Tourisme

Othmane Cherif Alami : « Le sport et le tourisme doivent être des moteurs de développement et de promotion des territoires »

La 29ème édition des « Mardis du Tourisme », organisée par Premium Travel News, met le sport à l’honneur. Intitulée « Tourisme sportif : entre potentiel et réalité ? », cette conférence a été l’occasion de débattre de la place du sport en tant que levier de développement touristique et économique, avec la participation de Mehdi Sekkouri Alaoui, Président de la Fédération Marocaine des Professionnels du Sport, et de Othmane Cherif Alami, Président du Conseil Régional du Tourisme Casablanca-Settat.

Selon l’OMT, le tourisme sportif est l’un des segments touristiques en plus forte expansion. Les touristes sont de plus en plus nombreux à s’intéresser aux activités sportives pendant leurs voyages. Après être revenu sur la notion de tourisme sportif et ses composantes, Othmane Cherif Alami a d’emblée soulevé les mutations que connait le secteur à l’ère du digital, en faisant notamment référence au développement remarquable des jeux en ligne et du e-sport. « C’est une notion que nous devons inclure dans nos services », a-t-il dit.

Factuel, Othmane Cherif Alami ne se voile pas la face concernant l’état des lieux du tourisme sportif au Maroc. « Aujourd’hui, moins de 1% du PIB est représenté par les activités sportives et touristiques. On est très loin du minimum de 5% pour avoir une certaine visibilité », a-t-il déploré, regrettant par ailleurs le manque d’actions de même à propulser le Maroc dans cette voie : « Les intentions n’ont pas été suivies au niveau des investissements, de la fiscalité, des facilités, des mises à disposition, et de la formation. »

« Je crois que sur le tas, nous avons atteint une prestation de service sport et tourisme respectable dans les différentes unités hôtelières, et ensuite on a vu se développer de grandes destinations grâce au golf qui a été un des premiers vecteurs se présentant au marketing moderne avec le fameux trophée Hassan II. Ce n’est pas autant qu’il y a eu des investissements annexes au profit du golf », a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « nous avons la grande capitale touristique de Marrakech, qui a été une des premières à lancer les grands parcours de golf, adossés à des projets immobiliers, adossés à des hôtels et des unités hôtelières. »

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Othmane Cherif Alami a fait référence aux réalisations du Maroc, notamment en ce qui concerne les sports aquatiques entre Essaouira et Dakhla, le Surf dans les régions de Casablanca, Larache et Imsouane, le Rallye de l’Atlas, le tour du Maroc cycliste, ou encore le marathon des sables. Il estime toutefois que « c’est largement insuffisant compte tenu du potentiel du Maroc ».

Le constat est le même pour Mehdi Sekkouri Alaoui qui a soulevé les faiblesses des liens entre le sport et le tourisme au Maroc, auxquels il faut donner, selon lui, davantage de rayonnement et les mettre davantage en avant, notamment de la part des décideurs publics. « Il y a eu un tournant au début des années 2010 où on a eu un début de politique d’accueil de grands événements internationaux, notamment par l’inauguration des grandes infrastructures dont le grand stade de Marrakech. On s’est rendu compte à ce moment-là que le sport peut apporter beaucoup de choses au pays », a-t-il déclaré. « Sans moyens assez importants de l’Etat pour qu’on puisse promouvoir et multiplier les grands événements, on ne pourra pas aller plus loin que ça sur le plan événementiel et sportif », a-t-il poursuivit.

« Il faut certainement passer à la vitesse supérieure. Nous sommes en 2022 et le sport et le tourisme doivent être stratégiques, comme moteurs de développement, d’image et de promotion du capital touristique marocain mais également des territoires. Avec les moyens que nous avons, il faut qu’on calcule de plus en plus l’impact sur le tourisme et le territoire », a déclaré de son côté Othmane Cherif Alami.

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Mehdi Sekkouri Alaoui distingue deux types de touristes sportifs, le touriste « spectateur » qui est attiré par le spectacle, qui fera le déplacement pour assister aux grandes compétitions, et il y a le touriste « acteur », qui lui a envie de découvrir une destination et en même temps faire de l’exercice physique (la randonnée, la plongée sous-marine, etc.).

Loin des événements de grande taille, Mehdi Sekkouri Alaoui constate qu’au Maroc, le sport et le tourisme se sont beaucoup rapprochés à l’ère du Covid 19. « Durant le Covid, le marocain a redécouvert le sport, et a aussi redécouvert son pays du fait de la fermeture des frontières ». « Les offres d’activités sportives ont augmenté considérablement et se sont également diversifiées ». Pour Othmane Cherif Alami, il faut capitaliser sur cette tendance interne nouvellement installée, pour faire de l’inclusion par le sport. « Ces jeunes qui n’ont ni stage, ni diplôme, ni emploi, et qui après une formation de 8 à 12 mois, deviennent coachs certifiés en sport, et rentrent dans les grands hôtels clubs pour y travailler », a-t-il déclaré. « Le sport pour tous doit commencer par les jeunes, en remettant l’éducation sportive dans les écoles primaires », a-t-il conclu.

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M. Kamal Lahlou, Vice Président du Comité national olympique marocain (CNOM), a déclaré : « Je voudrais d’abord vous parler de la finale de la champions league, non pour les incidents, mais par rapport à notre sujet. Les hôtels parisines avaient un taux d’occupation inédit, les bars et les restaurants ont réalisé un CA exceptionnel, les musées et la Tour Eiffel ont refusé du monde, pourtant l’offre à Paris est parmi les plus importantes au Monde ». Et de poursuivre :  » Au Qatar, tous les hôtels affichent complet pour la période de la coupe du monde et les gens se rabattent sur les Emirats, même si les prix sont excessifs. Mais il ne faut pas raisonner que sur les mégas événements. Toutes les compétitions sportives peuvent être mises à profit. On pourrait imaginer des produits qui offrent une visite des sites touristiques avec le ticket et le transport au stade. A Barcelone, les hôteliers proposent ce genre de produits et cela fonctionne à merveille. Bien entendu, cela présuppose des accords avec les organisateurs. Le sport marocain a l’ambition de devenir un vecteur de croissance. Le tourisme est un excellent levier tout désigné. Pour y arriver, il faut que l’organisation soit impeccable. On peut y arriver s’il y a un vrai dialogue entre les autorités sportives et les opérateurs du tourisme. C’est un chantier que vous ouvrez aujourd’hui par ce débat. »

Le cycle des conférences « Les Mardis du Tourisme » a pour objectif de créer le débat autour d’une problématique et contribuer à positionner le secteur du tourisme comme étant un secteur prioritaire sur les agendas des pouvoirs publics et des acteurs privés liés directement ou indirectement par ce secteur.

 
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