Interview

«Nous prévoyons de lancer de nouvelles activités industrielles»

Karim Bennis, Directeur général de Nexans Maroc

Les résultats financiers 2014 du spécialiste du câble et des équipements électriques, sa société commune avec Alstom, le lancement de nouvelles activités industrielles, son récent changement de management, Karim Bennis, Directeur Général de Nexans Maroc, revient sur les réelles ambitions de la filiale marocaine du groupe français.  Propos recueillis par Adama Sylla

Challenge : Comment se porte Nexans Maroc ? Quelle analyse faites-vous de ses résultats financiers annuels de 2014 ?
Karim Bennis : Nexans Maroc se porte bien ! Les résultats de l’année sont très satisfaisants.
Malgré l’environnement économique local difficile, nous avons réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 1,6 milliard de DH enregistrant une croissance de + 3%, un résultat net de 41 405 millions de DH, soit 6,5 fois plus que l’année précédente et parallèlement à cela, nous avons pu compresser notre dette de 114 Millions de DH et ainsi devenir cash positif.
Ces résultats sont le fruit de l’engagement des femmes et des hommes de Nexans et démontrent la force de notre business model  basé sur la diversité de ses activités, de ses produits et de ses marchés. Ils sont également le fruit de la confiance que placent en nous nos clients, pour faire de nous le leader marocain que nous sommes, depuis environ 70 ans.

Contrairement aux segments des infrastructures et des industries, c’est plutôt l’activité bâtiment qui a tiré Nexans Maroc vers le haut. Comment expliquez-vous cela ?
Il est certain que l’activité bâtiment se soit distinguée en 2014 grâce au lancement de nouveaux produits et services sur le marché local. Nous constatons une évolution du marché qui devient de plus en plus sensible à la qualité des produits et à la sécurité qu’ils apportent aux utilisateurs. Et étant donné que les installations électriques sont un facteur de risque pouvant affecter la sécurité des personnes et de leurs biens,  ces utilisateurs font de plus en plus appel à nos produits dans le cadre de leurs installations résidentielles, ce pourquoi nous constatons une croissance sensible des ventes des câbles de bâtiment.
Concernant les produits d’infrastructure et industriels, le maintien de leurs niveaux d’activité est une réussite en soi, considérant le contexte économique actuel.

Que pèse l’export dans le business de Nexans Maroc ?
Au niveau de l’export, nous poursuivons notre performance dans les pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire Ouest-africaine) qui constituent la première région cible de Nexans.
Notre présence renforcée dans ces pays, nous a permis de compenser les difficultés économiques d’autres pays en instabilité politique, tels que la Libye et le Burkina Faso.
Nous avons aussi pu surpasser la crise Ebola et avons maintenu notre politique d’accompagnement de nos clients via des actions d’animation du réseau de distribution. A ce titre, nous avons organisé différentes campagnes de communication et de sensibilisation à la sécurité des installations électriques basse tension, notamment à travers la formation de plus de 600 électriciens en Côte d’ivoire et en Guinée Conakry.  
Actuellement, l’export représente environ 30% des ventes Nexans et ma politique en tant que Directeur Général, est d’y poursuivre les investissements pour développer davantage notre présence et nos ventes et renforcer notre rôle de plateforme export pour le Groupe Nexans dans la région Nord et Ouest africaine.
 
L’on prête à Nexans Maroc la volonté de vouloir se lancer dans de nouvelles activités industrielles dès cette année. Qu’en est-il au juste ?
Il faut savoir, qu’en moins de 10 ans, nous avons réussi à faire de notre usine de câbles à Mohammedia, un centre de performance et de compétitivité du Groupe Nexans.
Parallèlement aux câbles d’énergie, l’usine produit des câbles automobiles et aéronautiques ; deux activités de haute technologie qui alimentent le marché européen aux exigences internationales très élevées.
C’est dans cette optique, que Nexans Maroc prévoit de lancer de nouvelles activités en cohérence avec sa politique d’accompagnement du développement industriel du Maroc, et en ligne avec la stratégie du Groupe Nexans de faire de l’usine marocaine une plateforme de compétitivité pour augmenter ses parts de marché en Europe et ce, à travers l’investissement dans  des métiers à très forte valeur ajoutée et basés sur le transfert de technologie et de savoir-faire.

Nexans Maroc et Alstom ont fêté les trois ans de leur Joint-venture, matérialisée par la société commune, Cabliance.  Quel bilan faites-vous de trois ans d’activité de cette co-entreprise ?
Durant ses 3 années d’activité, Cabliance a réalisé une performance remarquable, commençant par livrer la première rame du Tramway de Casablanca en Juillet 2012.
Cette jeune entreprise a réalisé plus de 90 millions de DH de chiffre d’affaires rien qu’en 2014. Elle a réussi sa certification ISO 9001 version 2008 et a été la première usine à être certifiée aux normes IRIS (International Railway Industrial Standrads) au Maroc en décembre 2014.
Au niveau de la production, elle a déjà produit plus de 6.500 faisceaux de câbles et plus de 1.000 armoires électriques destinés à fournir tous les types de matériels roulants d’Alstom.
En termes de développement des ressources humaines de cabliance, plus de 61568 heures de formation ont été dispensées au profit de 300 personnes et nous comptons renforcer sa main d’oeuvre, actuellement de 200 personnes, pour atteindre 600 personnes dans les  3 ans à venir.

Du côté du ministère de l’Industrie, l’on cite souvent Cabliance comme étant un cas d’école dans le cadre de la compensation industrielle. En quoi, l’est-elle réellement ?
Cabliance est la preuve la plus pertinente que la compensation industrielle est un excellent moyen de développer de nouveaux métiers industriels dans notre pays.
Sa création est liée à une vision politique et a un objectif économique, celui de vouloir développer au Maroc une industrie à partir d’un projet structurant, qui est celui de la ligne à Grande Vitesse.
De ce fait, la compensation industrielle, introduite dans la commande publique en général et dans des projets structurants tels que la LGV, signée entre l’Etat marocain et Alstom, est un moyen parfait de créer autour, un écosystème permettant de renforcer la chaîne de valeur, d’intégrer de nouveaux métiers industriels, d’importer de nouvelles technologies et bien sûr, de créer des emplois et de favoriser le développement industriel et social du Maroc.
En tant qu’industriel local et investisseur actif au Maroc, nous militons activement pour la systématisation de la compensation industrielle de tout marché public destiné aux entreprises non implantées au Maroc.

Quid des perspectives pour Cabliance ?
A l’échelle internationale, le marché des transports, qu’il soit automobile, aéronautique ou ferroviaire est en forte évolution, et bien évidemment Cabliance devra accompagner cette évolution.
Nous sommes à cet effet, très confiants quant à son développement à moyen et long termes, compte tenu de l’orientation de son business model et de sa cible vers le marché export.

Nous avons suivi dernièrement, les événements de changements dans le management du Groupe Nexans à l’échelle internationale, y a-t-il eu un impact sur la filiale marocaine ?

Le Groupe Nexans a changé de gouvernance avec un Président du conseil d’administration, sous la responsabilité de Frederic Vincent et un Directeur Général, sous la responsabilité de Arnaud Poupart Lafarge.
Ce mode de gouvernance correspond à celui de la filiale marocaine avec la nomination lors du dernier conseil d’administration, de Pascal Portevin le Directeur Général Adjoint du Groupe Nexans en charge de l’International et des Opérations, en tant que Président du conseil de Nexans Maroc et moi-même continuant à assurer la fonction de Directeur  Général.
Le changement au niveau du Groupe n’a, par conséquent, aucun impact sur la gouvernance de Nexans Maroc ou sur ses relations avec ses partenaires et clients.n

 
Article précédent

Arnaud Le Foll, directeur général de Total Maroc

Article suivant

Le bail commercial décortiqué pour les PME