Entreprises & Marchés

L’export ne suit pas

Agrumes. 30% à 40% de baisse des exportations d’agrumes par rapport à 2013 sur le marché russe. Alors que le Plan Maroc Vert prévoit un apport de 8 milliards de DH en devises par an pour les agrumes à l’horizon 2020, les exportations de la filière battent de l’aile. par Roland Amoussou

30% à 40% de baisse des exportations d’agrumes par rapport à 2013 sur le marché russe. Ce sont les chiffres fournis par l’Aspam(Association des Producteurs d’Agrumes du Maroc) concernant la campagne de cette année. Alors qu’on croyait que l’embargo russe imposé sur les produits agricoles et alimentaires provenant d’habitude de pays occidentaux devait avoir un effet largement positif sur la filière des agrumes marocaines, très appréciés sur ce marché, il semble que non. «Il n’y a pas vraiment d’opportunités pour nous sur ce marché malgré l’embargo russe», confie à Challenge, Ahmed Derrab, Secrétaire général de l’Aspam. Soulignons que le marché russe est très important pour la filière, car à lui seul, il absorbe 50% des exportations marocaines d’agrumes. Selon Ahmed Derrab, cette baisse des exportations vers la Russie s’explique par la dégradation du pouvoir d’achat en Russie, ce qui fait que les produits agrumicoles marocains semblent très chers aux yeux des russes. Le Secrétaire général de l’Aspam souligne également le retard sur le délai de paiement de la part des partenaires russes, et explique que cela pousse les producteurs marocains à observer un recul, en dépit des assurances et garanties initiées par l’Etat. «Aussi, nous ne devons pas surapprovisionner ce marché. Nous devons opérer à des niveaux de prix qui permettent aux producteurs de couvrir leur marge », soutient Ahmed Derrab, ajoutant toutefois que tout est mis en oeuvre pour se maintenir sur le marché russe, très important pour la filière agrumicole marocaine. Force est de souligner que cette filière connait une perte de vitesse à l’export ces dernières années. Déjà, la campagne 2012-2013 avait connu une baisse de 21% en termes d’exportation.

Le marché africain
à la rescousse ?
Le volume exporté lors de cette campagne était de 383 000 tonnes contre 485 000 tonnes un an auparavant. Un essouflement à l’export, alors que la production a pratiquement doublé ces cinq dernières années, passant à 2,2 millions de tonnes pour la campagne 2013-2014 contre 1,5 million de tonnes l’année passée. Selon les statistiques, le Maroc a exporté seulement 390.000 tonnes l’année dernière, et devrait atteindre 600.000 tonnes cette année selon les prévisions. Cette baisse à l’export s’explique par plusieurs facteurs. Pour nombre de professionnels, c’est la qualité gustative des agrumes marocaines qui a pénalisé la commercialisation, face à une concurrence de plus en plus rude de la part de pays comme la Turquie, l’Egypte, l’Afrique du sud , le Chili sur les marchés jadis acquis par le Maroc comme la Russie(50%), l’Union Européenne(25% à 30%) et l’Amérique du Nord( 15%). «Nous allons miser sur la qualité de nos agrumes plutôt que sur la quantité sur les marchés», concède Ahmed Derrab. Pour maîtriser l’hémorragie, l’Aspam commence à lorgner le marché africain, mais ce n’est pas un marché facile. « Il y a un petit potentiel pour les agrumes marocains sur le marché africain et nous allons commencer par nous introduire de façon progressive à travers des partenariats avec des importateurs et distributeurs locaux », explique le Secrétaire général de l’Aspam. « Cependant, il y a un manque d’infrastructures de stockage appropriées dans ces pays et nos produits sont rapidement périssables », ajoute-t-il. Pour rappel, le développement de la filière agrumicole fait partie des principaux objectifs du Plan Maroc Vert, avec notamment l’augmentation de la production à 2,9 millions de tonnes et un volume d’exportation porté à 1,3 million de tonnes à l’horizon 2020. Cela devrait permettre à la filière d’apporter 8 milliards de DH en devises par an. Avec une superficie globale de 111.400 hectares( campagne 2012-2013), l’agrumiculture représente la principale source de revenus de 13.000 producteurs, avec un total de 21 millions de journées de travail par an et des recettes à l’export de plus de 2,9 milliards de DH en 2013. 

 
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