Les chroniques de Jamal Berraoui

Lettre à deux amis

Toi Nourreddine, si précautionneux, tu es actuellement en réanimation. La dernière fois que je t’ai appelé, tu m’as répondu par un texte, me disant que tu subissais des examens. Les nouvelles étaient bonnes, tu devais quitter l’hôpital quelques jours après. Et puis tu as sombré. Je ne peux plus te parler, je n’ai plus de nouvelles que par le biais de Naïm, qui n’en sait pas plus que moi.

Je crois que les forces de l’esprit te rapporteront, par leurs voies qui sont aussi interpénétrables que les autres, que je t’aime. Je n’en parle jamais, mais tu es à la fois un grand frère et un ami. Notre relation dure depuis un demi-siècle, alors que je n’étais qu’un adolescent. Il me faudrait des livres, pour raconter ce que j’ai appris grâce à mes échanges avec toi. Tu ne m’as jamais manqué face aux accidents de la vie. Je ne peux pas oublier ce que tu as fait quand l’un de mes enfants risquait la mort.

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Et moi, je suis là  dans mon coin, je ne peux rien, absolument rien pour toi, je ne peux même pas te dire que nous sommes des milliers à t’aimer et à te soutenir. Tu combats la maladie, ma souffrance à moi, s’appelle l’impuissance. Crois-moi mon ami, mon frère, elle n’est pas plus supportable que ton combat. Tu t’en sortiras, on se reverra, tu me parleras du dernier livre que tu as lu, tu me l’offriras peut-être, c’est ce qu’on a toujours fait, c’est ce qu’on refera. Je t’aime trop, pour imaginer un instant, une autre issue.

Si Mohamed est mon autre ami. Depuis le début de la pandémie, je l’ai appelé des dizaines de fois. Je ne l’appelle plus parce que lui, ne m’a pas appelé une seule fois. C’est pourtant un véritable ami, une relation basée sur de la considération, de l’empathie. Pourquoi agit-il comme ça ? Je n’en sais rien.

Entre un ami qui combat pour sa survie et pour lequel je ne peux rien faire d’autre qu’invoquer les forces de l’esprit, et un ami qui oublie les règles basiques de l’amitié, le seul lien c’est mon impuissance. Ce sentiment m’insupporte au plus haut niveau. Comme des millions de gens, je n’ai plus de contrôle sur ma vie. C’est ce que j’ai beaucoup de difficultés à gérer.

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