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Les laboratoires sont-ils trop rentables?

Les industriels locaux s’en sortent avec des marges ténues, inférieures à 10% du chiffre d’affaires. 

Du côté des laboratoires pharmaceutiques, on préfère ne pas entretenir la polémique. «C’est mauvais pour les négociations avec le ministère de la Santé», nous fait-on comprendre au niveau de la présidence de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP). Pourtant, certains industriels n’ont pas hésité à décrier la pression trop forte que leur fait supporter l’autorité de tutelle et qui constituerait une menace à la pérennité de leur business. Pourtant, tous les laboratoires ne sont pas logés à la même enseigne. Loi s’en faut, puisque la baisse des prix est faite de telle manière qu’elle touchera prioritairement les grands laboratoires. En effet, «la baisse concernera surtout les princeps», confie ce directeur commercial d’un laboratoire de la place. Les «producteurs de génériques, eux, seront épargnés compte tenu que leurs marges ont déjà été rognées par de précédentes mesures du ministère de la Santé. Concrètement, les autorités envisagent simplement de ramener les prix des médicaments à des niveaux suffisamment bas pour être accessibles. 

Mais, cela n’empêche pas de se poser la question de savoir si les laboratoires sont trop rentables pour faire l’objet de cette pression constante. Les deux laboratoires, cotés à la bourse de Casablanca, qui communiquent régulièrement leurs résultats ne sont pas touchés par la baisse des prix. Mais leurs réalisations permettent au moins d’avoir une certaine idée sur la rentabilité des laboratoires marocains. 

Concernant la Sothema par exemple, pour un chiffre d’affaires annuel de 1,02 milliard de dirhams en 2012, la marge bénéficiaire s’est établie à quelque 96 millions dirhams, soit une marge nette de 9,4%. C’est la première fois que la Sothema réalise une telle marge, puisque dans les années précédentes, la marge était de 7,1% en 2011 et 6,1% en 2010. On est très loin d’une société qui a les coudées franches en matière de marge bénéficiaire, même si la société présente une croissance très attrayante du point de vue des investisseurs. En effet, en six ans, il faut le rappeler, le chiffre d’affaires du laboratoire a été multiplié par deux et le bénéfice ne cesse d’augmenter. Quoiqu’il en soit, avec de telles réalisations, une baisse des prix de l’ordre de 2% seulement sur l’ensemble de sa gamme pourrait ramener le chiffre d’affaires à moins d’un milliard de dirhams et la marge bénéficiaire pourrait baisser jusqu’à 75 millions de dirhams. On n’imagine même pas ce que serait une réduction de plus de 5% sur les prix des médicaments pour Sothema. 

Du côté de Promopharm, qui base une partie de son chiffre d’affaires sur la distribution de médicaments importés, les marges sont nettement plus élevées que chez la Sothema qui est un industriel à part entière. En effet, en 2012 pour 449 millions de dirhams de chiffre d’affaires, le bénéfice dégagé est de l’ordre de 65 millions de dirhams, soit une marge nette de plus de 14%, cinq points de plus que chez Sothema. Evidemment, si comme le prétend le ministère, une bonne partie de cette marge provient de l’activité purement commerciale, il y a matière à s’y intéresser de près. Et que dire alors, des géants mondiaux qui font la pluie et le beau temps en matière de médicaments à l’échelle du globe ?  

 
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