Politique

Participation des femmes marocaines à la politique. Un chemin parsemé d’obstacles et de tabous

Portant le titre «Dictionnaire. Historique des partis politiques marocains», l’ouvrage réalisé par la Fondation Konrad-Adenauer-Stiftung, en partenariat avec l’association TAFRA, et cofinancé par l’Union Européenne, constitue une petite incursion dans la vie politique marocaine, plus précisément dans la réalité effective de la participation des femmes marocaines à la politique.

Cette publication s’inscrit dans le projet «Engageons-nous ! Pour plus de femmes en politique au Maroc et au Bénin». Malgré son caractère non exhaustif et ses insuffisances méthodologiques, ce document aborde une dimension fondamentale de la politique et suscite des interrogations incontournables en matière de démocratisation effective de la société marocaine. 

Le dictionnaire vise à promouvoir l’inclusion des femmes dans les centres de prise de décision des partis, du gouvernement, du parlement et des collectivités locales et régionales. Il retient à cet effet les partis actifs durant les 20 dernières années en se basant sur le critère de présence au Parlement. La représentativité féminine, est recherchée dans les bureaux politiques et le Parlement durant la même période et du gouvernement entre 1963 et 2022.

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Le document de 54 pages est structuré en quatre parties : les deux premières présentent un «Préambule» et un «avant-propos», la troisième partie analyse «La représentation politique des femmes au Maroc», et la quatrième partie s’attache à la «Présentation des partis politiques représentés au Parlement depuis 2002 organisés par ordre alphabétique». L’ouvrage affirme que la représentation féminine a largement augmenté sur la période étudiée, reflétant la tendance mondiale, mais qu’en dépit des progrès, un retard notable est relevé pour ce qui est de la parité.

En effet, si les femmes font leur entrée sur la scène politique en 1998-2002 (nomination de 4 secrétaires d’État au gouvernement Jettou 2), ce n’est qu’à la faveur de la politique des quotas qu’elles intègrent le Parlement (élections de 2002) et les collectivités locales (2003). Nonobstant cette discrimination positive, les femmes peinent à être élues en dehors des quotas, n’accèdent aux fonctions gouvernementales que par nomination et se recrutent dans l’élite et non dans la base.

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Quant à la présentation des partis politiques, le dictionnaire, recense 32 partis, les classe par ordre alphabétique, et les soumet à une grille de lecture subdivisée en 10 rubriques. Ce qui appelle plusieurs remarques dont les principales sont :

Au niveau du thème, il est important d’éclairer une question longtemps éludée : l’objectif de promouvoir l’inclusion féminine n’apparait pas dans le titre : «dictionnaire historique des partis politiques marocains».

Pour sa part, la quatrième partie qui cherche, à l’instar de tout dictionnaire à définir succinctement les partis politiques, gagnerait en pertinence, à affiner davantage la méthodologie, la définition des outils d’analyse, les concepts et les notions.

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Ainsi la rubrique «idéologie» englobe un amalgame (idéologie, positionnement, etc.) : socialiste (USFP), centriste (MDS), Socialiste, gauche progressiste, et moderniste (pour le FFD) ; socialiste, démocratique, rationaliste, et moderniste (pour la GSU) ; Droite, démocratique, moderniste, rural (pour PND) … 

De même, la rubrique «groupe(s) politique(s)» retient : Famille Harakie (pour ADL car issu du MP) ; Partis des années 2000 (pour Parti de l’Unité et de la Démocratie bien qu’issu du PI qui est catalogué nationaliste et conservateur) ; Partis administratifs (pour Parti de l’Unité et de la Démocratie), Partis des années 2000 ; Partis nationalistes (pour PDI). Cette rubrique gagerait à être intitulée «mouvance» ou «origine».

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Puis, il y a parfois des omissions et des erreurs. Ainsi, la rubrique «description» n’obéit pas à une logique prédéterminée. Parfois, on cite le fondateur (même décédé) et on ne cite pas l’actuel SG ou Président. Parfois on rappelle la profession du fondateur du parti. D’autres fois, on cite un fait (emprisonnement du SG).

Quant aux erreurs, on relève feux Mehdi Ben Barka, Abdallah Ibrahim, Sheikh el islam Bellarbi Alaoui comme fondateurs de l’USFP. Pour la présentation du MP, Mohand El Ansar n’est pas du tout cité. Une confusion est à observer entre Al Ahd et Alliance des libertés.

 
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