Conjoncture

Les bonnes affaires de Ramadan

L’accroissement des dépenses durant le mois de Ramadan est une tendance lourde au Maroc. D’un commerce à l’autre, les retombées économiques du mois sacré sont plus ou moins marquées. Agroalimentaire, tourisme, télécoms, habillement,… Pas un seul secteur n’y échappe. Les grands gagnants étant les commerçants de l’alimentaire.  par Badya KHALID

Par référence aux observations des dernières années, le premier marché dopé par Ramadan est celui de l’alimentaire. La consommation des thé, lait, œufs, fruits, dattes,… ainsi que d’autres produits traditionnellement associés à la période du jeûne, connait un pic. Leurs prix aussi. Selon le HCP (Haut commissariat au plan), «les prix ont tendance à réagir significativement aux afflux supplémentaires de demandes, exprimées sur le marché, à l’occasion de la venue du mois sacré». Les investigations du HCP quant aux effets du précédent Ramadan 1436 sur les prix révèlent, en effet, une appréciation des prix des produits alimentaires de 0,6%. Les produits les plus touchés par cet effet du calendrier concernaient les poissons, les œufs et les fruits (représentant 11,4% du panier de la consommation alimentaire). Les prix des poissons s’étaient inscrits en hausse de 4,9% vers la fin de Ramadan passé. L’impact sur les prix des œufs avait atteint 2,8%. Les agrumes et les fruits frais avaient enregistré la même ampleur. Quant aux autres composantes du panier alimentaire dont l’impact demeure, selon le HCP, significatif, avec un poids de 26,4%, les investigations menées ont montré que les effets du Ramadan ne dépassaient pas 0,6%.

Une période de faste
Cette surconsommation des familles marocaines apporte de confortables profits pour les commerçants. Avec en tête de gondole la grande distribution qui ne manquerait cette occasion pour rien au monde. Les étals Marjane, Acima, Aswak Essalam ou BIM sont déjà aux couleurs et aux saveurs du Ramadan depuis un certain temps. Un soutien promotionnel et des campagnes publicitaires marquètent les produits phares usuels, en plus d’autres produits comme les sodas, jus, boissons fruitées et lactées, les céréales,… vantant leur énergie apportée lors du jeûne. Mais le business ramadanesque se décline aussi pour les enseignes en offre non-alimentaire, comme l’électroménager ou l’art de la table avec de la vaisselle spécialement dédiée pour l’occasion. Il faut croire que la grande distribution triple son chiffre d’affaires au cours de cette période de Ramadan. Les plus gros chiffres d’affaires concernent même les articles électroménagers devant les ustensiles de cuisine et les produits alimentaires. Mais la grande distribution n’est pas la seule à se placer sur le marché. La demande des produits alimentaires est également entretenue par les étalages des marchés traditionnels, les petites épiceries et les vendeurs ambulants. Partout à travers le pays, des métiers saisonniers apparaissent également et font recette grâce à des produits très prisés pour le repas traditionnel du Ftour à savoir Briouates, Chebbakiya, Mssemen…ou alors les fromages frais (Jben), le lait fermenté (Raib)… comme dernière collation avant le début du jeûne.

Tout le monde y gagne !
Le business durant le Ramadan, essentiellement alimentaire, se fait aussi de manière originale. Plusieurs secteurs sont impactés positivement par le mois sacré grâce à un intense marketing «spécial Ramadan» censé simuler leurs chiffres d’affaires. Comme Ramadan coïncide cette année encore avec la période estivale, haute saison pour l’industrie touristique, les professionnels proposent des offres d’hébergement, des buffets ftour et des programmes de divertissement destinés aux familles ou aux amis. Des initiatives qui veulent anticiper toute baisse de l’activité touristique pendant ce mois. Les voyagistes se positionnent également sur le créneau du tourisme spirituel en proposant des offres d’exception pour effectuer le petit pèlerinage (Omra). Les opérateurs de la téléphonie lancent également leurs offres Ramadan, relayées par de la publicité dans les télévisions et les grands médias. Promotions et gratuité sont à volonté pour meubler les veillées du mois sacré où les Marocains se retrouvent des besoins plus importants de communiquer avec leurs proches. Le carême s’avère aussi une période faste pour le secteur des transports qui bénéfice d’un effet ramadan ou encore le secteur de l’habillement à l’approche des fêtes. Mais c’est le business du divertissement qui s’en sort le mieux. Les chaînes de télévision rivalisent en productions et en programmes «inédits» pour satisfaire des audiences plus jeunes, plus féminines, plus tardives… Avec l’ambition de réaliser les meilleures audiences, au grand bonheur des annonceurs. Selon des estimations, pendant les deux heures qui suivent la rupture du jeûne, le taux d’audience peut grimper jusqu’à 90%. Et avec, les recettes publicitaires. Ce prime-time dédié essentiellement à l’humour, qui coûte au pôle audiovisuel public quelque 20 millions de dirhams, assurerait son retour sur investissement. Les annonceurs déboursent jusqu’à 110.000 dirhams sur certaines chaines pour un spot de 30 secondes, qui passe lors de la tranche très prisée de la rupture du jeûne, heure de grande écoute. Certaines de ces chaines, très prisées lors du Ramadan, réalisent environ 20% du chiffre d’affaires publicitaire annuel lors du mois sacré.

 
Article précédent

Ramadan : la fièvre du commerce

Article suivant

La CIMR se renforce dans le capital de Brasseries du Maroc