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Mohamed Belhoucine : A la recherche du recueil perdu

Tout le monde reprend, avec plaisir, ses poèmes, chantés par les plus grandes figures de la chanson marocaine moderne, mais qui connaît Mohamed Belhoucine à part les initiés? Esquisse d’un portrait.

A l’occasion du quarantième anniversaire de son décès, le ministère de la Jeunesse et des Sports, où il exerçait,organisa une cérémonie commémorative. Le ministre d’alors, Abdellatif Semlali, annonça que son département compte publier le recueil du poète. Une quinzaine d’années se sont passées sans aucune publication! Il a fallu attendre 2013 pour que l’Association Ribat Al fath, fidèle à sa tradition d’honorer des personnalités de la ville de Rabat, nous offre «Mohamed Belhoucine, achaiirou alladi ahabba watanahou». Le livre, introduit par Abdelkrim Bennani, coécrit par Mohamed Louma et Mohamed Hmida, est publié par les Editions de l’Association Ribat Al fath.

Une enfance Rbatie
Issu d’une famille modeste, Mohamed Belhoucine a vu le jour dans l’ancienne Médina de Rabat en 1925. Son père, qu’on surnommait Ahadday, s’installe dans la ville en 1917 en provenant du Sous. Après l’école coranique, l’enfant rejoint l’école Ghazia que fonda Haj Ahmed Chekaoui. Ecole qui faisait partie des établissements privés lancés par le mouvement national. Une fois fermée par décision des autorité coloniales, il poursuit les cours des cheikhs dans les mosquées dont celui de Mohamed Belarbi Alaoui. Entre 1947 et 1948, il rejoint l’école industrielle de Salé pour atterrir à l’école des instituteurs où il décrocha son diplôme en 1949. Après une année en tant qu’instituteur à Khemisset, il retourne à Rabat pour enseigner à l’école Maataouiya et surtout à l’école des fils des notables entre 1950 et 1957. Engagé politiquement dès l’adolescence en compagnie des amis Mohamed Alhihi, Al Hachemi Bennani, Abdelhak Bennani et Abdallah Al Ayyachi, une fois l’indépendance acquise il rejoint le ministère de la Jeunesse et des Sports, encouragé par Mehdi ben Barka, où il demeura jusqu’à sa retraite. Outre l’enseignement, le journalisme, notamment ses expériences au quotidien Al Alam, la fondation au sein du ministère de plusieurs revues (Sawt Achabab, Achabiba wa arriyada, Majallat Achabab), Mohamed Belhoucine a initié des émissions radiophoniques et télévisuelles pour enfants avec la complicité d’Idriss Al Allam, Alias Bahamdoun, et Mohamed Aboudrar, le musicien classique qui nous a quittés à la fleur de l’âge. Mais la facette qui a marqué des générations de mélomanes, reste sans aucun doute celle du poète qui jongle entre l’arabe classique et le zajal marocain.

Inoubliables refrains
Mohamed Belhoucine fait partie des grands paroliers qui ont enrichi le préopératoire de la chanson marocaine moderne. Ce qui le distingue des autres c’est sa capacité d’écrire, avec la même qualité et la même aisance, à la fois la Kassida arabe classique et le poème zajal. Il collabora avec les grands noms qui ont marqué cette histoire, dont Abdelkader Rachedi, chef d’orchestre Attadoum. C’est ce dernier qui lui compose et chante «Oudta ya khayra imam» à l’occasion du retour du sultan Mohammed V de son exil. L’négalable rossigol, Ismail Ahmed lui, chante une infinité de morceaux à commencer par «Lih Ya zina». Il sera suivi, entre autres, par «Habibi lamma aad», «nadini ya maliki», « ya ourida ma bayna enakhil», célébrant la ville de Marrakech, ainsi que «oudkourini yawma likana», composé par Abdennebi Jirari et datant de 1947. Abdelouahab Doukkali lui, chante «hjerak kassi» et « Bla aadawa ma ikoun khsam». Le nom de Mohamed Belhoucine reste lié aussi et surtout au maestro Ahmed Bidaoui qui a composé et interprété l’inégalable «kol li man sadda wa khana» et « hagran»…
Le poète a écrit pour les enfants, la Palestine, la femme, la spiritualité, le patriotisme, ainsi au long d’un demi siècle, mais les auteurs du livre n’ont réussi qu’à réunir 44 poèmes, la plupart transcrits des archives sonores de la radio nationale ou des disques et cassettes en provenance de collections privées!! Où sont passés les manuscrits de Mohamed Belhoucine? Sa famille n’en possède aucun! Comment est-il possible qu’aucune trace manuscrite reste jusqu’à aujourd’hui introuvable?
Au cours de son introduction du livre, Abdelkrim Bennani, Président de l’Association Ribat Al fath, lance un appel pour réunir ce qui peut l’être de son répertoire pour une deuxième édition. Espérons que son appel sera entendu!

 
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