Blog de Jamal Berraoui

Média : la Grèce innove

Il n’y a plus rien à voir chez les Grecs, en tous cas sur les écrans de la chaîne publique. Le gouvernement a décidé, sans crier gare, de suspendre son média-public, pour réaliser des économies. La télévision nationale grecque, avait 19 chaînes, en plus de la radio et d’un magazine de programmes, elle emploie 3000 personnes. Au Maroc, nous avons, dans le pôle public, 8 chaînes de télévision, à la différence sensible qu’en Grèce, la télévision publique avait une audience plus large.

La question qui se pose concerne la nécessité d’une télévision publique. Aux USA, elle serait contraire à l’esprit de la constitution. Le gouvernement n’a pas le droit de contrôler des médias ; sauf à destination de l’étranger. Mais c’est un cas unique. Partout dans le monde, des médias publics coexistent avec des chaînes privées. Sauf que la conception du média-public a évolué avec le temps.

En démocratie, ce n’est pas le gouvernement qui contrôle les média-publics. La tentation existe partout, mais les rédactions sont protégées par un corpus législatif qui assure leur indépendance, dans le cadre d’un consensus sur leur mission de service public, parce qu’ils en ont une. Le monopole du privé est une catastrophe dans ce domaine. On a vu ce que Berlusconi en a fait en Italie.

Au Maroc on en est encore au balbutiement de ce débat. La crise sur les cahiers des charges aurait dû, ou pu, permettre de l’ouvrir sereinement, mais il a été escamoté. Pourtant, redéfinir le rôle de la télévision publique, de ses missions est une nécessité, que l’effondrement des taux d’audience rend encore plus urgent. En refusant d’accorder des licences pour une télévision privée et en étendant le pôle public à Medi I, nous avons chargé la barque. 2M était privatisable il y a dix ans, elle ne l’est plus même pour un dirham symbolique. Parce que les comptes se sont à nouveau, dégradés et, que l’audience est en chute libre. Le Maroc a-t-il besoin d’autant de chaines ? C’est une question que l’on peut se poser, mais elle n’est pas essentielle.

Ce qui l’est par contre, c’est le concept même de chaîne publique. La « Une » est archaïque, il n’y a pas d’autres mots pour la qualifier. Tous les téléspectateurs zappent à l’heure du J.T interminable et soporifique. La programmation est très éloignée d’une conception saine de la proximité. L’offre n’encourage ni la culture, ni l’élévation du goût général, ni la diversité sociale, domaines relevant, ailleurs, de la mission du service public. Sans aller jusqu’à la solution grecque, il y a une révolution à faire, et le plus rapidement possible.

 
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