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Sidérurgie: Entre le marteau et l’enclume

Le secteur marocain de l’acier continue de subir un effet ciseaux. D’une part, en amont, les prix de la ferraille, principale matière première, sont influencés par l’arrivée quasi-simultanée de deux nouveaux opérateurs. D’autre part, en aval, les produits finis manufacturés en provenance d’Europe du Sud perturbent les professionnels.

Le marché national est certes en hausse mais connaît des turbulences depuis 2011 par une concurrence qui se fait rude. Si, depuis, la Sonasid était la seule à s’approvisionner en ferraille sur le marché local, les choses ont changé à partir de 2011, avec l’arrivée d’Univers Acier et Maghreb Steels parmi les acheteurs. D’ailleurs, dans son profit warning publié en août, la Sonasid affirmait déjà que les prix de la ferraille, notamment locale, «ont subi une augmentation entre le premier semestre 2011 et la même période de cette année».
Il convient de signaler qu’auparavant, les fournisseurs ne pouvaient pas surenchérir quant à la fixation du prix de la ferraille.
Entre-temps, Univers Acier et Maghreb Steel se sont dotées d’aciéries électriques, pouvant utiliser la ferraille comme matière première. Du coup, la tension sur les prix a repris de plus belle, après une légère accalmie.
Il est à noter que l’aciérie électrique fait gagner en quantité lors du tri et de la production. Ainsi, la ferraille est devenue une manne financière puisque cherchée par ces trois acteurs du secteur. Même si la Sonasid et Univers Acier sont spécialisées dans le rond à béton et que Maghreb Steel est positionnée sur les produits plats, elles utilisent toutes la même ferraille. Donc le problème se pose avec autant d’acuité pour les unes que pour les autres. Malheureusement, ce n’est pas le seul souci pour ces opérateurs qui subissent de plein fouet une pression sur leur marché de produits finis.
De nouveaux produits importés
A côté des difficultés d’approvisionnement, les importations en provenance d’Espagne principalement de ronds à béton et de fil machine enfoncent le clou dans un marché national. En effet, les importations dues à la surcapacité des industries de l’Europe du Sud envahissent le marché national avec près de 42000 tonnes de ronds à béton et 78000 tonnes de fil machine pour le premier semestre 2012. « C’est une hausse considérable par rapport à 2011 ou durant la même période avec des hausses respectives de 460% pour le fer à béton et de 271% pour le fil machine» précise Ayoub Azami, DG de la Sonasid. Les produits finis sont ainsi concurrencés et les professionnels sont dans une mauvaise posture puisque les industries sont en surcapacité. Pour 2 millions de tonnes installées, le marché ne peut absorber que 1,5 million de tonnes, concernant les produits ronds. En revanche, déboussolés, les professionnels ont recours aux autorités de tutelle pour redresser la barre économique et minimiser les baisses et pertes de marché. Pour freiner ces nouveaux concurrents, ils avaient déposé une requête auprès du ministre de tutelle Amara pour protéger le secteur. Suite à l’enquête lancée par le ministère de l’Industrie, ce dernier vient de décider l’instauration d’une déclaration préalable à l’importation (DPI), pour une durée de neuf mois, sur les fils machines et ronds à béton.

+460 %
C’est le taux de croissance des importations du rond à béton en provenance de l’Europe du sud, entre le premier semestre 2011 et celui de 2012.

PAR serigne cheikh djitte

 
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