Hydrocarbures

Le groupe Kilimanjaro victime des cours «bas» du pétrole

Que se passe-t-il chez Kilimanjaro, l’ex-star marocaine du biocarburant? Ce groupe pionnier au Maroc dans la collecte et valorisation des huiles alimentaires usagées, connait des heures des plus sombres.

L’entité historique du groupe, en l’occurrence Kilimanjaro Conseil et Distribution (KCD) qui détient l’unité de valorisation ainsi que l’ensemble des dépôts de stockage à travers le Maroc, a été récemment déclarée en liquidation judiciaire. Et pour cause, la cessation de paiement qui a frappé cette structure dont le chiffre d’affaires n’a pas cessé de se dégonfler, depuis 2014, en passant de 44 millions de dirhams à une vingtaine de millions de dirhams à peine ces dernières années.

Il faut dire que le business model de Kilimanjaro s’est considérablement affaibli depuis 2015, année qui marqua la dégringolade des cours du baril (après avoir allègrement dépassé la barre des 100 dollars au cours des années précédentes), puisque les coûts de production des biocarburants nécessitent un niveau de vente moyen (naturellement adossé aux cours du Brent) aux alentours de 60, voire 70 dollars le baril pour être rentable. Ce qui n’est plus le cas depuis 2015, hormis une bonne moitié de l’année 2018.

A l’arrivée, les charges fixes élevées induites notamment par les coûts logistiques d’une collecte d’huiles alimentaires usagées à grande échelle (soit auprès des opérateurs de la restauration et de l’hôtellerie de toutes les principales villes du Maroc), ont fait plonger le résultat d’exploitation et, par ricochet, l’endettement (11 millions de dirhams à fin 2017 contre absence totale d’endettement quatre ans auparavant).

Et dire que l’entreprise contrôlée par Youssef Chaqor, son fondateur et principal dirigeant depuis sa création, envisageait encore en 2016 d’augmenter significativement ses capacités de production pour les étendre à 8.800 tonnes par an. Sans compter les différentes distinctions à l’échelle internationale que le groupe Kilimanjaro a glanées depuis sa création, à l’image de sa sélection en finale du programme Endeavor en 2014. Pour l’instant, rien ne filtre sur le sort des dizaines de salariés que compte KCD, ni sur le processus de liquidation, mais cette déconfiture en à peine 10 ans d’existence vient confirmer, s’il en est besoin, toutes les difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises innovantes au Maroc.

 
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