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L’Union de la gauche ou l’inaccessible rêve

Face à la déferlante conservatrice, tous les courants de gauche appellent à l’union, mais dans un désordre qui la renvoie aux calendes  Grecques. 

«La Fédération pour un grand parti socialiste », c’est le nom choisi par des dirigeants des partis à gauche de l’USFP pour une énième tentative de rassemblement. Elle survient un an après la montée du PJD au gouvernement et surtout après l’agonie du 20 février. Le PADS et le CNI en sont les fers de lance. Ils ont réussi à attirer le PSU, enfin convaincu que le Mouvement du 20 février n’avait pas la profondeur pour assurer le grand soir.
Cette tentative pèche par plusieurs failles. D’abord, elle est hétéroclite et réunit des courants qui divergent sur tout ou presque. Certains ont voté la Constitution, d’autres non. Les premiers participent aux élections, les seconds rejettent les institutions qui en sont issues. Enfin, on a du mal à imaginer « le grand parti socialiste » sans l’USFP. Or, ceux qui ont rédigé cette plateforme, en gestation depuis des mois, ont « oublié » d’ouvrir des canaux avec les Usfpéistes.
Driss Lachgar est lui, dans une démarche tout à fait inverse. Il est en contact avec le FFD, le parti travailliste et le courant de Saïd Saâdi au sein du PPS. Il espère faire le remake du PSD, c’est-à-dire une dissolution et une intégration aux structures du Tihad. Les négociations existent, mais elle sont largement entravées par la bataille médiatique autour des résultats du neuvième congrès. La contestation par le courant Zaïdi de l’élection des instances dirigeantes de l’USFP, n’est pas le meilleur encouragement aux autres formations pour franchir le pas.

Même si le fait que les anciens amis de Aïssa Ouardighi soient représentés au sein de ces instances peut rassurer les ambitieux.
En fait, si ces négociations existent c’est parce que :
>> La force du mouvement conservateur interpelle les militants de gauche, qui cherchent, confusément il est vrai, les moyens d’y résister.
>> Tous ces courants ont perdu pied électoralement et qu’ils savent que, toutes choses restant égales par ailleurs, il y a de grandes chances qu’elles soient totalement laminées à l’avenir. C’est-à-dire dès la prochaine échéance.
Parce que la lucidité est la première forme de résistance, on peut noter que cette approche est, elle aussi très aléatoire. Les appareils en question sont squelettiques, divisés et à part le courant de Saïd Saâdi, portés par quelques notables sans véritable engagement de gauche.
Ce qui se fait au niveau syndical, le rapprochement FDT-CDT et l’ouverture sur l’UMT est plus conséquent. Débarrassée de ses gauchistes, la centrale de Moukhariq montre une réelle disposition à l’entretien de rapports politiques avec l’USFP, pouvant aboutir à un front syndical élargi.
L’unité de la gauche a peu de chances d’être réalisée par des appareils vermoulus, plus concernés par la gestion des appétits que par une véritable résistance au conservatisme déferlant. Celle-ci ne peut venir que de la conjonction entre les luttes sociales et le combat sociétal. 

 
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