Actualités

Le public a choisi le spectacle qu’il voulait voir : Jennifer Lopez

 

Le spectacle de Jennifer Lopez a marqué Mawazine et surtout 2M. La politique a réagi et le débat sur la scène sociale et virtuelle s’est emballé. Nous avons jugé utile d’éclaircir le traitement médiatique de cet «évènement» en demandant un entretien avec le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mostapha El Khalfi. par Driss Al Andaloussi

Les réactions à chaud sur le spectacle de Jennifer Lopez ont souvent caché d’autres lectures plus calmes et plus analytiques. A relever d’abord, que les dizaines de milliers de personnes qui ont assisté au show de Lopez à Rabat sont allées de leur plein gré devant le chapiteau et que beaucoup d’entre eux connaissent par cœur les chansons de l’artiste. Le problème est apparu lorsque le spectacle a été retransmis en différé sur 2M. C’était le soir du vendredi 29 mai après le «Rachid Show». L’apparition de la chanteuse a drainé dans la première partie de cette soirée une grande affluence au niveau du taux d’audience TV, mesuré par le Centre Interprofessionnel d’Audimétrie. La lecture des courbes de la soirée qui a débuté à 21h50 avec « Rachid Show » s’est terminée vers 0h50 avec le spectacle de Lopez. La courbe d’audience a connu durant cette période une évolution erratique ascendante, avant d’enregistrer un mouvement descendant à partir des dix premières minutes de diffusion du spectacle Lopez. A la fin du spectacle, le taux d’audience a largement été dépassé par l’émission précédente animée par Rachid Allai avec comme invité Aziz Dadas.

La télé est entourée de symboles au niveau familial

Le temps moyen mesuré en pourcentage est passé de 12,6 % en première partie de soirée, à 4,1% en fin de soirée. A noter, que cette analyse comprend le «prime time et le night». La même évolution peut être relevée au niveau des parts d’audience qui sont passées de 40,5% pour Rachid à 22,3% pour Lopez.
Nous sommes devant des mesures professionnelles qui nous montrent que le poste de télévision dans le salon d’une maison, est un symbole qui obéit à des contraintes culturelles et à des choix qu’on peut qualifier de «moraux». Aller devant la scène à OLM-Souissi n’a pas la même portée que regarder le spectacle à la maison, seul ou en famille. Sans pousser la lecture vers des limites façonnées par les jugements de valeurs, nous pouvons dire que Jennifer Lopez et son talent d’artiste sont grands et appréciés par un large public, mais que sa tenue «légère» a peut être privé beaucoup de garçons et de filles, fans de sa musique et de sa danse, de suivre ses prestations sur scène en famille. Certaines parties du spectacle peuvent être considérées comme ayant été «trop osées» et ne pouvaient être suivies dans nos quartiers populaires par le frère, la sœur et les parents. Séparément, les composantes d’une famille moyenne pourraient ne pas exprimer leur désapprobation des prouesses de l’artiste, mais la famille et la proximité ont leurs règles.
Les réactions n’ont pas tardé et le gouvernement a été interpellé par certains groupes parlementaires. Le jeu politicien n’a pas été loin des lectures faites par certains acteurs de la scène politique. En tout cas, le ministre de la Communication était très attendu par certaines composantes de la majorité, que par une partie de l’opposition. Ses interventions publiques sur cette question ont été très suivies. Nous l’avons contacté pour connaitre sa position et les analyses qu’il a faites de la situation. Le ministre a fait deux interventions, la première le 30 mai, et celle-ci a été suivie par environ 300.000 personnes, et la deuxième devant la Chambre des conseillers avec une audience mesurée à 800.000 personnes. La question est essentielle et l’intérêt qui lui a été porté est grand. Mais au-delà des chiffres et des influences, nous pouvons dire que notre société n’est pas dans l’immobilisme et que les réactions, fussent-elles épidermiques, opèrent des mutations progressives et parfois profondes au niveau de nos perceptions culturelles.
Le ministre El Khalfi est clair à ce niveau. Il ne s’agit point d’inscrire l’interdiction dans le traitement des affaires qu’on peut qualifier de culturellement contentieuses, mais de renforcer les fonctions de régulation pour préciser les responsabilités et appliquer la loi en matière de gestion de l’espace audiovisuel, et notamment l’article 3 du dahir instituant la HACA. Le Conseil national de la presse peut jouer, lui aussi, un rôle dans l’encadrement de la diffusion. Il faut renforcer, d’après le ministre, l’indépendance des médias, mais aussi les responsabiliser dans le respect des dispositions constitutionnelles. Le Maroc évolue vers des formes d’expression des opinions qui donnent un rôle primordial aux nouvelles technologies de la communication et de l’information.
Si nous traversons une période de mutation au niveau de l’information, nous passons aussi, selon M. El Khalfi, par une période de transition démographique avec un élargissement de l’intérêt porté par les jeunes aux questions sociétales et politiques.  «La majorité qu’on qualifiait de silencieuse n’est plus silencieuse et les élites ne sont plus les seules à s’exprimer» sur les questions qui intéressent le pays. Les internautes, les «facebookistes» et les autres utilisateurs de la Toile sont de plus en plus présents dans le débat, conclut le ministre. Que ce soit devant la scène ou devant les écrans de télévision, le Marocain choisit et son choix est libre. Que la liberté continue, que la diversité existe et que la responsabilité se renforce.

 

 

 
Article précédent

Conventions de comptes bancaires uniformisées

Article suivant

Dépollution du littoral : Lydec nettoie 100% de la côte casablancaise