Blog de Jamal Berraoui

Notre responsabilité par ( Jamal Berraoui )

Dans la région d’Azilal, tout près du lieu de naissance de l’ancien résistant et opposant Fkih Basri, une femme est morte dans des conditions atroces. Elle avait des problèmes pulmonaires, l’hôpital le plus proche est à une centaine de kilomètres, autant dire le bout du monde. Les villageois encerclés par la neige l’ont mise, vivante dans un cercueil et ont tenté de rejoindre une route praticable pour pouvoir appeler une voiture, car même le réseau téléphonique ne fonctionne pas. Ils n’ont pas pu vaincre la neige, elle est morte et ils ont dû déblayer la neige pour lui trouver une place au cimetière.

Parler dans ces conditions de citoyenneté est surréaliste. Je sais et je l’ai écrit, que d’innombrables initiatives d’ONG ont eu lieu en faveur des habitants de ces montagnes. C’est louable, mais largement insuffisant. Je sais aussi que le coût des routes et leur entretien est démultiplié dans ces régions desservies par une nature hostile et dont la population n’est pas très dense. Ceci rend le coût par habitant exorbitant, or c’est un critère des politiques publiques partout dans le monde.

Il y a un choix à faire. Ou on demande à ces populations de quitter  leurs terres et de tenter leur chance ailleurs, ou on fait ce qu’il faut pour qu’ils soient dans des conditions viables, dans le cadre de la solidarité nationale. Un grand philosophe, aujourd’hui décédé, raconte que jeune enseignant à l’aube de l’indépendance, il a été nommé à Midelt. Quand il a vu l’enfer du froid, il a demandé aux habitants : << vous avez choisi de rester là ou le Makhzen vous maintient de force ? >>. C’est dire le ressenti des difficultés. Je ne minimise en rien les efforts fournis par le biais du budget de l’Etat, mais aussi de l’INDH. Mais nous partons de trop loin et chaque année, il y a des dizaines de morts qu’on peut éviter. J’ai une proposition à faire : une grande collecte nationale et pourquoi pas internationale pour financer une sorte de plan Marshall pour ces régions. Des figures associatives crédibles peuvent monter ce genre d’opération. Il nous appartiendra alors, tous d’y participer
activement. Si on se limite à déplorer les morts, au moins ayons la décence de ne parler ni de citoyenneté, ni de solidarité active.

 
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