Dossier

Maroc – Espagne : pour une vraie relance

La visite du Roi Felipe VI a des objectifs politiques, mais surtout économiques. L’Espagne reprend le chemin de la croissance, une opportunité pour le Maroc.

Le Maroc et l’Espagne sont dans un accord parfait sur deux dossiers stratégiques : la lutte anti-terroriste et les flux migratoires. La collaboration entre les services des deux pays est jugée exemplaire. Elle a permis de démanteler plusieurs cellules terroristes des deux côtés du détroit. Le Maroc propose aussi sa collaboration dans la formation des Imams, la population de confession musulmane étant importante chez nos voisins du Nord.

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Sur l’immigration, le Maroc fournit des efforts sur le plan sécuritaire pour stopper les flots. Les chiffres augmentent parce que la filière libyenne est relativement asséchée. Le prix à payer c’est que les migrants qui n’ont pu traverser, restent au Maroc. Rabat a choisi de les accueillir dignement, de leur donner accès aux soins. Cela a un coût que l’aide européenne ne couvre pas.

L’entente sur ces deux points explique que les relations entre les deux pays ne subissent pas les changements de majorité à Madrid, comme cela a été le cas avec le départ de Rajoy.

Les effets de la crise

Sur le plan économique, le tableau est moins reluisant. Dans les années 90, l’accord de pêche et l’accord agricole monopolisaient pratiquement les négociations. Madrid était « gourmande » pour le premier et frileuse pour le second, parce qu’il y a similitude des produits.

Mais, au début du siècle, dans les années 2000, les investissements espagnols dans tous les secteurs, y compris l’agriculture, ont fait un véritable bond, au point que l’Espagne concurrençait la France pour le premier rang des partenaires du Maroc.

La raison ne tient pas au changement de majorité au Maroc, ni aux mesures gouvernementales. La crise de 2008 a durement frappé l’Espagne, menaçant même les fondements de son économie. Il a fallu un traitement de cheval pour assainir les finances publiques, raffermir le secteur financier et relancer l’activité.

Durant cette période, le flux d’investissements directs a ralenti de manière quasi mécanique. La délégation d’hommes d’affaires qui accompagne le Roi Felipe démontre le regain d’intérêt pour le Maroc. Les relations entre les deux patronats sont institutionnalisées, toutes les conditions sont donc réunies pour une relance.

Les deux Rois se connaissent bien, ce qui doit faciliter les pourparlers. L’histoire des deux pays est chargée comme pour tous voisins. Mais la présence de près d’un million de Marocains en Espagne, les influences partagées en Andalousie et au Nord du Maroc, créent des liens qui facilitent la co-construction d’un partenariat pérenne. Même si la monarchie espagnole n’est pas exécutive sur le plan constitutionnel, elle a un rôle prescripteur. La visite du Roi Felipe est donc en elle-même un symbole sur la force des liens entre les deux nations. C’est aux opérateurs de transformer l’essai, en se saisissant des opportunités d’affaires au profit des deux économies. 

 

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