Blog de Jamal Berraoui

Peut-on être sérieux un moment ? par ( Jamal berraoui )

J’ai un énorme respect pour Ahmed Assid, c’est un penseur prolifique, courageux, très cohérent avec lui-même. Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec toutes ses positions même si sur la laïcité, l’amazighité (en dehors du Tifinagh) je suis sur la même ligne.

Dans le débat actuel sur les droits des homosexuels, lancé par une initiative sur internet, que je n’appuie pas nécessairement, Assid s’est exprimé. Qu’est-ce qu’il dit ? Tout simplement que défendre les droits des minorités, y compris sexuelles renforce l’Etat de droit et qu’il ne fragilise aucunement la société. A moins d’avoir raté un épisode, jamais je n’ai vu ou lu le professeur Assid faire l’apologie d’une préférence sexuelle quelconque.

Par contre, ses contradicteurs n’ont pas la même dignité. Ainsi, l’un d’entre eux écrit « en appelant les homosexuels à exercer leurs prétendus droits naturels, Assid leur permet de copuler avec leurs ascendants en public ». Je n’ai pas ajouté un seul mot, c’est aussi stupide que cela et c’est publié par un quotidien arabophone à grand tirage dans la rubrique opinions et signé professeur X. La chute de ce papier indigne est ridicule. « Des études ont prouvé que les détenus dans les prisons américaines qui se convertissent à l’Islam deviennent pacifiques, généreux, meilleurs ». C’est d’abord faux, mais quel est le lien ? L’auteur nous éclaire, « la solution pour les homosexuels c’est de retrouver la tendance naturelle de l’humanité à travers l’Islam ».

Je n’ai aucune envie de reposer le débat sur l’homophobie et l’homosexualité en général, qui existe depuis que les hommes sont sur terre. Mais je remarque que l’on ne peut parler de phénomènes sociétaux sans avoir affaire à ce genre de commentaires.

Défendre la liberté sexuelle des femmes, leur droit à disposer de leur corps ? Un journaliste d’Al Ahdath a fait l’objet d’un appel au meurtre pour l’avoir osé. Pourtant, le Maroc est signataire de conventions internationales qui vont dans ce sens. Aïcha Chenna, une sainte femme, est accusée de vouloir détruire la société marocaine parce qu’elle offre une seconde chance aux filles-mères. Une artiste qui dévoile une jambe est traitée de prostituée. Alors que les fatwas absurdes, nécrophiles, désaxées sont saluées comme des scoops.

Ce n’est pas tellement les propos qui me gênent, ni leurs auteurs, des frustrés souvent pédophiles, mais la publicité qui les entoure. C’est aux confrères qui publient ces âneries que j’en veux. Si Ahmed Assid a le cuir tanné, cela fait des années qu’il combat les ténèbres de l’ignorance. Il a mon soutien, il le sait depuis longtemps. La raison finira par vaincre, parce que sinon c’est la barbarie qui l’emportera.

 
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