Challenge Hors Série 8 mars 2022

Portrait. Wafa Mezouar, DG de l’Association Al Jisr

Wafa Mezouar fait partie des 50 femmes inspirantes qui font bouger les lignes, sélectionnées dans le hors-série de notre magazine Challenge « Les chances du Maroc », paru le 8 mars dernier en hommage à la femme marocaine.

Wafa Mezouar, même à la décrire de mille et une façons ne suffirait pas. Ce n’est pas qu’elle ne soit pas appréhendable, c’est tout simplement la richesse de ce qu’elle dégage et inspire qui rend l’exercice difficile. Wafa Mezouar, si elle est à la tête d’une des associations les plus connues et reconnues au Maroc, c’est parce qu’elle a les atouts de ces femmes sérieuses, bosseuses, accrocheuses, mais aussi généreuses, sensibles, humaines, et ô combien pleine d’humour.

Après un bac au lycée Descartes de Rabat, elle part pour les Etats-Unis pour en revenir quelques années plus tard, avec son MBA et penser carrière au Maroc. Très famille, elle partage avec ses parents ses ambitions, ses projets d’avenir. Aussi écoute-t-elle leurs bons et sages conseils, lui recommandant de ‘’se faire la main’’ dans une grande entreprise avant de se lancer dans le projet qu’elle a imaginé.

Lire aussi | Portrait. Kenza Margaoui, General Counsel du Groupe OCP

Et ce fût une toute petite incursion dans une grande banque de la place, qu’elle quitte pour se consacrer à la réalisation de son projet : une agence d’événementiel et de communication orientée événementiel. Hasard du destin, elle se marie et c’est là probablement le grand virage dans sa vie. Avec un époux qui aura formé, coaché les plus grands patrons du Maroc, qui aura conseillé les plus grandes institutions, administrations et entreprises du Maroc, expert pour de grands organismes internationaux, son projet tenait son ‘’parrain’’ et ‘’penseur’’.

Et ce fût le cas. Encouragée, soutenue, elle franchit le pas. Après quelques années, ses deux enfants ayant grandi et s’étant envolés pour le continent nord-américain, son époux à son tour s’investit dans ses consultations internationales et ce fût la décision de s’installer au Canada. Voilà qui va changer la vision de Wafa Mezouar sur le monde, sur la société et ses complexités, la conduisant à s’intéresser au monde associatif, univers qui au Canada, lui dicte de s’y investir. Et c’est là qu’elle se forge au service citoyen, et se poser moult questions, en pensant à être utile dans son pays, à ce registre précisément, l’associatif. Aussitôt pensé, aussitôt fait. L’association Al Jisr cherchant son Directeur Général, c’est une Directrice Générale qui la rejoint. 

Lire aussi | Portrait. Ouns Lemseffer, Associée de Clifford Chance Casablanca

La voilà qui la pilote, et ce depuis près de 10 ans. Et elle n’aura pas chômé, tout comme elle aura mis toute son expérience au service de la structure, au service des enfants défavorisés non scolarisés, au service de jeunes en abandon scolaire, de jeunes en quête d’insertion ou de réinsertion dans la vie active…

Elle consolide, innove, améliore, recrute, dynamise, fédère et insuffle à l’association un tout autre élan, perceptible, des plus honorables. Et la femme qu’elle est, n’est pas sourde à la cause des femmes dans son pays. Petits et grands cercles sont ses tribunes pour partager sa vision, ses analyses, elle qui est sur le terrain et observe les femmes dans des contrées éloignées, défavorisées, femmes résolues à scolariser leurs enfants, n’ayant pas eu cette chance et se refusant à reproduire leur schéma avec leurs enfants.

Interpellée par la farouche volonté de ses mamans, Wafa Mezouar les associe aux classes au devenir de leurs enfants, les impliquant, les invitant à faire part de leur avis.  La condition de la femme Wafa Mezouar ne la voit pas sous ce seul prisme de la femme cadre, dirigeante, elle va bien au-delà, elle la voit là où tout est à faire, là où la femme est encore acculée à son rôle de mère et d’épouse, mère et épouse dont les conditions de vie sont loin d’être celles des citadines, mêmes les moins nanties. 

Lire aussi | Portrait. Wafaâ Khalifi, CEO Deputy de SUEZ Maroc 

‘’Je suis toujours émue en rencontrant des mamans qui ont ces rêves d’avenir décent et digne pour leurs enfants. Dans leurs yeux je lis cette aspiration à ne pas reproduire leur schéma pour leurs enfants. Si les femmes qui ont plus ou moins tout réussi disent que leur condition n’évolue pas tellement, c’est probablement parce que pas au rythme qu’elles veulent, alors que dire de la condition de ces femmes que je rencontre, enfermées dans  traditions et règles d’un milieu masculin, machiste bien souvent, mais aussi dans la dichotomie préservation des socles culturels et tentation d’une modernité qui servirait l’avenir des enfants… modernité dont elles n’ont pas les moyens, mais dont elles savent qu’elle est la chance pour demain voir leurs enfants les sortir de leurs conditions.

Je ne resterai pas sur cette seule note, aussi regrettable soit-elle, je ferai aussi référence à ses femmes que je rencontre dans des douars et qui se mobilisent, s’investissent pour justement améliorer leur quotidien, en travaillant ici et là, avec pour seul objectif : l’école pour les enfants. Et c’est tout le rôle de l’association, scolariser leurs enfants, et par conséquent les soulager. Les associations c’est leur mission, améliorer les conditions des femmes, des enfants, et je m’y investis et le ferai tant que j’en ai l’occasion et la capacité’’. 

 
Article précédent

Maroc-UE : la modernisation du partenariat économique au centre du Business Dialogue

Article suivant

L'OCP va ouvrir une usine de phosphate au Brésil