Blog de Jamal Berraoui

Quid d’El Ouafa ?

Le Ministre de l’Education Nationale a refusé de démissionner préférant rompre avec son parti, l’Istiqlal. C’est un choix personnel qui, dit-il, s’appuie sur des accords politiques profonds. On peut l’accepter, voire même ne pas s’en occuper.

Seulement El Ouafa et le Chef du gouvernement laissent entendre que l’ex-ambassadeur sera maintenu dans la prochaine équipe. En clair Benkirane veut remercier son Ministre et marquer Chabat en même temps. La politique chez nous est à ce niveau.

Nous serions dans cette hypothèse devant une problématique nouvelle. Le gouvernement du PJD créerait un précédent où les Ministres sont nommés intuitu personae et non pas issus des partis. A quel titre El Ouafa garderait son poste dans un gouvernement politique ? A-t’il une expertise unique dans son genre qui le rendrait irremplaçable ? Nous savons tous que le Chef du gouvernement n’a aucun autre argument que celui de gratifier l’ennemi de son ennemi et on ne construit pas une démocratie sur des jeux d’enfants.

El Ouafa lui-même devrait se raviser, par respect pour son parcours, celui d’un cadre istiqlalien, d’un dirigeant forgé par un demi-siècle de militantisme. Ceux qui réduisent son influence à l’impact de son mariage avec la fille d’Allal El Fassi sont injustes. El Ouafa a été dirigeant de la jeunesse et du syndicat des étudiants istiqlaliens bien avant de s’allier à la famille El Fassi.

D’ailleurs, selon des sources bien informées, sa nomination en tant qu’ambassadeur visait à libérer la route à Abbas El Fassi. En voulant rester au gouvernement en tant qu’indépendant, puisque l’Istiqlal s’est retiré et l’a exclu, il est en rupture avec ce passé militant, fort respectable.

Un grand débat a eu lieu sur les ministères régaliens et il a été tranché en faveur de la souveraineté populaire sauf pour la défense, les Habous et le secrétariat général du gouvernement. Le PJD ne peut faire une entorse à la règle du cabinet politique issu de la majorité. Toute exception irait contre l’esprit de la nouvelle constitution et donc de la constitution démocratique.

Abdelilah Benkirane tient un discours offensif sur l’autonomie des partis, par rapport à ce qu’il appelle l’Etat profond. Il ne peut se substituer à celui-ci et intervenir dans la vie interne de l’Istiqlal juste parce qu’il a choisi l’opposition.

Il est clair que le maintien d’El Ouafa est politiquement scandaleux, et qu’il constituerait un très mauvais signal sur la vie partisane, déjà très démonétisée auprès de l’opinion publique. Espérons que la raison l’emporte sur les considérations personnelles. Benkirane n’a pas le droit de commettre une telle erreur.

 

 
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