L'édito

Ranimer la politique [Par Jamal Berraoui]

Revoir un dirigeant du PJD s’exprimer sur une chaîne qatarie, l’annonce d’une coordination entre les partis d’opposition, pour défendre la démocratie peut donner l’impression d’une vitalité retrouvée de la vie politique. Ce n’est malheureusement qu’une illusion.

Car cette contestation, est cantonnée à des questions procédurales dans le fonctionnement du parlement. Très personnalisées, ces critiques visent le Président du Parlement qui agit comme un chef de groupe et qui promeut une vison restrictive du règlement intérieur, qui limite l’action de l’opposition. On ne peut que souscrire à cette revendication, car les droits de l’opposition parlementaire sont constitutifs d’une construction démocratique. Mais cela ne revitalise en rien la vie politique, car cela n’intéresse aucunement les citoyens peu au fait des arguties procédurales. On attend l’opposition sur des questions de fond.

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La vision sociale du gouvernement ne relève pas d’un choix de société égalitaire, mais d’une réponse à une crise latente. une fois que l’on a dit cela, que propose l’opposition ?

Aucun parti, ni le PPS, ni l’USFP, ni le PJD ne propose une vision, un projet, décliné avec clarté, chiffré autant que possible. Dès lors, l’opposition ne peut plus demander plus à chaque fois que l’exécutif s’aventure sur le terrain social. Les partis ont perdu leur identité et la conséquence, c’est que les citoyens ne perçoivent pas les différences, surtout que tous, ont participé aux affaires, sans vraiment mettre en œuvre une politique inscrite dans un projet de société. Tout commence par l’impôt. Il faut une fiscalité plus équitable, capable de drainer des recettes suffisantes pour assurer le fonctionnement de l’Etat et offrir des services publics de qualité. On en parle depuis 30 ans, et aucun gouvernement n’a osé s’y attaquer réellement.

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Les Marocains sont en demande d’écoles, d’hôpitaux, de routes de qualité. Chacun y va de sa réformette, promet une école, creuset de l’intégration sociale, lieu de la transmission d’un savoir en rapport avec le monde d’aujourd’hui et part après avoir dilapidé des budgets colossaux, en ayant aggravé la crise. Sur toutes ces questions, nous avons besoin d’une classe politique claire dans ses choix, sans être irréaliste sur les moyens à mettre en œuvre.

Il n’y a plus de meetings, plus de réunions publiques, parfois plus de vie de parti. C’est ce vide abyssal qui explique le divorce avec les citoyens et il est inquiétant pour la démocratie. Ce n’est pas une fragilité passagère. Il faut retrouver les organisations de militants autour d’une vision du monde, sinon la démocratie n’a plus d’enjeux.

 
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