Politique

RNI-PJD : une campagne précoce ?

Ramid qui interpelle Akhannouch sur le respect de la solidarité gouvernementale, ce n’est pas anodin. Mais n’est-on pas face aux méandres de la vie partisane ?   

L’actuel attroupement qui nous sert d’alliance gouvernementale prend l’eau de toutes parts. PPS, PJD et RNI utilisent leurs institutions partisanes pour assurer une certaine distanciation vis-à-vis d’un gouvernement impopulaire, parce que victime de la séquence du blocage qui a laissé des traces indélébiles.

Mais, sans vouloir en rien dévaloriser le PPS, c’est la bataille RNI-PJD, qui retient l’attention. On se rappelle des déclarations de Talbi Alami, scandaleuses parce qu’elles mettent en doute la fidélité à la stabilité du pays du parti qui dirige l’alliance qui l’a fait ministre. El Otmani a préféré passer l’éponge et considérer qu’il s’agissait d’une dérive individuelle.

Mais là, nous avons face à face, le patron du RNI Aziz Akhannouch et le numéro 2 du PJD Mustapha Ramid. Le premier a déclaré dans une réunion partisane que le gouvernement s’attaquait aux petits commerçants et que les dernières décisions, sur la facturation électronique, sont injustes.

Mustapha Ramid marque un point. Les ministères de l’Economie et des Finances et celui du Commerce, tous les deux en charge du dossier, sont théoriquement aux mains du RNI. Soit celui-ci ne maîtrise pas ses ministres et c’est un vrai problème, soit il a une attitude électoraliste qui est, apparemment, très irresponsable.

Mais Mustapha Ramid devrait s’appliquer les règles qu’il revendique. Ancien ministre de la Justice, il s’est permis de contester les jugements de l’affaire d’Al Hoceima et de l’affaire Hamieddine. C’est une intrusion dans le domaine de la Justice, reniant la séparation des pouvoirs. C’est un avocat, il le sait pertinemment.

Après la lutte PAM-PJD, personnalisée à outrance, au point qu’il s’agissait d’un combat de coq entre Benkirane et El Omari, les deux étant hors course, nous avons un duel qui s’engage entre le RNI et le PJD et qui n’est pas le plus profitable à la démocratie.

Tout le monde sait que le RNI veut être l’alternative au PJD en 2021. Le PAM a abdiqué ce rôle et se livre définitivement aux notables du Rif pour préserver des intérêts. C’est de bonne guerre. Mais le respect des institutions est fondamental pour la construction démocratique.

Nous ne pouvons pas continuer à avoir des partis qui dénoncent les décisions de leurs propres ministres, des groupes parlementaires qui tempêtent contre un projet de loi, avant de le voter le doigt sur la couture du pantalon. Il y a un vrai besoin de clarification si l’on veut réellement qu’en 2021 l’électorat se mobilise. Cette guéguerre RNI-PJD est bien malvenue, parce qu’elle est précoce et qu’elle handicape le fonctionnement d’un gouvernement qui a de réels problèmes à exister. 

 
Article précédent

Attijariwafa bank décrypte les perspectives économiques de 2019

Article suivant

H1N1 : le nombre des décès passe à 9