Portrait

Mehdi Hsissen, fondateur de Churascaria Marius, Grand Chemin, Interpro Restaurateur, entrepreneur

Mehdi Hsissen, fondateur de Churascaria Marius, Grand Chemin, Interpro

Sous son air serein de sportif à la retraite, Mehdi Hsissen a un CV d’homme d’affaires dans la restauration bien garni. Plus qu’un simple restaurateur, il fonde des tables de référence dans le Royaume, et depuis s’est diversifié dans le conseil et l’évènementiel. 

O

n peut affirmer que, Mehdi Hsissen  est en quelque sorte le produit de ses valeurs. D’aucuns pourraient qualifier le cas de ces “anachronismes ambulants”, tout droit sortis des fantasmes éducationnels du Maroc des années 80. Ce jeune homme de bonne famille était le beau fils que bien des beaux pères potentiels auraient souhaité. Son sérieux était indiscutable, et le sportif qu’il était, ne buvait, ni ne fumait. Il sent bon l’esprit chevaleresque d’antan, où l’on “estimait” une personne, à l’aune de ses actes, et non au modèle de sa voiture. C’étaient les années 80 quand l’économie était encore humaine, et le tout financier n’était pas encore la valeur cardinale. Une période où la vie gardait un certain charme et une éthique, où   la compétition respectait des normes. En somme, une société qu’évoque Gad El Maleh dans son fameux sketch “C’est pas la même chose”. Mehdi Hsissen est un rescapé de la machine à broyer qu’est devenu le Maroc. Il s’en est tiré à bon compte, sans y perdre trop de plumes, ni de sacrifier ses valeurs fondamentales sur l’autel de la réussite. 

Né en 1978, à Casablanca. Mehdi est l’ainé d’une famille de deux enfants et de parents, chef d’entreprise et médecin. Il commencera sa scolarité au Groupe Scolaire d’Anfa, pas loin de Aïn Diab où résidait la famille. Environnement protégé par excellence et un cadre d’enseignement des plus reconnus et où il bénéficiera d’une éducation bilingue. A cette époque, le châtiment corporel est encore de mise, et M. Bennis, le directeur de l’école faisait régner une discipline à toute épreuve et n’hésitait pas à “corriger” les élèves récalcitrants. Mehdi a encore présent à l’esprit cette époque, où l’on pensait que l’éducation se faisait à coup de ceinturon, héritage de l’esprit Medrassa, qui avait prévalu dans un temps révolu. L’expression “n’taya tedbeh ou ana n’slakh” – égorge et je lui tanne la peau- est pour Mehdi, un rappel plutôt affectif. Il était d’ailleurs assez bon élève à l’école et bénéficiait de toute l’attention de son père: “l’activité professionnelle de mon père nécessitait des voyages fréquents à Agadir et à Berkane. Je l’accompagnais dans ses déplacements aussi souvent que mon emploi de temps le permettait. Une façon de m’initier, dès mon plus jeune âge, à l’activité et à apprécier la valeur du travail. Ce qui m’a aidé par la suite”, murmure-t-il songeur, comme s’il appréciait, à postériori,  sa chance.  

Des études au Maroc avant de partir pour Paris 

Le jeune Mehdi a une enfance privilégiée, et il le sait. Il pratique le tennis, le foot et le basket. Cette dernière activité lui fera intégrer l’équipe nationale dans sa jeunesse. Plus tard, il se passionnera pour les sports de glisse, plus particulièrement le bodyboard qui connaît son heure de gloire dans les années 90. Avant d’être supplanté par la diversification d’autres sports de glisse et nautiques. L’été, la famille se retrouve en Espagne, avec oncles et tantes, pour profiter de la pause estivale : “c’était la grande réunion de famille. Egalement, lors des fêtes religieuses, nous rejoignions nos grands parents à Tanger et dans le Nord”, développe-t-il, rêveur. Une époque, en effet, douce et qui laisse des traces agréables. 

Ses bons résultats scolaires lui permettront, dès la classe de seconde, d’intègrer le Lycée Lyautey. Là, les bonnes bases acquises à “l’école Bennis”, lui seront fort utiles: “A l’époque, je savais déjà que je ne serais ni médecin, ni ingénieur. Je voulais faire de l’économie et de la comptabilité. Je me suis donc orienté vers la section STT, dès que cette option a été lancée au Lycée,” analyse-t-il, convaincu de son choix. Même si un petit embonpoint commence à poindre, Mehdi a gardé une silhouette d’athlète. On devine qu’il n’a jamais réellement arrêté le sport, et que si le passage du temps a été clément, il ne lui a jamais réellement fait d’outrages. Mehdi décroche son bac en 1995, et s’envole pour Montpellier. Il n’a que 17 ans, et entame ses études supérieures dans une IUT dans la périphérie de la ville, loin de tout et dans un isolement totale. “En fait, j’ai réalisé, que j’étais trop jeune pour une telle expatriation, précoce. Je suis rentré au Maroc. Je me suis inscris à l’ESCA et j’ai rattrapé l’année. Au bout de deux années, je suis reparti, pour Paris cette fois. J’avais plus de maturité, et j’ai réellement pu profiter de la vie locale,” justifie-t-il, s’y reprenant à plusieurs fois pour se remémorer ce passage tumultueux. Mehdi décroche un DESS en 2000, et rentre au Maroc entamer sa carrière professionnelle.  

De consultant à Manager 

A ce moment, travailler dans l’Audit et le Contrôle de Gestion est à la mode. Il jette son dévolu sur le cabinet Price Waterhouse and Coopers, qui lui permet de découvrir le métier. Mais surtout de se frotter à différents secteurs d’activités: “C’est la vraie école. D’autant plus que le cabinet laissait une certaine liberté dans le travail. Lorsqu’on était en mission, on était chez le client. Mais pour rédiger  le rapport, on pouvait le faire depuis chez-soi”, explique-t-il, appréciant la chance qu’il a eue. Surtout, dans une sphère économique privée où l’on valorise le présentéisme quitte à ne rien faire, et où les réunionites pour décider de détails sans importance, grèvent plus la productivité que les congés de maladie. Il reste trois années au sein du cabinet, avant d’être débauché par l’un de ses clients. Ce dernier, Atlantic Confection se lance alors dans la commercialisation des marques Pepe Jeans et Quicksilver, et on lui confie la Direction Générale. Commencent alors des batailles homériques contre la contrefaçon: “la marque Quicksilver était déposée par une autre entreprise au Maroc. D’ailleurs, ce n’étaient que des contrefaçons qui étaient commercialisées dans le pays. Ensuite, il a fallu suivre la politique de la marque, et séduire les surfeurs, qui étaient la clientèle privilégiée de ces produits. Bien sûr, nous avons sponsorisé des tournées de champions, des compétitions de sports de glisse, et cela avec l’aide de Laurent Miramont qui tient une école à Dar Bouazza”, poursuit-il dans un élan volubile. Arrive 2004, quand, Mehdi a réunit une somme modeste qui lui permet néanmoins de s’offrie un rêve d’enfant: ouvrir un restaurant. Il reprend un concept qui faisait fureur en France, le Kiotori, et se forme à la cuisine japonaise, auprès du concurrent Japorama. Le succès est immédiat. La table innove, puisque c’est le premier restaurant de sushi. Le succès de son enseigne lui permet de se consacrer à cette seule activité. La même année, sa vie prend un nouveau tournant, puisqu’il se marie. “Je connaissais ma femme depuis l’âge de treize ans. C’était la meilleure amie de ma soeur. Cinq jours après m’être déclaré, nous nous sommes mariés,” affirme-t-il, heureux, comme s’il venait juste de le faire… Il ne manque pas d’insister sur la justesse de son choix et le soutien précieux de sa compagne. De cette union, le premier de ses enfants voit le jour en 2006. 

Restaurateur de choc 

Dans l’intervalle, il multiplie les longues heures de travail et rentre tard chez lui. Il parvient cependant à trouver du temps pour se ressourcer à Bin El Ouidane. Mais pour autant, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, puisqu’il lance une chaîne de restauration italienne, qui capote. L’implantation du Kiotori échoue à Marrakech alors qu’elle prend en Tunisie, où la chaîne compte deux établissements. Mehdi prend les choses comme elles viennent, les affaires sont comme la vie, on gagne parfois, on perd souvent, mais à la fin, c’est toujours la banque qui rafle la mise. La restauration reste son domaine de prédilection, mais la mode de la restauration japonaise a bien pris. Peut-être trop bien, puisque par mimétisme, les enseignes fleurissent. Mehdi vend son affaire et lance un nouveau concept, exploré au cours de ses voyages en Amérique Latine. Il lance alors une chaîne de restaurants spectacles brésiliens en 2009. Ce sera la Churascia Marius. La greffe prend, et les ouvertures d’établissements se succèdent à Casablanca, Rabat, Agadir et Marrakech. Nous sommes en 2011, et Mehdi sent qu’il est temps pour lui de trouver un nouveau challenge. Il diversifie donc son activité et se lance dans l’évènementiel: ce sera Grand Chemin, une chaîne de traiteurs, qui offre ses services aussi bien pour les fêtes “coporate” que pour les mariages. Arrive 2013, et une nouvelle idée germe: allier ses deux domaines d’expertise. Mehdi ouvre alors un cabinet de conseil en restauration. Dans un premier temps, il l’utilise pour normaliser les procédures et former ses effectifs. 

Mehdi renoue avec le succès, et dure dans le métier: “lorsqu’on fait ses preuves, les affaires viennent à nous. En 2014, je me suis attelé à un nouveau concept, dans le club house du projet Prestigia à  Marrakech”, affirme-t-il. Il lance une galerie d’art, une nouvelle passion qu’il se découvre, un burger gourmet et un restaurant gastronomique.

A l’étage, un “sky bar” avec “ice bar” qui allie dégustation et lieu de sortie. Mais parallèlement à ses affaires qu’il mène de front,  il n’a jamais négligé son développement personnel. Il continue de pratiquer le tennis, et commence à pratiquer la Boxe. Le noble sport lui permet alors de trouver un calme intérieur inébranlable. Depuis, il voit l’avenir sereinement, entre sa vie de famille et ses activités professionnelles, gérer le quotidien se fait “à la cool”. Et souhaitons-lui, pour longtemps.  

 
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