Interview

Rahal Lahssini : «le ministère de la Santé est incapable de gérer la crise sanitaire»

La Fédération Nationale de la Santé affiliée à l’UMT reproche au ministère de la Santé de ne pas communiquer sur les chiffres officiels concernant le nombre de personnes travaillant dans le secteur qui ont été contaminés par le coronavirus. Rahal Lahssini, adjoint au secrétaire national de la Fédération Nationale de la Santé, nous en parle.

Challenge : que reprochez-vous exactement à la tutelle ?

Rahal Lahssini : le problème réside dans l’incapacité du ministère de la Santé à gérer la crise sanitaire et assumer sa responsabilité de protéger d’abord les professionnels de santé et également aussi les patients , en ne fournissant pas les moyens de prévention nécessaires et suffisants et en ne mettant pas en place des mesures de précaution et de prévention adéquates, ainsi que celles relatives à l’accessibilité au structures sanitaires (instauration circuit-Covid et circuit non-Covid), alors que d’autres secteurs qui ne sont pas menacés par la transmission d’infection à grande échelle sur les lieux de travail de même ampleur prennent des mesures préventives plus structurées et plus efficaces.

Challenge : vous vous plaignez également du fait que le ministère ne considère pas les contaminations au coronavirus comme des accidents du travail. Quels sont les arguments avancés par le ministère ?

R.L : la Fédération Nationale de la Santé (UMT) n’a pas cessé de proclamer et inciter à l’obligation de déclarer les travailleurs du secteur de la santé atteints du Covid-19 au sein de leur lieu de travail comme victimes d’accidents du travail, du fait de la relation évidente, claire et directement liée entre la contamination (accident) et la nature de le poste du travail exercé (soins), en plus dudit lieu de travail (structure sanitaire). Mais le ministère de la Santé continue à ignorer et à dénier cette évidence et ce droit, comme si les professionnels de la santé étaient des êtres mythiques ne pouvant pas être blessés au travail et l’uniforme de travail en tissu est une barrière légendaire protectrice certifiée comme moyen de prévention contre la contamination. Ce qui est faux, surtout que la plupart des travailleurs de santé ne disposent que de blouses et de simples bavettes comme moyen de protection.

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Challenge : concrètement, que disent les textes ?

R.L : selon les textes réglementaires régissant l’accident du travail et le travail en général dans tous les secteurs, que ce soit le secteur public, privé ou semi-public, la responsabilité de l’employeur / institution est évidente pour mettre en place tous les moyens nécessaires pour protéger ses/leurs salariés et travailleurs contre toute nuisance, y compris les accidents et maladies du fait de leur travail et de déclarer tout accident résultant de leur travail. Mais le ministère de la Santé s’obstine à ne pas le faire même si les contaminés recensés effectuent directement les tâches exigées par leur poste de travail dans les structures sanitaires. Cela est dû à son insouciance pour la santé et la sécurité de ses travailleurs, à leurs souffrances et à leur droit légal à la protection et à l’indemnisation lors des accidents du travail.

Challenge : à combien estimez-vous le nombre de personnes travaillant dans le secteur de la santé contaminées au coronavirus ?

R.L : selon les données disponibles, le nombre de travailleurs dans le secteur de la santé qui ont été infectés par le coronavirus depuis le début de la pandémie est proche de 1500 médecins, infirmières, cadres administratifs et techniques et autres travailleurs du secteur. Ils exercent leurs métiers dans des conditions que l’on peut qualifier de catastrophiques et alarmantes. Nous reprochons au ministère de la Santé son obstination de continuer à ne pas communiquer les chiffres officiels concernant le nombre de personnes travaillant dans le secteur de santé atteints par le coronavirus. Nous lui demandons de déclarer le nombre total officiel de contaminés parmi les agents de santé et tous les travailleurs du secteur, qu’ils aient été directement atteints lors de l’exercice de leur profession ou ceux atteints par contamination résultante de mauvaises conditions de travail, en plus d’une bonne prise en charge de ces personnes.

Assez de sous-estimer et de négliger la santé et la sécurité des professionnels de santé et par conséquent la santé des patients et consultants du système de santé national.

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