Maroc-Etats Unis

Mike Pompeo : Le contexte d’une visite éclair

Pompeo à Rabat, c’est une visite qui a fait couler beaucoup d’encre. D’abord par son timing, par sa durée de quelques heures et ensuite parce que le Secrétaire d’Etat américain s’est entretenu avec Abdellatif Hammouchi, dans les locaux de la DST, de manière publique, ce qui est absolument inédit. Jamais un Secrétaire d’Etat ne s’est déplacé pour rencontrer publiquement un Chef des renseignements étrangers dans les locaux de celui-ci.  

Les relations entre le Maroc et les USA sont séculaires et les deux pays sont des alliés stratégiques depuis l’indépendance du Maroc et même bien avant. Les sujets ne manquent pas. L’Administration Trump voudrait bien, par exemple, pouvoir compter sur le Maroc pour l’aider à impulser un soutien arabe à son projet de solution au conflit du Proche-Orient, mais les positions sont trop éloignées, Rabat étant attachée à la solution des deux Etats.

Le Maroc, champion de la lutte anti-terroriste

Mais l’entretien Hammouchi-Pompeo éclaire l’objet principal de la visite, il s’agit bien de la lutte anti-terroriste. Le Maroc est un pilier de cette lutte mondiale. Plusieurs pays, l’Espagne, la France et la Belgique en particulier, et même le lointain Sri-Lanka, ont déjà reconnu que les services marocains les ont aidés à déjouer des attentats.

Ce n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’une approche préventive multiforme, qui vise à combattre le phénomène à la racine et de bien connaître le fonctionnement des réseaux. Dans le renseignement, la technologie est importante mais la culture des ressources humaines est décisive. Si l’opération Serval au Mali a conduit à l’enlisement de la France, c’est parce que François Hollande pensait qu’il suffisait de défaire les jihadistes à Gao pour régler le problème. Catastrophique ce choix, puisqu’ils se sont disséminés dans tout le Sahel et que maintenant, il y a un territoire deux fois plus grand que l’Europe totalement insécurisé, qui menace non seulement les pays du G5 mais l’ensemble du continent et peut-être au-delà.

Cette maîtrise, cette expertise marocaine est celle de l’ensemble des services. Mais à titre personnel, Abdellatif Hammouchi est un expert de niveau mondial. Cela fait des décennies qu’il étudie les mouvements islamistes dans leurs différentes versions.

Les courants jihadistes, irrédentistes n’ont aucun secret pour lui, il est même expert dans leur sémiologie. Cette expertise, aucune technologie ne peut l’offrir. C’est probablement ce qui explique l’entretien avec Pompeo, les USA étant demandeurs d’une meilleure connaissance du phénomène terroriste.

 
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