Agroalimentaire

OCP. l’innovation dans la formation agricole est incontournable

Comment nourrir le monde équitablement sans endommager la nature ? Cette question fondamentale est directement liée au thème qui a fait l’objet du webinaire «Trait d’union», initiative lancée par le Groupe OCP, leader mondial dans la production et l’exportation des phosphates, sous le titre : « La formation agricole : quel modèle face aux enjeux climatiques et alimentaires ? ».

Les intervenants à ce webinaire combinent savoir théorique et expérience pratique. C’est ce qui fait la richesse de « Trait d’union » qui essaie de dresser une passerelle permanente, en articulant étroitement la réflexion théorique à la réalité concrète. Parmi les grands défis actuels de l’humanité figure en bonne place la question de la sécurité alimentaire, devenue inséparable de la crise écologique, due notamment au réchauffement climatique, et de la croissance des inégalités. 

Le monde change à grande vitesse. C’est un constat communément partagé. Dans ce changement, qui n’est pas fatal, l’être humain en est le principal acteur. Jean Marie Seronie, consultant agroéconomiste, membre de l’Académie d’agriculture, en France, spécifie ce constat en Union européenne (UE). L’économie mondiale est actuellement de plus en plus ouverte. Alors que l’Europe a pris l’habitude d’appliquer des règles de protection. Le processus mondial de décarbonation impose des changements radicaux dans la production et la consommation.

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L’agriculture est de plus en plus appelée à se baser sur des «cycles du vivant», et à recourir de moins en moins aux produits chimiques pour améliorer les rendements. D’où la nécessité urgente de développer de nouvelles compétences adaptées aux nouvelles exigences et pour répondre aux besoins inhérents à l’évolution de la demande. L’approche écologique a tendance à se généraliser. Anastasia Boucheron, directrice au sein de l’Association nationale des industries alimentaires en France, confirme cette transition écologique nécessaire, tout en y ajoutant le rôle croissant des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Elle rappelle le poids et l’importance du secteur de l’industrie agro-alimentaire (IAA) dans l’Hexagone, représentant 18% du chiffre d’affaires du secteur industriel (198 MM d’euros, en 2021). C’est la 3ème filière industrielle qui contribue à la balance commerciale de la France. 70% de la production agricole est transformée en France par l’IAA. 80% des produits alimentaires transformés sont consommés en France qui en est aussi le 3ème exportateur mondial. Mieux, l’IAA est le 1er employeur dans le secteur industriel, avec plus de 435 000 emplois.

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Bruno Gérard, Professeur à l’Université polytechnique Mohammed VI, au Maroc, a d’abord été un homme de terrain, avant d’enseigner dans cette prestigieuse université. Pour lui, la recherche scientifique devrait être toujours contextualisée. Il souligne le triple choc actuel que subit l’Afrique : climatique, démographique et économique (marché international). La sécurité alimentaire est le défi prioritaire actuel du continent africain, première victime du réchauffement climatique. Il est question non seulement de produire plus, mais aussi mieux, tout en polluant moins.

Pierre Blaise Ango, président du réseau international Formation agricole et rurale (FAR), a essayé de décortiquer la complexité de la situation actuelle de l’agriculture en Afrique, liée notamment à la défaillance des systèmes d’éducation. Les jeunes africains ont souvent une perception négative de l’agriculture et de la ruralité. L’urbanisation est assimilée à la modernité.

L’exode rural ne trouve pas de solution dans l’urbanisation croissante. Pour lui, le grand défi, en Afrique, est de «passer de l’agriculture comme mode de vie» à «l’agriculture comme métier». J.M. Séronnie, qui a beaucoup pratiqué le conseil agricole, tient à mettre l’accent sur les spécificités locales qui seraient pour lui déterminantes dans le développement agricole. L’adaptation agricole impose cette observation rigoureuse des spécificités agricoles locales. En Europe, le principe de séparation entre l’activité de conseil et celle de négoce dans le domaine agricole, a été entamée, compte tenu des risques inhérents aux conflits d’intérêts.

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Par ailleurs, le mode de vie de l’agriculteur devrait être revalorisé, si l’on veut réhabiliter l’activité agricole et y attirer plus de jeunes. Les revenus agricoles dépendent surtout de la capacité d’innovation et d’adaptation à la demande. Pour Bruno Gérard, l’avenir est dans la multidisciplinarité. L’impact des nouvelles technologies est certes évident mais non magique. Le travail de vulgarisation des nouvelles connaissances et techniques agricoles respectueuses de l’environnement, au-delà de la recherche scientifique, est indispensable.

L’agriculture a besoin de «modèles localement adaptés» et non pas d’un «modèle unique». La réalité est diversité. Ne pas tenir compte de cette diversité, c’est préparer aveuglément l’agonie de ce qui reste en vie. L’immersion dans la réalité est incontournable pour développer une efficience prudente dans la formation agricole. C’est là une idée qui rappelle l’approche défendue, au Maroc, dans les années 1970 et 1980, par Paul Pascon, ce sociologue intransigeant qui a tenté de mettre en place une véritable «praxis » dans la formation des ingénieurs agronomes, au sein de l’IAV Hassan II, à Rabat. 

 
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