Interview

Le Maroc montre des signes de plus grande stabilité

Les défis auxquels fait face l’économie marocaine avec un déficit budgétaire lourd et un manque de compétitivité industrielle, les perspectives de son développement et les répercussions du «printemps arabe» sont au centre de la présente interview exclusive accordée à Challenge par le nouvel économiste en  Chef de la Banque mondiale pour la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). 

Challenge. Quelle est votre lecture ou radioscopie de l’économie ? 

Dr Shantayanan Devarajan. L’économie marocaine a connu une croissance du revenu par habitant accélérée de l’ordre de 3,6% au cours des années 2000. Elle s’est ralentie en raison de la crise financière mondiale de 2008, sans oublier les répercussions du « Printemps arabe » sur l’ensemble des pays d’Afrique du Nord. Ces répercussions ont eu pour effet le ralentissement des investissements, des exportations et du tourisme en Egypte et en Tunisie. Certes, le Maroc et l’Algérie montrent des signes de plus grande stabilité que d’autres pays de la sous région. Toutefois, le Maroc doit gérer un déficit budgétaire important de 5 à 6% du PIB. Et le Maroc fait face à de nombreux défis structurels. D’abord celui de l’agriculture et son problème de dépendance à l’eau. Bien que l’agriculture irriguée soit moins dépendante des aléas pluviométriques, les cultures non irriguées, notamment céréalières, continuent d’influencer le cycle conjoncturel du pays. Le deuxième défi ou priorité est le secteur manufacturier. Il n’est pas encore assez dynamique alors qu’il constitue la clef pour la création d’emplois. Ce manque de dynamisme s’explique par plusieurs facteurs. La compétitivité des exportations industrielles marocaines est faible par rapport à ses concurrents, notamment ceux d’Asie et d’Amérique latine, mais aussi de la sous région.

C. Pourquoi les coûts sont assez élevés au Maroc ? 

S.D. D’abord, les salaires sont élevés par rapport à la productivité des travailleurs. Mon expérience dans d’autres pays m’incite à penser que le niveau relativement élevé des salaires dans la fonction publique tend à augmenter également les salaires dans le secteur privé. L’autre point est celui de l’éducation et de la formation. On a constaté le peu de synergie entre la formation des jeunes marocains et les besoins de l’entreprise en main d’œuvre qualifiée. Or, ces deux problèmes tendent à être liés, comme c’est le cas par exemple en Egypte : des salaires élevés dans le secteur public incitent les jeunes à poursuivre des études générales pour rejoindre la fonction publique, alors que l’entreprise requiert des formations différentes.

L’interview complète est disponible dans le Challenge #452, actuellement chez votre marchand de journaux.


 

 
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