Blog de Jamal Berraoui

M’jid l’éternel par ( Jamal Berraoui )

Ecrire une nécrologie de Si Mohammed M’jid n’était impensable jusqu’à aujourd’hui. J’ai bien connu l’homme et je pensais sincèrement qu’il nous survivrait tous. Incroyable, c’est comme cela que je me le représentais. Il est politiquement incorrect de faire une nécro avec des jeux de mots, mais cela serait trahir ce géant que de ne pas le faire parce que durant les 96 ans qu’il a vécu, c’était justement son dada, sa marque de fabrique. 

En 1980, aux jeux olympiques de Moscou, il préside la délégation, il préside la délégation marocaine qui est très mal accueillie puisque baladée d’hôtel en hôtel à la recherche de chambres. Il dit à l’accompagnatrice « Vous pourriez au moins nous trouvez un cagibi ». C’était l’art de  M’jid de tourner des situations dramatiques en dérision.

Mais l’homme était d’un sérieux implacable dés qu’il s’agissait d’engagement. Nationaliste de la première heure, il n’a pas fait carrière en politique, parce qu’il était trop indépendant pour respecter les structures partisanes.

Il a jeté son dévolu sur l’action associative, bien avant tout le monde. Quelques heures avant de tomber dans le coma, il dirigeait encore des réunions l’acheminement des dons qu’il avait réussi à récolter, vers les centres d’accueil des personnes âgées).

Il aura été un acteur très utile dans la préparation du livre blanc sur Casablanca. Il était sur tous les fronts, jovial, revendicatif mais debout. Il ne craignait rien, ni personne quand il s’agissait de clamer une indignation.

Il a affronté Basri, Afoura, par des écrits magnifiques, dont l’un écrit 48 heures après la perte de son fils. Mais il n’en a pas fait une marque de fabrique. Basri déchu, il n’en a jamais parlé.

Je préfère garder de M’jid une image particulière. Je peux rédiger des pages sur son parcours de combattant. D’autres le feront parce qu’il est glorieux. Moi j’ai connu l’homme intimement. C’était un homme bien, d’une culture immense, au service des autres, des plus défavorisés.

Un jour il s’est retrouvé  autour d’une table où les gens excipaient de leurs diplômes. « Je sors de polytechnique dit l’un, moi de Centrale dit l’autre ». M’jid leur répondu : « Moi je sors de l’ordinaire ». C’était il ya 40 ans, mais il avait écrit la meilleure des épitaphes le concernant.

Repose en paix mon ami ; la mort n’a emporté qu’un corps, ton œuvre, ton combat survivront, tant qu’il y aura des hommes sur cette terre.

 
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