L'édito

Ne rien céder à la crise [Par Jamal Berraoui]

Tous les doutes sont dissipés. Le dernier conseil des ministres est venu à point nommé pour démontrer que le Maroc ne remet pas aux calendes grecques les réformes structurelles enclenchées, pour se consacrer à la gestion des effets de la crise, même si ceux-ci sont très prégnants.

Ait Taleb, le Ministre de la Santé, a présenté devant le Souverain son projet de réforme. Deux principes émergent : la régionalisation et le partenariat public-privé. Ce dernier, n’aurait pu être mis en œuvre sans la généralisation de la protection sociale. Nous sommes donc face à une vision globale qui aura besoin de temps pour se doter des moyens humains nécessaires.

Mais le grand écueil à éviter, c’est la transformation des agences régionales en structures bureaucratiques paralysantes, alors que l’objectif est d’en faire des structures de proximité qui, par leur connaissance du terrain, sont capables d’impulser des actions à même de répondre aux besoins spécifiques. Espérons que le débat autour de cette réforme ne fasse pas place aux positionnements catégoriels, alors qu’il s’agit d’une reconstruction d’un secteur vital en déshérence.

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L’autre texte est celui de la création d’une agence pour le suivi des établissements publics et la rationalisation de leur gestion. Il faut alléger leur poids, non pas par la privatisation, il n’y a plus beaucoup d’entités privatisables, mais par des reconfigurations et la simple disparition de ceux dont le maintien à flot n’a plus de pertinence.

Ce conseil des ministres constitue un fait de communisation majeur. Les effets de la crise sont là et l’ensemble de la population les ressent. Mais la crise a des origines exogènes sur lesquels l’exécutif n’a pas de prise. En atténuer les effets, il s’escrime à le faire. Cependant, l’exécutif s’est lui-même fixé une ligne rouge, celle de ne pas mettre en péril les équilibres macro-économiques. Ceux-ci sont impactés, mais pas au point de remettre en cause les grands projets structurants et encore moins la crédibilité financière du pays.

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Cette attitude a un coût social évident. Si la crise perdure, ce coût peut devenir prohibitif. Or, les analystes sont de plus en plus nombreux à croire que la crise est systémique et que le cycle inflationniste durera longtemps. L’attitude du gouvernement ne signifie pas qu’il est insensible à la question sociale. Il a raison de privilégier sa capacité à réformer. Il lui faudra, cependant, du doigté pour naviguer entre toutes ces contraintes. C’est le lot de tous les décideurs en ce moment, les moins fébriles réussiront.   

 
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