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Des institutions atones

Le gouvernement ne chôme pas. Après la colère royale, le départ du ministre des Finances, les plans sociaux ont été remis sur les rails, surtout ceux rattachés à la scolarisation, d’autres sont proposés. Le tout a été fait en quelques mois. Mais qui s’intéresse à l’action de l’exécutif ?

Ni le Parlement, ni l’exécutif n’ont l’attention ou le moindre intérêt des populations. C’est un constat qui est très partagé et il est évident que cette situation n’est pas du tout saine dans une démocratie en construction.

L’épisode blocage a été une séquence démobilisatrice de ce point de vue. Mais tout ce qui a suivi n’a fait qu’éloigner les électeurs des élus.

Les crises des partis, le PAM et l’Istiqlal, la manière dont les changements ont été opérés à leur tête, ont elles aussi contribué à la décrédibilisation de la vie politique et donc des institutions représentatives qui en sont issues.

Pour renouer les liens, il est essentiel de régénérer les partis politiques. Or, cela ne peut se faire que s’ils sont totalement autonomes. Il y a une vraie question à régler la-dessus.

Mais faire de cette question l’unique problème, c’est l’assurance de passer à côté du reste. Les partis n’ont plus ni idéologie, ni programme. Ils annoncent tous les préceptes de la technostructure, elle-même acquise à un libéralisme débridé, qui n’aboutit qu’au chômage des pauvres. Dans les congrès, les motions sont votées par une poignée de congressistes, alors que l’extrême majorité ne s’intéresse qu’aux élections internes. Moins il y a de militants plus il y a de postes au Conseil national, preuve que la nature de l’engagement n’est pas saine. Si on a 30 partis, ce n’est pas parce qu’il y a 30 projets sociaux. Ce sont des boutiques électorales sans plus, pour la plupart.

Les dernières élections avaient permis de déceler un vrai clivage PJD-PAM, un vote politique prééminent et un taux de participation à la hausse. C’est ce dernier qui sera important à surveiller.

Si la législature continue dans cette ambiance, la mobilisation des électeurs ne peut que s’affaiblir, voire sombrer. Dans ce cas, on assistera à l’émiettement des voix et à la résurgence de phénomènes d’achat de voix. Les rares acquis des deux dernières législatives disparaîtront.

La question est lancinante. Une construction démocratique n’est pas un long fleuve tranquille. Dans toutes les transitions, il y a des reculs. Mais la confiance dans la réalité de la transition demeure. Or c’est cette confiance qui s’effrite, mettant en péril le projet même de construction démocratique.

D’ici 2021, tous les acteurs doivent s’acharner à convaincre, par leur action, mais aussi par leur communication, pour retisser le lien entre les instances représentatives et la population. Pour le moment, seuls le PJD et le RNI continuent de tenir des réunions publiques, malgré la crise sérieuse qui mine le parti des Islamistes. Pourtant le financement public est, normalement, soumis à un nombre minimal de réunions.

La réflexion sur le modèle de développement n’a pas bougé d’un iota malgré l’appel du Chef de l’État. Or, c’est ce genre de réflexion qui peut mettre en évidence les divergences, voire les clivages et les rapprochements et servir de base à des alliances objectives. C’est la seule voie pour mettre à niveau le champ politique, pilier incontournable de l’édification démocratique. Relancer le processus est la responsabilité de tous les démocrates.

 
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