Portrait

L’étoile montante

Après avoir fait ses études à Paris et en Californie, Nada Oudghiri décide de rentrer au bercail pour se réaliser plutôt que de rester à l’étranger. À seulement 26 ans, elle dirige son cabinet d’architecture qu’elle a créé en 2015.

Après ses expériences californiennes et parisiennes notamment, Nada Oudghiri décide de rentrer au bercail pour mieux s’épanouir. Architecte de formation, elle entame son parcours au Royaume chez Archi Design avec Saïd Lahlou. « Saïd est un as de la gestion de projets architecturaux, mais aussi d’un grand cabinet, et pour cette raison, c’était le parfait endroit pour commencer. J’ai appris qu’un cabinet, c’était aussi une entreprise et qu’il fallait développer mes compétences en gestion des équipes », confie la jeune architecte. Après cette expérience, Nada Oudghiri enchaîne ensuite avec un passage chez Aziz Lazrak. Là, elle participe notamment aux projets de  rénovation de la partie administrative de l’OCP à Jorf Lasfar et sur la Marina de Casablanca, confiés au cabinet. Peu à peu, elle prend ses marques sur le terrain et se familiarise avec le milieu. Après l’obtention de son diplôme en 2014, elle rejoint le cabinet de Omar Alaoui. « Je me suis tout de suite sentie comme un poisson dans l’eau. C’est un architecte passionné et passionnant qui m’a aidé à me trouver moi-même et m’a beaucoup inspirée. Je me suis reconnue en lui, dans son style, inspiré par la Californie. C’est une agence où je me suis réellement épanouie. Je ne voyais pas le temps passer et j’y travaillais souvent les week-ends jusqu’à pas d’heure», se rappelle Nada Oudghiri. Cette expérience va d’ailleurs forger davantage sa vision de l’architecture. Elle travaille, ainsi, sur de grands projets lancés par le Maroc comme le Grand Théâtre de Rabat avec  Zaha Hadid et la tour CFC avec l’agence californienne Morphosis.

Expériences
« J’ai aussi travaillé sur plusieurs concours et conçu villas et immeubles. Je lui serai toujours reconnaissante de m’avoir fait confiance en m’accordant des tâches de responsabilité malgré mon peu d’expérience de l’époque. Je ne voulais pas le décevoir alors cela m’a fait évoluer plus vite», affirme celle qui, désormais est bien rodée au métier. C’est alors qu’elle décide de voler de ses propres ailles et lance son cabinet à Casablanca. Elle le baptise NOA Studio. « Alors que j’étais en congé de maternité, j’ai eu plusieurs demandes de projets. J’ai alors décidé de lancer mon cabinet. Même si j’essaye de voler de mes propres ailes, je suis restée très proche de mes maîtres et je continue à leur demander régulièrement conseil», explique la jeune maman qui, depuis le lancement de NOA Studio, il y a un an et demi, a déjà travaillé sur plusieurs projets. Elle a, entre autres, réalisé et achevé 4 projets de rénovation (un immeuble de bureaux, 2 villas, un appartement), avec son équipe. « Nous avons un immeuble de bureaux, 2 grandes usines et 2 villas en cours de construction, plusieurs villas et un immeuble en cours de conception », ajoute celle qui se décrit comme quelqu’un de passionné, humaniste, optimiste, altruiste, international et cosmopolite. Quant à ses ambitions, Nada Oudghiri a la tête bien sur les épaules. « L’architecture est un métier que l’on fait par passion et non par ambition. Quand on ouvre son cabinet, on n’arrive pas là en se disant je veux un jour construire une tour, mais plus parce qu’on a envie de voir ses propres projets se réaliser. C’est un peu comme avec les bébés. Il n’y en a pas un plus beau  que les autres, ils sont juste tous différents et c’est un plaisir de les voir se réaliser », souligne la jeune entrepreneure qui s’est, toutefois, fixée comme priorité  d’arriver à concilier sa vie professionnelle avec sa vie familiale. Car son challenge c’est d’être présente pour ses enfants tout en réussissant à satisfaire amplement les attentes de ses clients.

Quant à son enfance, Nada Oudghiri est née à Casablanca le 24 janvier 1991. À l’âge de dix ans, ses parents décident de s’installer à Paris. Dans l’Hexagone, elle est scolarisée dans un collège catholique (Saint-Louis de Gonzague).

Passion
« J’étais la seule élève musulmane de l’établissement. Bien que dispensée des cours de catéchisme, mon père avait insisté pour que j’assiste à cet enseignement. Sur chaque thème étudié, on me proposait d’exposer le point de vue de ma religion. Mon ignorance sur de nombreux sujets m’a contraint à des recherches. Et celles-ci m’ont permis de découvrir nombre de convergences entre les valeurs de ma religion et les valeurs chrétiennes. A leur tour, mes camarades catholiques ont perçu, je le pense, combien nous pouvions être spirituellement très proches. Un constat qui a fait prendre conscience à beaucoup d’entre nous, que peut exister une éthique commune aux grandes sagesses de l’humanité », se souvient Nada Oudghiri. Mais, en 2009, elle doit encore faire ses valises et quitter Paris, car ses parents ont décidé d’aller vivre en Arabie saoudite. Même si, cette nouvelle destination ne l’enchantait pas, parce qu’elle représente l’opposé des valeurs auxquelles elle croit notamment sur les droits de la femme, elle va quand-même y aller.  « Le caractère rare d’une telle expérience et mon attachement à ma famille m’ont convaincue de dépasser mes préjugés. C’était aussi l’année du bac et je voulais que mes parents soient fiers de moi alors je me suis battue pour obtenir une mention « très bien ». Au sortir de l’adolescence, j’ai vraiment pris conscience qu’une famille très unie représente un formidable atout pour aborder une vie d’adulte, pour affronter des situations difficiles, pour ne jamais baisser les bras », avance celle qui est la benjamine de trois enfants. Après le Bac en 2009, elle revient à Paris pour ses études universitaires. Passionnée d’architecture, elle intègre l’École Nationale d’Architecture de Paris Val de Seine. Cherchant à approfondir davantage ses connaissances en la matière, avec l’objectif d’être en capacité de proposer des projets, qui présentent, entre autres, au-delà de leurs qualités techniques, des performances « énergie, environnement, santé » très élevées, des coûts performants, Nada Oudghiri décide d’aller effectuer une année d’études à la California Polytechnic University à San Luis Obispo aux États-Unis. « Le travail en équipes pluridisciplinaires sur des programmes immobiliers réels m’a donné l’envie de conforter cette formation en m’intéressant, de façon plus opérationnelle, à la création et la gestion constructive de projets immobiliers, et plus largement à la vraie gestion de projet», précise la native de Casablanca, qui rejoint l’Ecole Nationale d’Architecture de Montpellier en 2014/2015 pour compléter son parcours par un diplôme d’HMONP (Habilité de maîtrise d’œuvre en son nom Propre).

Bio Express
1991 : naissance à Casablanca
2009 : obtention du Bac
2014/2015 : obtention du diplôme d’HMONP (Habilité de maîtrise d’œuvre en son nom Propre) à l’École Nationale d’Architecture de Montpellier
2015 : crée son cabinet d’architecture à Casablanca

 
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