Finance

PLF 2021 : l’urgence d’un débat sociétal

Chaque année, le Projet de loi de finances est (ou en tout cas devrait être) un moment crucial de débat public, où la politique retrouve son sens le plus noble du terme, celui d’un débat sur des choix de politiques publiques ayant une incidence directe ou indirecte sur l’ensemble de la collectivité.

En effet, il s’agit d’un moment où la politique devrait être réhabilitée en tant que cristallisation des contradictions sociales. La perception actuellement dominante est caractérisée par le technicisme budgétaire. C’est ce qui laisse de nombreux acteurs sociaux à la marge de ce débat fondateur de la citoyenneté active qui donne substance à la démocratie. La situation actuellement déficitaire de ce débat résulte de plusieurs facteurs parmi lesquels la faible connaissance ou le déficit de formation des journalistes dans ce domaine. Cette carence est à observer de manière plus large chez les ONG, les partis politiques et les syndicats, y compris la plupart des parlementaires membres de la commission des finances.

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Elle est aggravée par les multiples barrières au droit d’accès à l’information budgétaire. Le grand défi actuel est de transformer ce débat à prédominance technique, en débat réellement public. Les citoyens, en tant qu’entrepreneurs, actionnaires, salariés, consommateurs, chômeurs (…) contribuent directement et indirectement aux impôts, principale source de financement public. De ce fait, l’une des règles élémentaires de toute démocratie qui se respecte est de permettre aux citoyens de savoir ce que l’État fait de l’argent public collecté à travers l’impôt. C’est d’ailleurs l’un des principaux facteurs de développement du civisme fiscal. La transparence budgétaire, aussi bien au niveau des ressources que des dépenses, contribue à l’émergence d’un environnement plus favorable à la conformité fiscale volontaire.

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Le contexte actuel de la crise sanitaire est très favorable à cette évolution où le besoin d’une véritable solidarité est incontestable. La solidarité ne peut être qu’active, volontaire, vécue profondément par les citoyens comme une « fraternité » et non pas imposée et subie. Cette solidarité-là reste à construire sur la base d’un nouveau contrat social où la rupture avec le statu quo est incontournable. Pour l’instant, aucune surprise, le PLF 2021 traduit surtout une volonté de reproduction des équilibres systémiques, c’est-à-dire des intérêts en place. Il ne répond pas aux aspirations profondes et aux mouvements en gestation dans le devenir sociétal où la zone d’incertitude ne cesse de s’élargir, à cause de la cécité chronique.

 
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