L'édito

Nécessaire adhésion

 

Le gouvernement s’apprête à
lancer plusieurs réformes d’envergure.
Elles sont, pour la plupart, inévitables
pour  ne pas dire de la plus grande 
non  seulement l’exercice de la fonction,                                                                                  
urgence. Les caisses de retraite sont                                                                               
réellement en danger, la Caisse de 
Compensation plombe toutes les politiques
publiques, le système fiscal inéquitable,
devient un handicap au développement.
Cependant, aucune de ces réformes ne
peut se faire sans une large adhésion des
citoyens, exprimée par les corps intermé-
diaires, 
souvent plus conservateurs que
les bases qu’ils sont censés représenter. Si
les assises de la fiscalité sont prévues et
devraient donner lieu à la plus large des
concertations, il n’en est pas de même
des autres chantiers. Le risque est de voir
les blocages se multiplier du fait de ce
manque de communication et d’imposer
des reculs à l’exécutif, pour des raisons
politiques. La compensation et la retraite
concernent l’ensemble des citoyens et
leur réforme ne peut être le fait d’un texte
voté par une majorité mécanique.

 

 

 

L’organisation des métiers n’est pas 
moins importante et requiert une
démarche tout aussi participative.
Au milieu des années 90, la réorganisation
de l’expertise comptable avait fait
couler beaucoup d’encre et a dû vaincre
des réticences, voire des résistances.
Aujourd’hui, après le notariat, l’exécutif
s’attaque à la profession d’architecte.
L’un de ses objectifs est l’ouverture de
l’accès au métier en cassant le monopole
de l’Ecole Nationale d’Architecture en
termes de formation. Cela irrite au plus
haut niveau l’Ordre des architectes qui
 

crie au scandale. Tous ses arguments
ne tendent pas à défendre les situations
acquises. Certains défendent clairement,
non seulement l’exercice de la fonction,
mais le consommateur final, c’est-à-dire
l’ensemble des citoyens. Ce bras de fer
aurait pu être évité par une concertation
plus élargie, qui est toujours possible
puisque le texte ne fait que débuter son
parcours législatif. Il faut le souhaiter parce
que l’urbanisme est un enjeu essentiel
du projet national.
 
 

Si l’on veut se rendre compte de
l’utilité de la concertation, il n’y
a qu’à voir les effets pervers de
la réforme des ports. Celle-ci avait été
saluée en son temps comme une grande
avancée par tous les observateurs, sauf
par les opérateurs usagers-clients. On ne
les a pas entendus. Le pavillon national
est en grande difficulté, en partie à
cause de certaines dispositions de cette
réforme qui le handicapaient face à la
concurrence étrangère, dans les ports
nationaux. Les importateurs de céréales
subissent l’obligation de passer par les
silos, qui se transforme à chaque fois en
retard de déchargement, parce qu’ils importent
tous en même temps. Cela coûte
à ces opérateurs 20.000 dollars par jour.
Il n’y a aucune honte à corriger ces effets
pervers. Réformer, sans l’adhésion des
concernés comporte des risques. Céder à
tous les conservatismes, c’est se condamner
à l’immobilisme. Arbitrer entre les
deux est la vocation même des politiques
quand ils sont mus par l’intérêt général.

 

 
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