou encore des projets de centres commerciaux (à Tamesna) et des unités touristiques, réclame 407 millions d’euros au Maroc dans le cadre d’un règlement de différends relatifs à des investissements dans le pays. Les détails.

En 2004 lorsque le groupe basé à Castellon de la Plana (commune de la province de Castellón), s’installait dans le Royaume, il jouissait d’une excellente réputation. Connu surtout à l’époque à travers son bijou touristique La Ciudad de Vacaciones, autrefois commercialisé jusqu’à Londres et considéré comme le meilleur endroit pour passer des vacances ou prendre sa retraite,  le groupe Marina d’Or entame son aventure marocaine en fanfare en multipliant les conventions d’investissement avec l’Etat marocain (notamment pour des projets de logements sociaux à la nouvelle ville de Tamesna). Dans la foulée, il crée sa filiale marocaine Société de Commercialisation et de logements de Méditerranée (Socolomed). Cette holding arrive plus tard à détenir directement et indirectement (via La Perle de Tanger SARL) un portefeuille d’actifs des plus diversifiés en immobilier résidentiel (logements économiques, villas haut de gamme et appartements moyen standing) ou encore des projets de centres commerciaux (à Tamesna) et des unités touristiques (un hôtel à Tamesna de 97 chambres et deux autres à Tanger respectivement de 17 et 22 étages).

Mais en 2016, Marina d’Or sera résolu à mettre un épilogue à son aventure marocaine. Il faut dire que deux ans plus tôt, le groupe créé par Jesús Ger commençait à montrer ses signes de difficultés qui ont culminé en 2015 avec des ventes aux enchères au détriment de la société, sur décision judiciaire suite à des litiges avec des clients. Déjà en 2014, Socolomed avait défrayé la chronique en lançant une grande braderie de plus de 500 villas et appartements mis en vente respectivement à des prix moyens de 770.000 DH et 2,5 millions de DH (soit 50% de remise sur leurs prix de marché à l’époque). Cette liquidation de stocks qui a touché principalement les projets de Tamesna (pour les appartements de moyen et haut standing) et de La Palmeraie (pour les villas), avait pour objectif de renflouer une trésorerie mise à mal par les méventes et le lancement concomitant de plusieurs chantiers (dont certains étaient à l’arrêt d’ailleurs).

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Des tentatives qui n’ont pas permis à Socolomed, qui employait 35 salariés permanents au Maroc, de sortir de l’ornière. Car, pour ne rien arranger, la filiale marocaine ne pouvait pas compter sur l’ex-empire créé par Jesús Ger, dont la filiale de construction était en cette même période en cessation de paiement et la branche touristique acculée à vendre ses actifs. C’est dans ce contexte, que le groupe basé à Castellon de la Plana (commune de la province de Castellón), le groupe espagnol avait mis en vente en 2016 les actions de Socolomed avant de plier bagage.

Aujourd’hui, le cabinet B. Cremades & Asociados, mandaté par Marina d’Or, a déposé une demande d’arbitrage pour le règlement des différends avec le Maroc auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), selon le site espagnol d’actualité, Ok Diario. La société immobilière espagnole explique avoir participé en 2004 à un programme lancé par le Maroc pour décongestionner les centres urbains par la création de nouvelles villes satellites. La Banque mondiale et l’Union européenne avaient soutenu ce projet baptisé « Ville nouvelle du Tamesna », conçu dans la périphérie de Rabat, entre Témara, et Sidi Yahia Zaer, souligne la société espagnole, qui précise que le Maroc s’était engagé à doter le complexe de tous les équipements et infrastructures nécessaires, et à relier la nouvelle ville à la capitale par autoroute, train et autres services de transport. Mais, Marina d’Or dénonce « l’inaction du gouvernement marocain » qui a conduit à réduire « cette ville de rêve à seulement quelques bâtiments isolés et ne disposant même pas d’un service de collecte des déchets, sans compter les marchés illégaux qui ont entouré le projet».

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Le groupe espagnol affirme avoir également participé à la construction du complexe « La Perle de Tanger ». À ce niveau, il explique qu’il a été « victime d’un blocage administratif résultant de conflits internes entre les autorités marocaines », lors de l’exécution du projet. Et d’ajouter également, qu’il a tenté de négocier avec le gouvernement marocain, sans succès, avant de présenter sa demande d’arbitrage. L’avocat Bernardo Cremades Jr, affirme qu’au Maroc « il y a des abus inquiétants des investissements espagnols ». Jesús Ger, fondateur et Président de Marina d’Or, a également manifesté son « indignation » envers les autorités marocaines pour le traitement qu’il a subi, selon Ok Diario.

Marina d’Or a basé sa demande d’arbitrage sur les garanties de protection des investissements établies dans le Traité bilatéral pour la promotion et la protection des investissements signés entre l’Espagne et le Maroc le 11 décembre 1997, qui comprend une clause d’arbitrage international devant le CIRDI. Cette requête du groupe espagnol intervient après la normalisation des relations entre les deux pays, rompues en avril de l’année dernière, suite à la longue et grave crise provoquée par l’arrivée du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, en Espagne en avril 2021 et la crise migratoire à Sebta qui s’en est suivie en mai de la même année, rappelle le site espagnol d’actualité.

 
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