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Pro ? Vous avez dit Botola «Pro» ?

On lui change de nom comme de chemises. On aura connu la dénomination «Première division», et puis on lui donna le nom de «Botola» avant d’arriver au qualificatif « Elite » pour enfin, intituler notre bon vieux championnat du magnifique vocable d’«Elite Pro ».

L’élite professionnelle …fichtre, il y en a qui ont l’exagération un peu poussée.
Qualifier notre football d’élitiste et de professionnalisme c’est aller un peu vite en besogne et se croire plus beau qu’on ne l’est vraiment.

La réalité, la triste réalité
Un simple coup d’œil sur les séquences des différents matchs que déversent nos chaînes de télévision, suffirait à démontrer que le niveau de jeu est comme l’eau des barrages par temps de sécheresse en baisse sensible et alarmante.
Ce qu’on appelle pompeusement « sport roi », le football, peine à maintenir ses meilleurs clubs dans un cycle de performances.
Si le WAC, le RAJA, les FAR et le MAS sont naturellement qualifiés de « grands clubs » il faut quand même se rendre compte de l’état des douze autres équipes « Pro ». Si le FUS et le MAT peuvent très bien parvenir à s’immiscer dans la bande des quatre équipes suscitées, il est hautement dommageable que des régions entières soient menacées de disparition footballistique.
On a été ravi l’an dernier que la Renaissance Sportive de Berkane revienne parmi l’élite. Cependant cette saison, après onze journées de compétition, Berkane se traîne à la dernière place du classement avec un maigre total de six (6) points. Triste record d’un demi-point par match.
On craint qu’en fin de saison, la sympathique cité des clémentines n’aille rejoindre les autres ex-grands tombés dans l’anonymat des divisions inférieures.
Rejoignant ainsi le Chabab de Mohammedia, l’Union Sportive de Sidi Kacem ou la Renaissance Sportive de Settat, qui ont marqué l’Histoire du football national.
Kénitra qui, jadis, comptait deux beaux clubs en première division, n’en a plus qu’un depuis la «disparition» de la R.S.K qui, en 82 avait inquiété les meilleurs clubs dont un certain Raja qui avait eu toutes les peines du monde à s’en défaire lors d’une mémorable finale de Coupe de Trône. Quant au deuxième club, kénitréin, le KAC, il a frôlé l’implosion avec un début de saison où deux groupes de dirigeants se disputaient la direction des affaires.
L’affaire n’est pas officiellement terminée même si la Justice s’en est mêlée, puisqu’elle peut ressurgir à tout moment. Car, et c’est là le paradoxe des paradoxes, dans notre football qui prétend au professionnalisme, il est impossible d’appliquer une discipline sportive.
Les comités sont soit en roue libre, quand les résultats sont bons, soit dangereusement déstabilisés quand les premières défaites arrivent.
Dans notre championnat pro, il faut toujours gagner pour être tranquille. Or, cela est impossible mais personne ne l’entend de cette oreille.
Et il n’est pas rare que les principales victimes de cette attente délirante des foules soient les entraîneurs, limogés pour un oui ou pour un non. Il y a heureusement des exceptions, et il faut saluer la sagacité du FUS et du MAT (encore eux) qui ont gardé leur entraîneur de la saison dernière.
 Au Hassania d’Agadir, qui fêtera le 22 décembre prochain son 65ème anniversaire, on semble opter pour cette sagesse.
Puisse leur exemple servir de règle aux Wydadis et aux Rajaouis dont la patience des supporters se perd au moindre contretemps.
Ajoutez à tout cela un public dont la moyenne d’âge baisse considérablement dans les tribunes, dans des stades où les champs de jeu ne sont plus que gazon en lambeaux, et vous comprendrez que notre sport roi a bien perdu de sa superbe.
Relativement, par rapport aux autres sports collectifs, il a conservé une certaine popularité mais celle-ci s’effrite et l’indiscipline des joueurs, qui n’ont aucune pudeur à cracher sur un arbitre, ou à gesticuler comme des forcenés quand une décision ne leur plait pas, est de nature à écœurer les plus « accros » des fans de foot.
Surtout que chaque week-end, et parfois tout au long de la semaine, les chaines satellitaires nous abreuvent d’images des meilleurs clubs du monde. D’ailleurs, la fréquentation maximale des cafés qui proposent ces matchs montre l’engouement des Marocains pour ce beau football venu d’ailleurs. Des Marocains dont les enfants portent aujourd’hui les maillots de Messi ou Ronaldo, plus souvent que ceux de nos «stars» d’ici.
C’est ce qui s’appelle le péril en la demeure.
Si rien n’est amélioré et si l’on n’y prend pas garde, notre élite pro peut très bien mourir de sa belle mort.
Ya latif.

 
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