Tourisme

Les vieux maux persistent

Hausse inconsidérée des prix, comportements délictueux, la séquence estivale a mis en lumière les défaillances du secteur touristique au Maroc. 

Il ne suffit pas d’emménager des sites, d’y construire des complexes touristiques, des marinas pour croire que l’offre est plus attractive et que donc le nombre de visiteurs va augmenter de manière exponentielle. Le Maroc en est le meilleur exemple. Si les objectifs ne sont pas atteints, et ne le seront pas de sitôt, ce n’est pas faute d’infrastructure et d’investissements… mais de culture.

Saïdia est une réussite, elle draine des touristes à la fois étrangers et locaux. Seulement; ils ont tous fait preuve d’un grand agacement face aux prix. Des jus d’orange à 60 dhs, c’est juste impossible quand on sait que le prix habituel est six fois plus bas. La baguette à trois dirhams, c’est illégal tout simplement.

Des vacances en Europe sont moins chères avec une qualité très supérieure

Cet esprit d’arnaquer les visiteurs commence dès le taxi qui ramène de l’aéroport à l’hôtel. A Marrakech, si vous prenez un taxi devant la réception même pour une course de 800 mètres, le tarif est de 50 dhs, sur injonction de la wilaya. Il est vrai que les voitures sont plus propres que les épaves habituelles, mais trop, c’est trop et 50 dhs c’est too much !

Une culture à changer

On adore se gausser de mots. L’hospitalité marocaine serait universellement connue et reconnue. Il n’y a pas un seul ministre du Tourisme qui n’a pas utilisé cette ficelle. Si cela était vrai, nous aurions un taux de retour plus consistant. Quand vous faites une destination et que vous êtes contents, vous y revenez. C’est rarement le cas pour le Maroc et les responsables ne se posent même pas la bonne question, c’est-à-dire pourquoi est-ce que le taux de retour est si insignifiant.

Les nouveaux marchés émetteurs sont la Chine, l’Inde, la Russie, les anciens pays communistes. Il y a 250 millions de Chinois qui ont visité l’étranger, nous en avons reçu 120.000 et on est heureux. Sur l’Inde, on fait pratiquement zéro. Nos professionnels manquent d’agressivité mais aussi d’agilité. Le groupe de Bulgares, victime de l’escroc de Jemaâ El Fna devait être accompagné.

Pendant longtemps, les faux guides ont servi de bouc-émissaires. Aujourd’hui, l’on se rend compte que l’ensemble de la chaîne est défaillant. Le gouvernement a des responsabilités, c’est indubitable. Mais il faut être clair, le drame est culturel. Le touriste est un pigeon pour tous les acteurs.

Même quand il vient dans le cadre d’un All-inclusive, un tout compris, il est en butte à cette mentalité dès qu’il sort de l’hôtel. Les Marocains qui ont accès aux visas ont tiré la leçon. Des vacances en Europe sont moins chères avec une qualité très supérieure, en particulier au niveau libertaire et sécuritaire.

Nous sommes invités collectivement à une véritable réflexion autour de cette question. Ce secteur peut être un vrai levier de développement. Pas si nous persistons à plumer nos visiteurs de manière aussi flagrante.

 
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