Maroquinerie

Sacs à main à base de déchets de poisson : une étudiante marocaine exploite le filon

Transformer les déchets de peaux de poissons en cuir de luxe pour en faire des sacs à main, des paires de chaussures ou des coques de Smartphones est le pari relevé avec succès par SeaSkin. Fondée par Nawal Allaoui, étudiante à l’Ecole Supérieure des Industries du Textile et de l’Habillement (ESITH), l’entreprise SeaSkin produit et commercialise des produits de maroquinerie de luxe à base de cuir du poisson.

Cette jeune, qui fréquentait souvent la zone côtière de Sidi Rahal à Casablanca, connaît parfaitement les espèces de poisson dont elle récupère des déchets qui valent de l’or. Considérées comme déchets, les peaux partent habituellement à la poubelle pour s’entasser dans des bacs où elles se décomposaient en matière huileuse, jusqu’au jour où Nawal s’est aperçue du trésor que ces peaux cachaient, en leur donnant une seconde vie.

« L’idée m’est venue lorsque je travaillais dans l’entrepreneuriat social avec les épouses des pêcheurs qui nettoyaient les poissons et enlevaient les épines des oursins à la région de Sidi Rahal », a confié cette étudiante talentueuse. « Ces femmes souffraient mais avaient besoin d’un gagne-pain. J’ai essayé de réfléchir à une solution et après des recherches approfondies, j’ai pensé à l’idée de collecter les déchets des peaux de poissons pour les transformer en cuir », explique-t-elle Nawal.
Après plusieurs tests dans sa chambre à l’internat de l’ESITH, Nawal a pu concocter une recette miraculeuse pour le tannage de peaux de poissons à la base de produits bio marocains comme le Henné.

La jeune adepte de l’environnement s’approvisionne en peaux crues de poissons (sole, merlan et saumon…) auprès des restaurants de poisson et d’une usine de filet de poisson, avant de les confier aux femmes, en nombre de six, pour écailler la peau en retirant les résidus de chair encore présents et rincer le tout. Le jour d’après est consacré au tannage végétal : Nawal fait baigner les peaux en y incorporant progressivement la préparation faite à base de produits naturels. Enfin, la peau sera prête à passer dans un bain de teinture pour être personnalisée selon le produit. En bout de chaîne, la touche finale consiste à aplatir et à faire sécher le cuir pour en réaliser un produit luxueux de maroquinerie. « Je conçois le design moi-même. Pour la couture, la confection et l’emballage, je les fais au niveau de l’atelier de mon école », fait savoir Nawal avec enthousiasme.
Ainsi, de la rencontre entre la peau marine et les mains de cette créatrice marocaine naissent des accessoires de luxe en cuir de poisson qui sauront assouvir le plaisir des personnes aimant avoir un produit original avec des textures exotiques.

Mais… est-ce que les portefeuilles sentent le poisson? « Non, car les huiles, naturellement présentes dans les peaux, sont remplacées par des huiles de tannage ou protectrices naturelles. Du coup, l’objet sent le cuir, tout simplement », rassure-t-elle.
Pour la commercialisation de ses produits, Nawal procède à la vente en ligne. La réussite semble être au rendez-vous. D’abord, SeaSkin a investi un créneau jusque-là inexploré, celui de la mode à partir du recyclage. Ensuite, la marque profite de l’élan écologique qui touche toute la société pour offrir des articles fashion fabriqués de peau de poisson.
Écologique, esthétique et résistant, ce cuir de poisson pourrait bientôt arriver en force dans nos magasins sous la forme de chaussures ou de sacs à main et inciterait les jeunes entrepreneurs à oser/penser écolo.

 
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