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Monnaie électronique et monnaie virtuelle : quelle différence ?

Le bitcoin, monnaie virtuelle que les autorités marocaines viennent d’interdire,  continue de défrayer la chronique. Son cours est arrivé à un niveau qui donne le vertige. En quelques années, il est passé de quelques centimes à plus de 15.000 dollars.

Si la décision d’interdiction est défendable d’un point de vue juridique, elle ne peut pas empêcher le tsunami qui risque d’emporter tout le système de paiement traditionnel. C’est pourquoi, il ne suffit pas d’interdire. Il faut avoir le courage et l’intelligence de regarder la réalité en face même si elle est troublante et surtout de faire en sorte que notre pays ne rate pas ce virage technologique qui va, qu’on le veuille ou pas, révolutionner le monde de la finance.

La question qui se pose est celle de savoir si les autorités politiques et financières de notre pays sont conscientes des bouleversements qui s’opèrent depuis quelques années dans le domaine des paiements. La réponse est qu’elles ne peuvent pas ignorer ce qui se passe dans notre environnement, notamment dans les pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie. La preuve en est la réforme bancaire adoptée en 2014 qui a introduit des changements importants de nature à permettre à notre système financier de s’adapter à cette évolution. Ainsi, en s’inspirant de la réglementation européenne, la loi bancaire marocaine introduit pour la première fois la notion de monnaie électronique qui est définie comme étant « une valeur monétaire stockée sur un support électronique ».

Certains diraient sans doute que si la loi reconnaît la monnaie électronique, pourquoi les autorités ont-elles interdit le bitcoin. Reste à savoir si le bitcoin répond ou non à la définition donnée par la loi bancaire marocaine à la monnaie électronique. Selon l’article 6 de la loi bancaire, la monnaie électronique est un moyen de paiement sous forme « d’une valeur monétaire représentant une créance sur son émetteur ». Cette valeur monétaire répond à trois critères : elle est stockée sur un support électronique, émise en contre-partie de la remise de fonds et acceptée comme moyen de paiement par des tiers. Il ressort de cette définition que la monnaie électronique est un simple moyen de paiement dématérialisé dans une devise reconnue (Dirham).

Quant à la monnaie virtuelle (bitcoin par exemple), elle ne répond pas parfaitement à cette définition. Tout d’abord, elle ne représente pas une créance sur son émetteur qui est d’ailleurs inconnu. Ensuite, elle n’est pas toujours émise en contrepartie d’une remise de fonds, car il est possible de l’obtenir par un autre moyen, à savoir le minage (procédé par lequel les transactions bitcoin sont sécurisées). Mais la grande différence entre la monnaie électronique et la monnaie virtuelle, est que la première est exprimée en monnaie conventionnelle ayant cours légal, alors que la seconde est elle-même une monnaie à part n’appartenant à aucune autorité. Et c’est là où se situe le point sensible du fait que la monnaie virtuelle remet en cause le privilège traditionnel des banques centrales et écarte toute intermédiation bancaire du fait que les échanges se font de pair à pair. En effet, les transactions en monnaie virtuelle s’effectuent en dehors du système financier officiel et sans recours à la compensation bancaire.

Toutefois, il est important de relever quelques points communs entre la monnaie électronique et la monnaie virtuelle. Toutes les deux sont stockées sur un support électronique (carte, téléphone mobile, serveur…) et sont acceptées comme moyen de paiement par les tiers.

En guise de conclusion, on peut dire que si la monnaie électronique dispose depuis 2014 d’un encadrement légal, elle peine à se développer. Deux projets importants tardent à aboutir. Le premier concerne le lancement des « établissements de paiement » dont le rôle peut être déterminant dans la bancarisation de la population et ce, grâce au recours massif aux nouvelles technologies. Le second est le mobile banking qui présente tous les atouts pour faire accéder l’ensemble des Marocains aux moyens modernes de paiement compte tenu du niveau de pénétration du téléphone mobile dans la société marocaine.

 
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