Portrait

Marin, sportif automobile, manager d’hôtel

Il est le plus jeune manager d’hôtel de son entreprise. Après sa passion pour l’océan, celui qui se destinait à devenir l’héritier du Commandant Cousteau, a choisi les métiers de services. Un entrepreneur dans l’âme qui a su reconnaitre que «le serviteur des hommes est leur seigneur».

Il s’appelle Noury. Un nom peu commun pour un français du Maroc, et dont le père est d’origine tunisienne et la mère belge. Un «pied noir» comme on en voit peu, symbole d’une mixité d’un Maroc où il faisait «bon vivre». Son père travaillait pour le grand Groupe de BTP, Vinci Construction, et sa mère était chargée de Mission à l’Ambassade de France. Riche vie que celle d’un «enfant du pays», qui évolue entre deux cultures.
Noury est né en 1977, à Salé. Il est l’aîné des deux fils du couple et voit le jour à la clinique Beauséjour: «Une institution. Nombre d’enfants de ma génération y sont nés», explique-t-il dans un rire franc, alors que son visage s’illumine. Il grandit dans la capitale du Royaume et plus précisément dans le quartier de l’Agdal, certes moins huppé que Souissi, mais néanmoins aussi prestigieux. Il est scolarisé à la Mission française et fréquente l’école primaire Paul Cézanne avant de rejoindre le Lycée Descartes. Ce qui fait qu’il aura côtoyé durant toute sa scolarité autant les fils de «bonne famille» que ceux de la colonie française et étrangère en résidence à Rabat. Cette fréquentation du «Gotha Rbati» ne l’empêche pas d’acquérir une grande connaissance du Maroc.
Mais son enfance reste assez classique pour un enfant de Rabat. Ce sera le sport de mer et la pêche en bateau pendant l’été, quand la famille passe ses vacances à Skhirat. Il en gardera une passion pour les océans, et une prédisposition pour tout ce qui s’y rapporte. D’ailleurs dès son jeune âge, il ne cessera de réclamer à ses parents de pouvoir disposer d’un bateau. Ce à quoi lui répondaient ces derniers le même leitmotive: «lorsque tu auras décroché ta Première Scientifique». Prémonitoire cette passion pour la mer, puisqu’elle l’accompagne : «il m’est très difficile de vivre loin de la mer, de l’océan. J’ai essayé de m’en passer, mais il me manque toujours quelque chose, lorsque je suis loin des vagues», confie-t-il.
Autre passion, celle du Golf. Elle prendra naissance, lorsque en 1986, Noury accompagnait pour la première fois, son oncle sur un parcours : «Mon oncle avait décidé de se mettre au Golf, dans le tard, à 50 ans. A son invitation de l’accompagner, j’ai demandé à tester le jeu. J’ai immédiatement accroché et apprécié ce sport. Après ce fut le tour de mon frère, puis toute la famille s’y est mise», révèle-t-il. Dès lors, Noury ne vit que pour sa passion. Il participe à des tournois, et joue avec un handicap de 5, une performance pour un si jeune enfant.

La science puis le service

En 1996, Noury décroche son bac S et s’envole pour Paris pour les études supérieures. Encore une fois, sa passion pour la mer décide de son avenir : «je me destinais à devenir océanographe. J’ai donc fait un DEUG de Biochimie à l’Université Paris VI. Mais ce parcours nécessitait 12 années d’études, je me suis donc réorienté en hôtellerie», analyse-t-il. Il reste dans la capitale française, et opte pour l’école hôtelière de Paris, Jean Drouant. «C’était complètement différent. A l’Université, il fallait être constamment attentif, être assis au premier rang pour pouvoir suivre et travailler beaucoup. En hôtellerie, les gens viennent par passion. Ce sont souvent des histoires de familles. Des fils ou des filles de restaurateurs ou d’hôteliers qui vont reprendre l’affaire de leurs parents. De plus j’étais plus âgé, donc je savais mieux gérer», se remémore-t-il.
Première expérience avec le monde du travail. Noury décroche un premier stage aux Etats-Unis, où il découvre l’ «American way of life». «J’ai adoré le mode de vie dans ce pays. Du coup, j’y suis retourné dès que j’ai pu». Et la greffe prend. Après six années passées à Paris, le diplôme en poche, Noury poursuit sa carrière aux Etats-Unis, à Atlanta au sein du groupe Hyatt. La demande est alors forte, et il suit une formation interne en management. Dès le départ, Noury est nommé Directeur de la Restauration.Tout va pour le mieux, mais l’appel du Maroc est toujours présent. Il rentre alors avec armes et bagages. Ce sera à Agadir qu’il travaille, au sein du Dorint Palais des Roses de la capitale du Souss. Il y reste jusqu’en 2004, avant de devenir Directeur Général de l’hôtel des Arts, dans la région de Casablanca, qui passe sous la coupe du groupe Golden Tulip. Nous sommes en 2007, et Noury est déjà entrepreneur depuis deux années, et à la demande de son associé, prend des fonctions opérationnelles dans l’entreprise qu’il a co-fondée. «Je devais me charger du commercial. Mais c’est sur le terrain que je me suis rendu compte que je ne suis pas un «homme de chantiers». J’ai découvert un univers que je ne soupçonnais pas, et qui ne me convenait pas», explique-t-il.

Entrée à Accor

Au détour d’une rencontre, M. Oumoudden, alors en poste comme Directeur du groupe Accor au Maroc, lui propose de le rejoindre. Nous sommes en 2008, et pendant une année, Noury a usé ses semelles sur les chantiers. Il reprend alors du service, et rejoint l’équipe du Novotel de Casablanca, à la position de Directeur Général Adjoint. Noury a alors du mal à ronger son frein. Il veut revenir dans la course, et on lui promet un hôtel dans les 18 mois qui suivront. Au bout de deux années, Accor lui propose une formation complémentaire et il retourne étudier à l’International Hotel Management Program. Une formation spécifique pour le groupe Accor à l’Ecole Supérieure de Commerce Parisienne, l’ESSEC. Le diplôme en poche, Noury aspire à de nouveaux challenges. Ses voeux seront exaucés. On lui propose alors une mission: prendre la Direction de «Revenus» du groupe. C’est le baptême de feu. Noury relève le challenge et lorsqu’il termine sa mission, en 2013, il est nommé Directeur Général du Mc Gallery by Sofitel, Le Diwan à Rabat. Il y reste deux années, avant qu’Accor ne lui propose un nouveau challenge, piloter le lancement du Sofitel Tamuda Bay Beach and Spa. C’est l’année 2015, et Noury est nommé Directeur Général de l’hôtel «Arty-Chic» de la chaîne, sur la côte méditerranéenne, entre Mdiq et Fnideq. Il gère donc cet hôtel, qui cet été déjà, a suscité des commentaires élogieux: «c’est le dernier cri chez Sofitel. Traditionnellement, le nom de l’entreprise rime avec «élégance à la Française». Là, il s’agit du «New Art de Vivre» à la française, avec des ambiances et des décors «originaux» qui changent du classicisme, dans un cadre de vie très contemporain à la Moroccan Riviera» expose-t-il. Depuis, il continue sur sa lancée, vivant sa vie comme il l’a toujours voulu. Face à la mer, observant la ligne d’horizon à volonté, au milieu des bruits des vagues, de la fraîcheur d’un coucher de soleil rougeoyant au loin, au milieu de l’air iodé.

BIO EXPRESS

1977: naissance à Salé
1996: Bac S au lycée Descartes
2004: Dorint Agadir après une carrière aux USA puis DG de l’hôtel des arts
2007: directeur commercial/ fondateur  d’une entreprise de revêtements
2008: entrée dans le groupe Accor comme  DGA du Novotel de Casablanca
2013: Directeur Général du Mc Gallery  by Sofitel, Le Diwan à Rabat
2015: Directeur Général du Sofitel Tamuda Bay Beach and Spa

 
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