Diplomatie

Rabat – Ryad : La lente dégradation

La dépêche de l’Associated Presse annonçant que le Maroc suspend sa participation à l’alliance au Yemen était attendue, voire espérée depuis un certain temps. Rabat ne participait plus aux réunions ministérielles de la coalition depuis longtemps.

En fait, cette guerre a varié dans ses objectifs. Alors qu’il s’agissait d’aider un voisin à retrouver la stabilité, il s’agit maintenant de contrôle des côtes, d’occupation des îles pour les Emiratis et même d’encourager la sécession Nord-Sud. Elle est aussi très discutable dans la manière d’être menée et les souffrances qu’elle occasionne au peuple dans son ensemble, sans la moindre avancée réelle sur le terrain. Ces questions d’autres pays de la coalition se les posent si l’on juge par leur presse.

Mais la décision de Rabat ne peut être qu’une partie d’un ensemble. Le Maroc n’a pas suivi le boycott du Qatar et a même dès le début, affiché sa position indépendante, alors que MBS pensait que le contraire était possible. Suite à l’horrible assassinat de Khashoggi, le Maroc a choisi le silence, tandis que d’autres (le Soudan ou la Mauritanie) ont soutenu « l’Arabie Saoudite ».

Cette indépendance de Rabat n’est pas du goût du Prince héritier saoudien qui a une conception de l’Alliance calquée sur celle de Trump.

Sur le plan financier, les flux sont très modestes et contredisent l’idée d’un soutien saoudien « inépuisable ». Cela correspond à la volonté du Maroc de ne rechercher que des investissements et non pas des aides. Un accompagnement vers l’Afrique aurait été profitable aux deux pays, mais cela ne fait pas partie des priorités de l’homme fort de Ryad.

La suspension de la participation à la guerre, son officialisation parce que c’était le cas depuis des mois est un moment dans un processus de dégradation des relations qui dure depuis longtemps. Cela n’oblitère pas les intérêts communs sur le plan stratégique.

C’est méconnaître l’attachement viscéral du Maroc au respect de son indépendance diplomatique, des missions des FAR, que de croire qu’il les changera contre des intérêts financiers très hypothétiques.

Le hasard du calendrier fait que l’annonce de cette décision intervient le même jour que la publication du rapport de l’ONU sur le meurtre du journaliste. La diplomatie de Ryad est dans l’impasse, à cause de MBS. Son avenir est incertain.

 

 

 
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