Blog de Jamal Berraoui

Le viol révolutionnaire ( Par Jamal Berraoui )

La gloire de la place Tahrir a été encore une fois, entachée par le pire des crimes, le viol. Vingt femmes, sorties réclamer le départ de Morsi ont été violées par des gens, censés animer des mêmes sentiments, des jeunes entourent une femme et l’agressent sexuellement en plein milieu de la foule. Aussi inimaginable que cela puisse paraître, cela s’est passé comme ça. Ces viols ont eu lieu à l’intérieur de cette masse humaine.

Cela a déjà été le cas lors de la révolution du 25 janvier qui a fait tomber Moubarak et deux journalistes françaises en ont fait les frais. Elles ont porté plainte, mais l’affaire est restée sans suite.

Quel Président peut-il combattre une frustration sexuelle aussi énorme, tellement énorme, que la simple vue d’une femme, incite à un viol collectif devant des millions de gens ? Aucun.

Les multiples chaînes satellitaires Egyptiennes, font à longueur de journées de la publicité pour des viagra locales, des produits pour allonger le pénis ou grossir les fesses. Le sexe est un vrai problème en Egypte. Ce n’est pas la prétendue islamisation qui est en cause. Mais le fait est là, la misère sexuelle s’affiche, la frustration s’exhibe.

Si les viols lors des manifestations choquent, les femmes subissent des agressions quotidiennement. Celles qui doivent tarder le soir se font obligatoirement accompagner par des hommes. Elles louent souvent les services d’un accompagnateur. Dans le métro, il n’est pas rare que des viols soient signalés. Et encore les services de police sont convaincus, qu’en majorité, les victimes se taisent. « Si une fille déclare son viol, ses parents peuvent l’empêcher de travailler » dit un policier.

Les sociologues mettent en avant, le recul de l’âge du mariage, les difficultés du logement, pour expliquer le phénomène. C’est une manière soft de le justifier. Il suffit de faire une balade sur la corniche du Caire, pour voir des dizaines de couples attendrissants. Ce qui est en cause, c’est le rapport à la femme, que l’on veut souiller, dominer. Les mâles ne supportent pas la lutte pour l’émancipation des femmes. C’est pour cela qu’ils les agressent dans les manifestations, manière de leur dire que ce n’est pas leur place, qu’elles n’ont rien à faire au milieu de la foule. Ces « révolutionnaires » qui violent sont l’expression de l’homme rétrograde du Machrek. Cette révolution-là est toujours à l’ordre du jour et demandera sûrement, beaucoup plus de temps, qu’il n’en a fallu pour évincer Morsi.

 
Article précédent

"La préférence nationale n’est pas un repli sur soi "

Article suivant

La station Cala Iris succombe à la crise...