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Ouarzazate-Errachidia : des projets révolutionnaires

L’axe Ouarzazate-Errachidia a été pendant longtemps le parent pauvre des politiques publiques territoriales. Ce sont les régions qui affichent les taux de pauvreté les plus élevés et qui accumulent les déficits les plus importants en infrastructures et en zones d’activités. Certes, la zone a connu un développement touristique important mais cela n’a pas suffit à résorber les déficits et les populations ont le sentiment d’être des laissés pour compte. D’où un taux inquiétant d’émigration des jeunes vers les grandes villes du littoral et bien des localités se vident de leur population. Une action vigoureuse de l’Etat était attendue pour impulser une nouvelle dynamique au développement de cette région qui dispose de potentialités considérables: un précieux capital historique et religieux puisque la zone est le berceau de l’actuelle dynastie, un patrimoine architectural exceptionnel, de magnifiques sites paysagers et un important ensoleillement qui en fait un immense réservoir de l’énergie solaire. S’appuyant sur tous ces atouts, le Souverain lance deux grands projets structurants qui vont bouleverser l’économie de cette région à moyen terme: le Plan Solaire Marocain et la stratégie de développement des zones oasiennes. 

>> Le développement du Solaire à Ouarzazate  

C’est à partir de Ouarzazate que le Maroc entame sa transition énergétique par la grande porte. Le Plan Solaire Maroc ambitionne de produire 2 000 mégawatts d’énergie à l’horizon 2020 grâce aux énergies vertes comme le solaire, l’hydraulique ou l’éolien. Cette ambition se confirme et se consolide à travers le lancement de la deuxième phase du programme intégré d’énergie solaire. 

Lancé en 2009, sur initiative royale et géré par le Morocan agency for solar energy (MASEN), le projet du complexe solaire d’Ouarzazate est le premier d’une série de plusieurs centrales qui doivent d’ici 2020 totaliser une puissance de 2 000 MW. C’est une composante essentielle du Plan solaire marocain (PSM)qui comprend également les sites  d’Ain Bni Mathar, et les sites de Foum El Oued, Boujdour et Sebkhat Tah. D’autres sites comme ceux de Midelt et de Tata seraient retenus pour abriter de prochains projets du plan solaire marocain Noor. La mise en œuvre du plan solaire marocain va permettre d’ici 2020 de produire 2000 mégawatts et de couvrir ainsi 14% des besoins énergétiques de notre pays.. L’objectif stratégique recherché est d’arriver à ce que la part des énergies renouvelables représentera 42% de la capacité électrique installée. A travers ces projets solaires et ceux développés dans l’éolien, il s’agit de réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles pour à la fois soulager notre balance de paiement et gagner le pari de la croissance verte et réduire les émissions des gaz à effet de serre. Selon les responsables de MASEN la station thermo-solaire de 160 MW Noor Ouarzazate I, sera opérationnelle à partir d’août 2015.Tout devrait être prêt d’ici l’été de l’année prochaine. L’injection des premiers kwh au réseau de la centrale thermo-solaire de Noor Ouarzazate 1 se déroulera en août 2015. Les travaux de Noor «se déroulent conformément au planning prévu, après le bouclage de toutes les étapes d’adjudication et de mise à disposition des financements». Noor I est une centrale solaire d’une capacité de 160 MW. La durée prévue de construction est de 22 mois avec un budget estimé à 600 millions d’euros. Cette tranche avait été attribuée le 25 septembre 2012 à un consortium mené par le groupe saoudien ACWA associé aux entreprises espagnoles Aries IS et TSK EE. Filiale du groupe, Acwa Power avait donné le feu vert du lancement du chantier le 29 avril 2013 au consortium Acciona, le géant du BTP en Espagne pour construire l’une des plus grandes centrales CSP à capteurs cylindro-paraboliques au monde. L’Office national de l’électricité(ONEE) rachètera par contrat à long terme et à prix fixe l’électricité produite par la centrale. Le terrain qui accueille ce projet est localisé sur un site appelé Tamzaghten Izerki qui s’étend sur 2 500 ha. Il se trouve à environ sept km au nord-est de la ville d’Ouarzazate dans la région de Souss-Massa-Draa, au sud-ouest de Marrakech. Il est situé près d’un barrage dont l’eau est un élement indispensable pour nettoyer régulièrement les miroirs. Trois autres stations sont prévues dans la région de Ouarzazate : il s’agit de Noor II, Noor III et Noor IV. Le 1er aout 2013, Masen avait révélé les sept consortiums pré-qualifiés pour Noor II et Noor III. Parmi ceux-ci, on retrouve Acwa mais aussi un grand nombre d’entreprises internationales dont Edf, GDF-Suez,Alstom ainsi que des groupes espagnols ou américains.

De par son ampleur, le projet solaire marocain est extrêmement ambitieux et complexe, car peu de centrales de ce type fonctionnent à cette échelle dans le monde et les phases de test et de qualification risquent de s’étendre bien au delà de l’été 2015. Un rapport de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement a souligné certaines des contraintes majeures auxquelles est confronté l’ambitieux projet solaire marocain et qui sont toutes liées aux montants exorbitants des investissements et à l’impossibilité d’exporter de l’énergie créée par celles-ci à court et moyen termes. Pour la Banque Mondiale, le marché de l’Union Européenne n’est «pas encore capable d’absorber des importations d’énergies renouvelables provenant de l’extérieur» de ses frontières. La conséquence, est que le Maroc devra encore emprunter sur le marché international à des conditions préférentielles pour ne pas grever son budget par de lourdes charges financières. Dans tous les cas, le plan solaire fait désormais partie de ces grands projets structurants qui placent notre pays en bonne position dans la compétition pour maîtriser les ressorts de la croissance verte. 

>> La stratégie de développement des zones oasiennes et de l’arganier

Les provinces présahariennes sont bien intégrées dans l’approche royale de l’aménagement du territoire qui s’appuie sur les vocations et les potentialités de chaque territoire pour promouvoir son développement. La stratégie de développement des zones oasiennes et de l’arganier a été lancée, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Errachidia le 04 Octobre 2013.. 45 programmes ont été identifiés mobilisant une enveloppe de 93 milliards DH dont 84 milliards sont en cours de réalisation par les départements ministériels. L’ANDZOA mobilisera 8 milliards DH à l’horizon 2020. Le développement des zones oasiennes et de l’arganier qui prend en compte les potentiels de chaque région, comporte un volet économique qui vise des objectifs ambitieux à l’horizon 2020 pour créer davantage de postes d’emplois et améliorer les revenus de la population en milieu urbain et rural. La stratégie comporte aussi un volet social qui concerne le renforcement des services de base dédiés à la population. Le plan de développement des zones oasiennes et de l’arganeraie prévoit également un volet environnemental qui porte essentiellement sur la protection des ressources à travers la sensibilisation de la population sur l’importance des forêts, la préservation des ressources hydriques et de la diversité écologique, la lutte contre la désertification et la requalification de 200 hectares de forêts, notamment l’arganier. À l’occasion de la présentation de la nouvelle stratégie de l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier le 04 Octobre 2013 devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, trois conventions relatives à la mise en œuvre de cette stratégie ont été signées par le ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, le directeur général de l’ANDZOA, ainsi que les gouverneurs et présidents des conseils des provinces et préfectures concernées.

– La première convention concerne la mise à niveau et le développement des communes rurales des provinces de: Ouarzazate, Tinghir, Errachidia, Midelt et Figuig avec un budget estimé à 374,7 millions de DH;

– La deuxième convention concerne la mise à niveau et le développement des communes rurales des préfectures et provinces de: Agadir Idaoutanane, Essaouira, Taroudant, Tiznit, Chtouka Ait Baha et Inezgane Aït Melloul, avec un budget estimé à 464 millions de DH;

– La troisième convention concerne la mise à niveau et le développement des communes rurales des provinces de: Guelmim, Tata, Assa Zag, Sidi Ifni et Zagora avec un budget estimé à 271,5 millions de DH.

La mise en œuvre de ces conventions couvre différents secteurs, à savoir: les infrastructures de base, la santé, l’éducation et la formation, le tourisme et l’artisanat, l’agriculture et la gestion rationnelle des ressources hydriques, ainsi que le secteur socioculturel et sportif.

La mise en œuvre de cette stratégie sera pilotée par l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier sur la base d’une approche intégrée et participative impliquant toutes les forces vives et prenant en considération l’ensemble des stratégies sectorielles mises en œuvre au niveau du Royaume. L’ANDZOA adoptera un système de suivi et de contractualisation avec tous les départements ministériels concernés, ainsi qu’avec les acteurs locaux. Pour le ministre de l’Agriculture «L’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier, une expérience unique fondée sur un modèle innovant qui offre une double impulsion au secteur phoenicicole et arganier, une agence qui dépend d’un écosystème formé à la fois de l’argan et des oasis. Elle représente également un levier qui fait converger les différents programmes de l’ensemble des départements pour une réhabilitation des zones rurales qui souffrent de grands retards». A cette occasion, le ministre a souligné l’amélioration de la production nationale des dattes, qui s’est élevée, durant l’exercice en cours, à 117.000 tonnes contre 110.000 tonnes en 2012, imputant cette performance aux investissements hydrauliques ainsi qu’au renforcement de l’entretien des palmeraies. Par ailleurs, le chiffre d’affaires généré par la filière avoisine les 2,5 milliards de dirhams. Il est en nette amélioration et l’impact des investissements entrepris en 2013 se fera sentir surtout en 2017. Mais le ministère de l’Agriculture n’a pas manqué de souligner le problème majeur que constitue la commercialisation des produits dattiers. A cet effet, des conventions de partenariat sont signées entre ce département et les trois grandes enseignes de grande et moyenne surfaces au Maroc, à savoir Marjane, Label vie et Asswak Assalam et ce, pour faciliter la commercialisation des produits des oasis. 

 
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