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Rond à béton et fil machine : que dit le rapport

Seize mois se sont écoulés entre la requête déposée par l’Association des sidérurgistes du Maroc (ASM) au nom de la branche de production nationale de fil machine et rond à béton et la décision définitive. Une surtaxe de 550 dh/tonne est instaurée, mais elle connaitra une baisse progressive à partir de l’année prochaine. Les opérateurs sont appelés à se mettre à niveau. 

Pendant quatre ans, les cinq principaux acteurs de la place bénéficieront de mesures de sauvegarde définitive les protégeant face aux importations de ces matériaux de construction. La nouvelle a été accueillie comme une bouffée d’oxygène par la Sonasid, la Somasteel, Univers acier, Moroccan Iron et Ynna Steel.

Désormais, et conformément à la réglementation en matière de défense commerciale, le rond à béton et le fil machine devront supporter une surtaxe de 550 dirhams/tonne. Néanmoins, cette surtaxe s’applique à partir d’un contingent de 100.000 tonnes pour les importations de fil machine et 28.000 tonnes pour les importations de fer à béton. 

Evidemment, cette surtaxe n’est pas pour plaire aux importateurs marocains mais également aux exportateurs européens, notamment espagnols, qui voient le marché se fermer pour eux. Mais, les experts du ministère du Commerce sont formels. Le dommage existe bel et bien et la détermination préliminaire en a fait la démonstration qu’à la suite de l’accroissement des importations, l’industrie marocaine a connu une détérioration générale notable, comme en témoignent l’ensemble des indicateurs.  

D’abord, concernant le volume des importations, il a été donné de constater que pour le fil machine, on est passé de moins de 43.000 tonnes sur toute l’année 2008 à quelque 106.000 tonnes sur les neuf premiers mois de 2012. Pour le rond à béton également, sur la même période, les importations qui étaient de 24.000 tonnes en 2008, sont montées à plus de 55.000 tonnes entre janvier et septembre 2012. Ainsi, les importations ont fini par représenter 4,24 fois la production nationale de fil machine et 2,20 fois pour le rond à béton. 

Sur l’emploi, l’enquête a révélé qu’il y a eu dans le secteur une perte d’emplois de 8% entre 2008 et 2012. De même, concernant les prix, il y a eu une baisse de 5% des prix départ-usine pour le fil machine et un recul de 2% pour le rond à béton. Et bien entendu, le secteur a commencé à cumuler ses pertes, alors qu’il était globalement rentable en 2008. Le recul du bénéfice net du secteur pour ces deux produits a été respectivement de 68% et 61% dès 2009 par rapport à 2008. Pour 100 dirhams gagné en 2008, le secteur en a perdu 4 sur le fil machine et 84 sur le rond à béton. 

C’est dire qu’à tout point de vue, ces mesures étaient justifiées pour la tournure qu’étaient en train de prendre les importations. En l’absence de mesure de sauvegarde, même la Sonasid, le leader du secteur, aurait continué à connaître d’importantes difficultés. On a vu tout au long de ces cinq dernières années, comment ces réalisations ont évolué de manière défavorable. De plus, de l’avis général, le secteur était en surcapacité manifeste avec l’arrivée de plusieurs opérateurs pratiquement au même moment. Dans le même temps, les cours de la matière première, plus particulièrement de la ferraille, ont connu une nette augmentation. De sorte que, les opérateurs ont ressenti un effet «ciseaux» du fait de la baisse des prix qu’imposent les importations et la hausse du prix des matières premières.  

 
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