Agro-Industrie

Produits de la mer : ils rachètent les plus petits pour s’agrandir

Les industriels doivent s’accommoder aux nouvelles attentes des clients. 

Voilà un secteur de transformation des produits de la mer qui connaît des changements. D’abord sur le plan de la matière première. La baisse des captures (sardines, maquereaux…) régulière dans certaines zones allant du Nord à Sidi Ifni, inquiète les professionnels. Quant au stock qui se situe au Sud, vers Boujdour, il serait sous exploité. Ensuite, sur le plan de l’organisation, quelques mouvements sont ressentis. Si des groupes comme Unimer (groupe El Alj), LGMC ou groupe Bicha maintiennent leur position de leader, les professionnels constatent que d’autres essaient de grignoter de plus en plus de parts de marchés pour  mieux s’immiscer dans des sous-filières. Certains évoquent le cas du groupe El Jabri qui a démarré son activité il y a plusieurs années en se spécialisant dans les conserves d’anchois. « Ce genre de groupes n’hésitent pas à racheter des petites structures en difficulté. Ce qui leur donne plus de poids dans leur activité », lance un professionnel. Il poursuit : « nous assistons aussi dans notre secteur à des fusions-absorptions. Ce n’est pas toujours sain, parce que parfois, des opérateurs peuvent se retrouver dans des situations de monopole de fait ». Il y a aussi de nouveaux entrants dans le secteur. Mohamed Bouayad, président de la Fédération des industries des produits de la mer (FIPM) indique que quelques investisseurs étrangers prennent des participations dans des entreprises connues de la place. « Nous constatons également que des investisseurs individuels s’installent dans la zone industrielle d’Agadir Haliopolis. Ils acquièrent des terrains pour y installer des unités de transformations ». Malgré ces nouveautés, les professionnels n’hésitent pas à mettre le doigt sur la difficulté de la mise en œuvre de la stratégie du ministère de l’Agriculture et des Pêches, même si elle est en soi bien perçue. Dans ce sens, Bouayad insiste sur le fait qu’il est impératif de continuer à améliorer les conditions sanitaires de capture. Il y a aussi, selon lui, un besoin apparent de revoir la flotte marocaine et de rénover les unités d’extraction pour répondre au type de pêche. « Les bateaux doivent par exemple disposer de plus d’autonomie et de moyens de conservation à bord. Aussi, les opérateurs doivent-ils mieux anticiper les attentes du marché extérieur », souligne le président de la fédération. Cette dernière mène avec le ministère de tutelle une réflexion sur l’élaboration d’une étude de faisabilité relative à la modernisation des unités de traitement de poisson. L’idée est d’arriver à adapter les unités industrielles aux besoins réels des consommateurs, à la fois marocains et étrangers. Mohamed Bouayad explique que par exemple, le Maroc a toujours produit des sardines en boites, à l’huile ou aux tomates, avec un même emballage. Rien n’exclut de passer à autre chose pour aller vers des produits fumés, salés, marinés… Mais pour cela, un effort au niveau du conditionnement est à fournir. Autre exemple. Avant, les industriels proposaient des barquettes de poissons marinés d’un kilogramme. Or, les consommateurs sont plus demandeurs de barquettes de 50 ou 100 g. « Pour y arriver, nous avons besoin de nouveaux outils », lance le président de la Fédération. Les industriels doivent donc s’équiper différemment et former leur personnel. C’est ce qui fait dire à Bouayad qu’il est temps de changer la façon de travailler des industriels, leur manière de produire et de commercialisation. Pour ce dernier volet, la labellisation gagnerait à être un chantier pris au sérieux. 

 
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