Débat

Pour ou contre? Faut-il relever l’âge de la retraite à 65 ans?

Le débat sur l’âge légal de la retraite agite toutes les couches sociales du pays actuellement. Pour certains, le seuil des 65 ans à l’horizon 2020 proposé est plus que justifié, pour d’autres, il n’est pas question d’augmenter l’âge de la retraite (60 ans). Du coup, syndicalistes, patrons, leaders d’opinion ont, chacun, leur position tranchée. Dans le Débat de cette semaine, Challenge propose un regard croisé sur le point de vue d’un acteur du secteur privé et d’un syndicaliste. par Roland Amoussou

 Pour 

Jamal Belahrach, Président Manpower Maghreb

Pour Jamal Belahrach, président de Manpower Maghreb et membre de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc(CGEM), il n’y a aucun débat à faire, car il est impératif aujourd’hui et au vu des évolutions enregistrées par le Maroc ces dernières années de relever l’âge légal de la retraite. « Notre pays connait une transition démographique majeure qui modifie notre pyramide des âges. D’ici 2050, nous aurons une augmentation de 25 % des personnes en âge de travailler, alors que la population de plus de 65 ans croîtra de 30%. Cela veut dire que la population des retraités va être multipliée par 4. Par conséquent, porter l’âge de la retraite à 65 ans, n’est plus un choix, mais une nécessité économique et à très moyen terme sociale, car on ne peut pas se permettre de ne pas payer les pensions retraites des gens. La plupart des pays en développement sont dans ce processus», soutient-il. Concernant les régimes de retraite qui ploient sous le poids du déficit technique des caisses de pensions, à cause de la faiblesse des cotisations et des rendements des fonds de ces régimes, le président de Manpower Maghreb dresse son constat et propose quelques pistes de réflexion. «Le secteur privé est plutôt bien géré et c’est davantage le secteur public avec la CMR et le RCAR qui doivent vivre une transformation majeure. Augmentation de l’âge de la retraite, augmentation du taux de cotisation et révision de la base de calcul de la pension. Plus globalement, il nous faudra un régime privé, un régime public complètement étanche, avec une retraite complémentaire facultative », poursuit-il, ajoutant que la réforme du système de retraite au Maroc devient impérative. «L’urgence de la réforme est plus que d’actualité. Plus nous traînons les pieds, plus la facture économique et sociale sera lourde. Il nous faut du courage politique collectif pour assumer cette réforme », conclut le président de Manpower Maghreb. 

Abderrahmane Azouzi, Secrétaire général de la FDT

 Contre 

De l’avis de ce fervent syndicaliste, il n’est pas question d’augmenter l’âge de la retraite. «Nous sommes contre l’augmentation de l’âge légal de la retraite » tranche-t-il d’emblée. «Nous sommes d’accord pour étudier la situation des caisses de retraite. Il y a huit ans ou plus maintenant qu’il existe une commission qui travaille sur ce sujet. Le gouvernement a fait ses propositions, mais nous, et pas seulement la FDT (Fédération Démocratique du Travail) , il y a aussi la CGT et l’UMT, avons refusé ces propositions, parce que nous avons estimé qu’elles ne sont pas dans l’intérêt des adhérents. Augmenter l’âge, augmenter la cotisation, tout ceci est contre l’adhérent. Pour l’âge, il faut laisser le choix aux gens. Ceux qui veulent quitter à 60 ans, sont libres de le faire, et ceux qui veulent continuer jusqu’à 65 ans peuvent le faire aussi», estime Abderrahmane Azouzi. Il poursuit en expliquant que la FDT est d’accord pour discuter afin de trouver une solution qui va prendre en compte les intérêts des adhérents. A propos du déficit des régimes de retraite, le syndicaliste reconnaît que cela pose un réel problème. « Nous pensons qu’il faut discuter pour trouver une solution à ce problème. Pour la cotisation, nous demandons que l’Etat paie les 2/3 contre 50% actuellement », souligne le secrétaire général de la FDT. Pour la réforme du système de retraite, Abderrahmane Azouzi se dit favorable, mais il préconise que cette réforme soit faite en tenant compte des intérêts des adhérents.

 
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