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On n’oubliera jamais la VAR au Hay Mohammadi

Ne nous y trompons pas et notons-le en lettres d’or dans le grand livre du football marocain. Ce qui s’est passé samedi 9 novembre 2019 à Tanger est quasiment un évènement de taille XXL, grandeur nature.

En demi-finale de la Coupe du Trône, le TAS a éliminé le DHJ et jouera sa première finale pour ce club populaire au sens propre du terme. 

Donc historique et populaire, deux qualificatifs qui vont bien à cette réussite du TAS, ce Tihad bidaoui, issu du Hay Mohammadi, quartier dortoir pour les ouvriers recrutés dans les usines et établissements industriels qui se sont établis à Aïn Sebaâ du temps du Protectorat.

Dans ce quartier éloigné, à l’époque, du centre de Casablanca et où fleurissaient les bidonvilles, jamais les difficultés de la vie quotidienne n’ont empêché la sève du nationalisme militant de couler dans les veines de ses habitants.

Il n’est pas anodin que parmi les fondateurs du club on trouve un certain Abderrahman Yousfi, figure de la gauche marocaine et qui fut le Premier Ministre que l’on sait. Si Yousfi sera à Oujda, lundi 18 Novembre pour voir la finale de son club de cœur.

Une finale qu’un autre homme, une personnalité nationale aurait pu suivre aussi, si une terrible maladie ne le clouait au lit depuis de longues années. On parle ici de Abderrazak Afilal dont le militantisme pour la classe ouvrière ne peut être contesté par personne. 

Afilal, fut un président tonitruant et vitupérant (on vous dira plus loin pourquoi), dont la personnalité de syndicaliste allait comme un gant aux jeunes du Hay Mohammadi. Un Hay qui n’a jamais oublié la visite que feu Mohammed V y effectua dès son retour d’exil, à l’aube de l’indépendance, comme un hommage aux valeurs déployées dans un quartier où, ne l’oublions jamais, naquirent aussi les héros de Nass Al Ghiwane.

Un quartier légendaire, je vous dis qui, jamais ne s’offusqua d’être à l’ombre des «grands» de Casa, car il avait sa propre personnalité et ses propres couleurs qui longtemps, du temps de Larbi Zaouli, consistaient en une tunique blanche qui le fit comparer au Réal de Madrid.

Comparaison exagérée et qui faisait bien rigoler les coéquipiers de Bouchaïb, feu Bouassa ou Meskini car souvent ils se passaient de primes de match et même de ces fameuses primes de signatures qui, en début de saison, étaient incontournables dans beaucoup de clubs. Mais pas au TAS où on jouait pour le club, le Hay et sous la férule d’un Larbi Zaouli qui parfois au Stade d’Honneur, quand le TAS y recevait dans les années 60 et 70, payait à ses merveilleux joueurs une bouteille de limonade et juste le ticket de bus pour rentrer chez eux.

Grâce à Abderrazak Afilal, quand le jeu politique le mit à la tête du Conseil Municipal, le TAS a eu son propre stade dénommé Larbi Zaouli, et qui aujourd’hui encore se dresse près du cimetière Chouhada, à Aïn Sebaâ, aussi désert et mort que le cimetière

Au TAS, il y eut Bouassa, pro à Lyon et qui mourut poignardé dans une rixe un samedi soir à Casa.

Au TAS, il y a Ghazouani, l’ailier gauche qui fit la passe décisive au rajaoui Houmane en Coupe du Monde 70 contre l’Allemagne.

Au TAS, il y a aussi le fantastique Mehdi, dont beaucoup, vu sa modestie, ont oublié qu’il a été l’un des champions d’Afrique de 1976.

Au TAS, il y a eu un président Afilal, qui avait choisi d’interdire les caméras de 2M sur «son» stade estimant, que le partage des droits de retransmission n’était pas clair. Bataille d’avant-garde qui, tout en provoquant la réaction furibonde de la star Samira Sitail qui, professionnelle jusqu’au bout des ongles, en fit une émission sur les zones d’ombre du sport national, oui bataille d’avant-garde qui aujourd’hui encore, 30 ans plus tard, peut être appliquée à la chaîne Arryadia, si l’on en juge par les banderoles affichées çà et là dans les tribunes marocaines.

Revenons au TAS qui, comble de cette belle histoire, va être le premier club marocain à bénéficier de la technique de la VAR (Vidéo-Assistance-Référée) qui samedi, a «vu» ce que ni l’arbitre ni une grande partie du public ou des téléspectateurs n’aura vu. Et ce fut le fameux pénalty qui, à la toute dernière minute d’un match de 2 heures, qualifia le TAS pour son exploit.

Zaki et le DHJ peuvent râler tout ce qu’ils peuvent, mais c’est le TAS qui, ce 18 Novembre jouera à Oujda une finale, que l’on espère magnifique, et qui est d’ores et déjà historique.

Le Hassania d’Agadir, superbe vainqueur du MAT (Tétouan) dans l’autre demi-finale, ferait bien de se méfier de ce TAS où la passion, l’engouement et l’élan qui l’animent en cette finale à Oujda, pourraient combler toutes les lacunes techniques ou physiques.

Oui, le club gadiri parait favori sur le papier. Mais qui a dit que les pronostics se vérifiaient en football. Sans gâcher la joie de nos amis gadiris (et même si on en a beaucoup car ce club est des plus sympathiques) sur un match, un seul, interviennent souvent des choses que la raison ne contrôle pas à l’avance. C’est plus que le coté psychologique, plus que la motivation, c’est quelque chose d’impalpable. Quelque chose qui plane dans l’air et qui fait que, en un jour donné, on arrive à se transcender.

Bonne chance à tous, mais répétons-le aux soi-disant  favoris. Une équipe avertie en vaut deux.

Et il en faudra beaucoup pour passer sur les ambitions d’un TAS qui peut être écrasé par la solennité de l’évènement et le protocole spécial d’une finale de Coupe du Trône, comme il peut être galvanisé et alors devenir irrésistible, comme samedi Zaki en a fait la douloureuse expérience.

 
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