Interview

Sidi Mohamed Abouchikhi, DG de Créditinfo Group : «les usagers du service de centralisation des chèques irréguliers constateront rapidement une diminution du nombre d’impayés»

Bank Al-Maghrib a récemment lancé le service de centralisation des chèques irréguliers. C’est Checkinfo, filiale de la société Créditinfo, qui va gérer ce nouveau service, suite à un appel d’offres international. Sidi Mohamed Abouchikhi, DG de Créditinfo Group et président du Conseil d’Administration de Checkinfo, détaille la stratégie mise en place pour la gestion de ce service et les perspectives de développement.

Challenge : Checkinfo est le délégataire du service de centralisation des chèques irréguliers lancé par BAM suite à un appel d’offres international. Concrètement, en quoi consistera votre tâche dans le cadre de cette mission ? 

 Sidi Mohamed Abouchikhi : Checkinfo est délégataire de Bank Al-Maghrib pour la gestion du Service de Centralisation des Chèques Irréguliers (SCCI). Le SCCI centralise les relevés d’identité bancaire des comptes de chèques qui sont clôturés, frappés d’indisponibilité ou qui sont ouverts au nom d’une personne interdite d’émettre des chèques et les éléments d’identification des chèques ayant fait l’objet d’une opposition pour perte, vol, utilisation frauduleuse ou falsification. En tant que délégataire, Checkinfo a été chargé de mettre en place une plateforme de vérification de la régularité des chèques destinée aux professionnels éligibles au service ; à savoir, les entreprises, les professions libérales et les autoentrepreneurs. A travers cette plateforme, tout usager a la possibilité de vérifier instantanément les chèques qui lui sont remis, préalablement à leur acceptation. Dès qu’il souscrit à Checkinfo, l’usager reçoit ses données d’accès et peut dès lors procéder à sa première vérification, au moyen de son pc ou de son smartphone. La vérification se fait en quelques clics seulement. Il suffit pour l’usager de se connecter à son compte, renseigner le numéro du chèque qui lui a été présenté ainsi que le numéro du RIB correspondant et qui est inscrit sur ce même chèque. Dès qu’il valide les informations renseignées, il reçoit une réponse immédiate au travers d’un code couleur :

– Rouge : le chèque / compte est recensé au niveau de la base

– Vert : le chèque / compte n’est pas recensé au niveau de la base

L’usager peut alors, en se basant sur une information fiable, prendre la décision de l’accepter ou de le rejeter. En plus de la mise en place de ce service et de sa commercialisation auprès de la cible de professionnels éligibles, Checkinfo a également la charge de la vulgarisation de ce service et de l’accompagnement des usagers, en termes de réclamations par exemple. A cet égard, un Centre de Relation Clientèle a été mis en place. Par ailleurs, dans les mois à venir, Checkinfo lancera également de nouveaux canaux de consultation tel que la consultation via TPE par exemple, ainsi que d’autres services à valeur ajoutée, comme le scoring, qui consiste à attribuer une note en fonction de l’absence ou du nombre d’incidents relatifs au compte bancaire objet de la vérification.

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Challenge : C’est un nouveau service auquel devront apprendre à s’habituer les PME, les TPE et autres usagers concernés. Comment comptez-vous réussir cette mission auprès de la clientèle-cible pour l’aider à s’approprier ce nouveau service? 

SMA : Effectivement, l’une de nos missions consiste à accompagner les usagers dans la prise en main de ce service. Bien que la plateforme soit très didactique et extrêmement facile d’utilisation, lors de son onboarding, chaque usager reçoit une formation afin de le familiariser avec les différentes fonctionnalités. De plus, un guide usager a été développé et est téléchargeable via la plateforme Checkinfo.

Par ailleurs, des vidéos tutoriels sont en cours de production et seront partagées sur nos différents réseaux (site web, Facebook, LinkedIn, Instagram, YouTube).

Et bien évidemment, le CRC est également à la disposition des usagers afin de répondre à toutes leurs interrogations et gérer leurs réclamations.

Challenge : À quel tarif la clientèle pourra-t-elle bénéficier de ce service ? 

SMA : Préalablement au lancement du service, des études de marché ont été menées afin d’évaluer l’engouement du marché par rapport à ce service. Et bien évidemment, la composante prix a été évaluée avec attention afin de pouvoir proposer ce service à un tarif très abordable. A la suite de ces études, la décision a été prise de ne pas indexer le coût de la vérification sur le montant du chèque, mais d’appliquer plutôt une tarification fixe et dégressive suivant le volume de consultations souscrit. Cette décision a été prise afin de ne pas impacter la marge bénéficiaire des commerçants.

Il faut également savoir que 93% des chèques émis au Maroc présentent un montant supérieur à 1 000 dirhams et le montant moyen du chèque est de 36.500 DH. Quand on ramène le coût maximal de la vérification à ce montant moyen, on se rend compte qu’il ne représente que moins de 0,03% du montant moyen des chèques. 

Aujourd’hui, l’offre de prix s’articule comme suit : 10 DH la vérification pour le forfait Essentiel, 8 dirhams pour le forfait Smart et 6 DH pour le forfait Avantage.

Ces tarifs sont publics, agréés avec la banque centrale, et disponibles sur le site internet www.checkinfo.ma. Les grands comptes, dont le volume de consultations dépasse les 10 000 vérifications annuelles, bénéficient d’une offre adaptée à leur besoin, avec un tarif minimal de 3 dirhams la vérification.

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Challenge : Quels sont les avantages de ce nouveau service pour la clientèle-cible ? 

SMA: Grâce à leur souscription au service de vérification de la régularité des chèques de Checkinfo et à la vérification des chèques présentés préalablement à leur acceptation, les usagers constateront rapidement une diminution du nombre d’impayés puisque les chèques irréguliers seront identifiés et rejetés. Le premier impact de cette diminution du nombre d’impayés sur chèque sera bien sûr une meilleure gestion de leur trésorerie.

De plus, l’acceptation plus généralisée du chèque contribuera à un climat d’ouverture et une amélioration de la relation entre le commerçant et son client. Cela permettra donc de générer davantage d’opportunités de vente, en facilitant également les dépassements de budget et les achats impulsifs.

Challenge : Pouvez-vous nous donner une idée de ce que représentent les chèques irréguliers en termes de valeur (en DH) chaque année au Maroc ? 

SMA : Le dernier rapport de Bank Al-Maghrib sur les moyens de paiement scripturaux, daté d’octobre 2020, révèle que sur la seule année 2019, 774 442 chèques ont été déclarés comme étant irréguliers pour une valeur de plus de 29 milliards de DH. Ce chiffre présente une hausse de 4% par rapport à l’année précédente. Au total, ce sont près de 690.000 personnes qui sont en interdiction d’émission de chèque.

 
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