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Politique : le grand chambardement

Abdelilah Benkirane, Chef du gouvernement.

Au-delà des petites phrases, la situation politique est en effervescence. Sur les élections, mais aussi sur la question des comptes spéciaux, majorité et opposition sont sur la même ligne. 

L’intervention du Chef du gouvernement à propos des élections municipales et régionales, laissait déjà entendre qu’il y avait un vrai problème. Abdelilah Benkirane est en désaccord total avec son ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad. Celui-ci a annoncé qu’il n’y aura ni révision des listes électorales, ni changement de mode de scrutin. Cet aspect est traité par la chronique «Poing sur les I».

Mais, cela a déclenché un tremblement de terre. Les élus du PJD ont fait le forcing, estimant que cette attitude était contraire à leurs engagements. Abdelilah Benkirane a rappelé qu’il était le Chef du gouvernement et donc de tous les ministres, y compris celui de l’Intérieur.

Il reçoit un soutien inattendu, celui du couple Istiqlal-USFP. Les deux partis d’opposition sont allés beaucoup plus loin. Ils menacent de boycotter les prochaines élections, pas moins. Ils revendiquent, comme le PJD, la révision des listes électorales, celle du mode de scrutin, bien qu’ils ne partagent pas le conception du Chef du gouvernement qui voudrait que la première liste soit assurée de la présidence.

L’alliance non déclarée entre les Islamistes et les anciens piliers de la Koutla est plus profonde. Elle est ouvertement en train de mettre en doute la transparence des prochaines élections pour des raisons très différentes. Au niveau du PJD, la crainte est de voir des alliances hétéroclites empêcher les Islamistes de diriger des villes importantes.

Cela s’est passé de cette manière en 2009. Mais, il faut être objectif. Le PJD s’est allié à tout le monde, là où il a pu. Il participe à la gestion catastrophique de Casablanca depuis 10 ans. Et ce sont les Islamistes qui gèrent l’urbanisme. Ils sont très mal placés pour se positionner en critiques de Sajid.

Pour le couple PI-USFP, l’enjeu est plus important. Ils se situent dans une perspective historique, celle de la transition démocratique. Ils dénoncent «une volonté de contrôle des résultats des élections ». Nous sommes face à un discours semblable à celui des années 80. C’est un véritable fait politique, qui tranche avec l’unanimisme du référendum, qui a perduré après les élections législatives de 2011. 

Une cible : le PAM

Alors qu’on est à 18 mois des élections, les principaux partis du Maroc, contestent déjà le déroulement des élections tel qu’il est prévu. C’est une incongruité, mais juste au niveau superficiel. Le PJD sait qu’une majorité gouvernementale, sans présence réelle au niveau des municipalités et des régions est une majorité émasculée. Si l’on se situe dans le projet de décentralisation cette vision des choses est encore plus réaliste.

Le duo Lachgar-Chabat sait que le contrôle des grandes villes est un moyen puissant de préparer les prochaines législatives. Mais la crainte exprimée est celle d’un pacte PJD- gorge profonde qui les isolerait pour longtemps. Ils n’ont qu’une seule voie, la démocratie. Les deux composantes, le PJD et l’alliance Istiqlal-USFP sont dans le procès d’intention. Pour des raisons politiciennes bien évidemment. Les deux montrent du doigt le PAM. Le parti de l’Istiqlal affirme officiellement par la voix de son porte-parole, que des agents d’autorité, dans la région de Chtouka, ont conseillé à des élus de rejoindre le PAM. Les deux vieux partis affirment que «si cela se reproduit, le boycott des élections s’imposera ». On ne sait pas si ces faits sont avérés, mais cela fait oublier l’essentiel.L’opposition nationaliste, USFP et PI sont en ligne avec le PJD sur une autre question qui est centrale, celle des comptes spéciaux. Le gouvernement n’a pas réussi à faire plier sa majorité, qui maintient ses amendements pour assurer le contrôle de ces comptes par le parlement. L’opposition la soutient largement. Ce sont des sujets éminemment politiques qui mettent en jeu une volonté transversale de plus de démocratie et des réticences conservatrices. C’est un vrai débat digne, d’une transition démocratique. Malheureusement, les médias préfèrent s’attacher aux petites phrases. 

 
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