Transport aérien

RAM : l’association des pilotes de lignes propose une suspension des primes pour préserver les emplois

Une lettre et un communiqué. C’est par cette voie que l’Association Marocaine des Pilotes de Ligne ( AMPL) a décidé d’attirer l’attention de Madame le Gouverneur Khadija Benchouikh sur la situation qui prévaut au sein de la Royal Air Maroc. En cause, une procédure de licenciement pour raison économique pour laquelle Madame le Gouverneur ne ferait pas preuve d’impartialité telle qu’on devrait en attendre d’une telle autorité.  À l’inverse, l’association propose un gel des versements de primes, suffisant pour atteindre les objectifs d’économie demandés à la compagnie.

Dans la lettre qui accompagne, l’AMPL dit s’adresser à Khadija Benchouikh en sa « qualité de Gouverneur en charge de l’étude et le cas échéant des autorisations des demandes de licenciements collectifs pour motif économique(…) ». Devant le constat amer d’une décision entérinée de procéder au licenciement économique, plutôt qu’à œuvrer à la recherche de solutions alternatives, l’AMPL ne mâche pas ses mots, et parle de simulacre de procédure.  «Malheureusement, le simulacre de procédure et l’absence de contrôle de la bonne foi de la RAM ainsi que du respect de la loi et du droit sont de nature à ouvrir la voie à l’utilisation massive des licenciements pour motif économique dans notre Royaume et ainsi plonger des milliers de nos concitoyens dans la précarité. L’absence de volonté de contrôle du respect de la loi provoquerait ainsi une situation d’insécurité juridique et sociale pour une part grandissante des salariés de RAM et de leurs familles, et du tissu social en général dont vous avez la responsabilité», déclare l’Association dans la lettre.

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La correspondance adressée aujourd’hui même à l’autorité s’étonne de la célérité de la procédure menée et notamment par le non-respect par la déléguée provinciale de l’emploi de ses obligations et prérogatives légales notamment en matière d’investigations et de vérifications de la validité tant sur la forme que sur le fond de la demande d’autorisation présentée par RAM. « Investigations qui n’ont pas été menées et qui de toute façon ne pouvaient matériellement pas être menées faute de temps et faute également pour RAM d’avoir transmis les éléments pertinents », avance la lettre. En clair, tout se passerait comme si la dirigeante de la province de Hay Hassani et la commission montée à l’occasion pour trancher sur cette affaire avaient pris fait et cause pour Royal Air Maroc et n’ont pas cherché à explorer des alternatives tendant même à préserver des emplois. « Vous comprendrez que cette situation puisse nous interpeller et susciter de très grandes inquiétudes parmi le personnel de RAM et ce d’autant plus que nous n’avons reçu aucune réponse de votre part à nos écrits alors même que vous avez réagi avec une très grande diligence à la réception de la demande de RAM, et ce à plus forte raison si la société demanderesse de la procédure refuse de se conformer à la loi, au droit et aux engagements pris pour préserver la paix sociale », révèle la lettre. L’association pointe l’absence d’une tentative de négociation, de concertation menée par RAM préalablement à l’annonce de sa volonté de réduire drastiquement les effectifs, « et ce alors même que les représentants du personnel sont tout à fait disposés à faire les sacrifices nécessaires pour surmonter la crise actuelle qui est certes grave mais fort heureusement très temporaire », affirme l’association.

Abandonner les primes

« Comment statuer de bonne foi et de manière impartiale sur demande d’autorisation de RAM si l’ensemble des démarches préalables notamment la consultation, la négociation et la concertation, la transmission de document, l’enquête du délégué provincial exigée par la Loi et le Code du travail n’ont absolument pas été respectés », se demande l’AMPL, pointant du doigt  le fait que les documents importants devant permettre au délégué provincial de faire son travail ne lui ont pas été communiqués, pas plus qu’aux représentants de l’Association.

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Pour parer à cette situation et éviter des licenciements qui « fragiliseront toute la société », les conséquences humaines, psychologiques et financières désastreuses d’une telle situation, l’AMPL propose de lâcher du lest sur les traitements et salaires. En effet, l’association avance que « le Corps du Personnel Navigant Technique est collectivement disposé à prendre en charge par une réduction corrélative de ses émoluments financiers le coût de la réduction de la masse salariale dont aurait bénéficié RAM en procédant aux licenciements économiques envisagées de l’ensemble des salariés RAM, à savoir, les pilotes, les personnels navigants de cabine et les personnels au sol (soit 140 salariés au total objet de la demande de licenciement économique). L’AMPL propose ainsi un gel complet du versement des primes variables pour l’ensemble du personnel bénéficiaire de cette prime ; ce qui permettrait, sur la base des chiffres de 2018, de réaliser des économies additionnelles de 154 millions de dirhams dont 87 millions pour le personnel navigant technique (PNT) et 60 millions pour le personnel au sol. L’association dit se tenir disponible pour signer un Accord de Solidarité et d’Avenir dans l’objectif essentiel de préserver les emplois.

Cette proposition trouvera-t-elle grâce aux yeux de la RAM et de la préfecture de Hay Hassani qui semble n’avoir tendu qu’une oreille sourde aux désarrois du personnel ? Réponse très bientôt.

https://www.challenge.ma/wp-content/uploads/2020/08/Lettre-au-Gouverneur-et-PJ_Alerte-Dossier-RAM-du-17aout20.pdf [ Document ]

 
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