Finance

PLF 2020 : un air de déjà-vu

Le processus budgétaire qui vient d’être lancé, le 9 août, par le chef du gouvernement, ne semble guère exprimer réellement le souci pratique d’innover et d’anticiper les changements annoncés dans les orientations royales stratégiques.

Le chef de gouvernement vient d’envoyer, le 9 août, la note de préparation du projet de la loi de finances pour l’année 2020. Cette note précise le cadre dans lequel intervient cette préparation du prochain budget annuel. Ce cadre correspond au 20 ans de règne, et plus de 8 ans après l’adoption de la Constitution de 2011, dont la déclinaison connaît un grand retard. Ladite note évoque aussi la commission chargée du modèle de développement qui sera incessamment mise en place par le Roi.

La logique de continuité l’emporte dans le contenu de ladite note. L’économie nationale demeure fortement influencée par les facteurs externes et par Dame Nature. Ce sont là des facteurs déterminants dans le processus de la décision budgétaire. Endettement (surtout interne), aggravation continue du déficit commercial, limitation des réserves en devises à presque 5 mois et quelques poussières, recours à la privatisation pour colmater les brèches… telles sont les principales caractéristiques du contexte économique national, prises en compte, dans la préparation du PLF 2020.

Les priorités du gouvernement sont définies à partir des orientations royales sans pour autant être déclinées en politiques publiques. Elles concernent en priorité l’appui aux « politiques sociales », c’est-à-dire l’accélération des réformes du système d’éducation et de formation, en insistant sur le « développement de l’esprit entrepreneurial », l’amélioration et la généralisation des services de santé et l’accès des classes pauvres et moyennes au logement salubre. Il est aussi question de réduire les inégalités sociales et territoriales et de mettre en place des instruments de protection sociale, à travers notamment l’extension du système de couverture sanitaire « RAMED » aux travailleurs indépendants, aux étudiants… La mise en œuvre du « registre social unique » doit permettre de mieux cibler les bénéficiaires. Figurent aussi parmi les priorités, l’encouragement de l’investissement et l’appui aux entreprises, en particulier les PME et les TPE (Toutes petites entreprises), ainsi que les entreprises d’exportation, en contribuant à l’amélioration de leur compétitivité sur le marché international. Enfin, la continuité des grandes réformes concerne le système judiciaire, la lutte contre la corruption, la régionalisation avancée, la déconcentration administrative, la modernisation de l’administration publique, la réforme du système de retraite, la loi organique des finances, l’investissement public et la réforme fiscale.

Taux de croissance fixé à 3,7%

Pour l’année 2020, les prévisions économiques, basées sur une estimation de 350 dollars la tonne de butane et une production annuelle céréalière moyenne de 70 millions de quintaux, sont de 3,7% pour le taux de croissance économique, avec 3,6% pour le PIB non agricole, contre 3,3% en 2019 et 2,6% en 2018.

Les dépenses à mobiliser dans le cadre du dialogue social devront atteindre 6 milliards de DH, en 2020, alors que la caisse de compensation devra absorber 13,6 milliards de DH. Ainsi, l’ensemble des administrations est appelé à « serrer la ceinture », à bien justifier leurs propositions de création de postes budgétaires, à donner la priorité au redéploiement des ressources humaines disponibles et à rationaliser les dépenses de fonctionnement tout en révisant le mode de gestion des dépenses d’investissement dans un objectif d’efficience et d’impact effectif sur les conditions socio-économiques des citoyens.

Globalement, cela devrait permettre la réalisation de quelques économies. Quant aux grandes réformes, elles ne semblent, pour le moment, guère être au rendez-vous.

 
Article précédent

Longs trajets : jouez la carte de la sécurité !

Article suivant

Aéroportuaire : au diapason de la dynamique aérienne mondiale