Marché de l’emploi

L’emploi des jeunes. Un défi commun aux forces politiques

La participation politique des jeunes est très faible. C’est un constat partagé unanimement où se vérifie le principe « l’existence (surtout sociale) détermine la conscience ». L’une des principales causes serait la faible implication sociétale, à commencer par l’emploi.

D’après la dernière enquête menée par l’Observatoire National du Développement Humain (ONDH), en partenariat avec l’UNICEF, le nombre de jeunes (15 à 24 ans) en situation de NEET (ni à l’école, ni en formation, ni en emploi) atteint 1,7 million. C’est une véritable bombe sociale dans le contexte politique actuel.

Le seul frein ou filet social traditionnel est la solidarité familiale en cours d’érosion, compte tenu de la tendance lourde à la généralisation de la culture de consommation de masse, inséparable du développement de l’individualisme et de de la famille nucléaire qui se substitue, de plus en plus, à la famille traditionnelle, large.

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Sur les 1,7 million de jeunes NEET, à peine 22% sont à la recherche active et permanente d’un emploi. Ces jeunes sont souvent sous-qualifiés, faute d’une formation professionnelle adéquate. L’offre des NEET à la recherche d’un emploi répond rarement aux besoins et attentes des acteurs économiques. L’inachèvement du cycle de formation et le manque de compétences les exposent, en général, à des emplois précaires.

L’ancienne tradition d’apprentissage, comme phase préalable de formation et d’intégration, au sein des entreprises artisanales, a été pratiquement abandonnée depuis longtemps. A cela s’ajoute la rigidité du Code du travail et de la loi fiscale, rigidité qui complique la situation et affaiblit la volonté des employeurs en matière d’embauche. L’enquête de l’ONDH résume cette situation en une phrase : « Cette situation crée un cercle vicieux macroéconomique ».

En effet, croissance des investissements, surtout publics, et croissance économique ne se traduisent guère en augmentation du taux d’emploi. L’aubaine démographique vécue par le Maroc n’est guère exploitée. Selon le recensement de la population de 2014, la part des 15 à 59 ans est de 62,4%, alors qu’elle était de presque 50%, quatre décennies avant, en 1981, avant l’adoption des plans d’ajustement structurel (PAS). Les personnes âgées de plus de 60 ans représentent actuellement plus de 10% de la population totale.

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Cette dernière catégorie aura tendance à s’accroitre rapidement au cours des prochaines années. A l’inverse, la population âgée de moins de 15 ans, représentant actuellement 28,2%, était de 45,6%, en 1981. Elle aura tendance à fléchir dans les prochaines années. La « transition démographique » s’accélère avec la baisse de la fécondité. Le capital humain perçu, à juste titre, dans le rapport sur le nouveau modèle de développement (NMD) comme étant la première richesse de la nation, risque de connaitre un énorme gâchis irréversible.

Le déficit en éducation et en formation est pointé du doigt par la Banque Mondiale comme étant la principale cause de cette situation. En 2020, 54,3% des actifs occupés ne disposaient d’aucune qualification. A peine 15,2% disposaient d’un diplôme de niveau supérieur et 30,5% d’un diplôme de niveau moyen (Bac à Bac + 2). Le taux d’activité, en 2020, a été de 44,8%, avec à peine 19,9% pour le sexe féminin. La même année, le marché du travail a perdu 111 000 actifs.

Pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans, le taux d’activité est d’à peine 23,5%. Un jeune sur trois (presque 30%) est en situation de NEET, soit 1,7 million sur un total de 6 millions. Si l’on élargit cette catégorie de jeunes à 34 ans, le taux est de 37,7%, soit 4,5 millions de personnes sur un total de 11,7 millions.

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Au niveau du chômage, les jeunes âgés de 15 à 24 ans battent le record, avec 31,2%, dont 45,3% dans les villes, alors que la moyenne nationale serait actuellement de presque 12%. Paradoxalement, plus les jeunes sont diplômés, plus ils risquent de se retrouver au chômage. Le taux de chômage est de 30,6% pour les détenteurs de diplômes de technicien spécialisé et supérieur, et de 26,1% pour les diplômés des universités.

En termes de taux d’emploi, les jeunes âgés de 15 à 34 ans ne représentent que 35,1% du volume total d’emplois. A cela s’ajoute la précarité des conditions de travail. 62,7% des 15 à 29 ans travaillent sans contrat et plus de 90% des 15 à 24 ans ne sont pas déclarés à la CNSS et donc ne bénéficient ni de la couverture médicale, ni des allocations chômage, encore moins de l’affiliation à un système de retraite.

Voilà une réalité qui mérite une attention particulière des partis politiques et autres acteurs, pour « mettre la main à la pâte ». Créer l’espoir chez les jeunes, et non pas des illusions, devrait être un objectif commun, à décliner en projets, en programmes et actions, concrètement appréciables et mesurables, en termes d’impacts économiques et sociaux, aux niveaux national et local.

 
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